Monaco-Matin

À Grasse, désabusés sans perdre espoir

Le tableau politique est plutôt noir à en croire le Rugby Olympique de Grasse. Entre les affaires et le manque de réalisme, on ne croit plus en la politique. En revanche, on croit au sport !

- VINCENT TANGUY vtanguy@nicematin.fr

Àquelques semaines de l’élection présidenti­elle, nous plaçons les électeurs au coeur de la campagne. Chaque jour, un lecteur nous sert de guide dans son environnem­ent (quartier, immeuble, associatio­n, club, entreprise, commerce) à la rencontre de ceux qui en sont acteurs. Ils commentent la campagne présidenti­elle, l’attitude des candidats, évoquent leurs conviction­s, leurs doutes, leurs attentes. Leurs coups de gueule aussi. Aujourd’hui, tour d’opinions au sein du club Rugby Olympique de Grasse.

En l’absence du président, le pilier du Rugby Olympique de Grasse (ROG) est Alain Batocchion­i, le trésorier. D’emblée, celui-ci a donné le ton : « On parle trop des affaires et trop peu des programmes. Je ne veux pas les commenter parce que ça m’énerve ». Policier municipal, il ne se retrouve que trop peu dans les propositio­ns des candidats. «Certains veulent désarmer les policiers, autant les supprimer carrément. Mais une société sans forces de l’ordre n’est plus une société. Il ne faut pas trop durcir la répression car cela ne fonctionne pas non plus. Je pense qu’il faudrait rétablir la proximité. Pas

qu’avec la police mais avec l’ensemble du tissu social. Le sport permet ça. » Pour Arnaud Schneider, coach des trois-quarts, «il faut plus de sport à l’école. On est un des pays qui en fait le moins, et plus on grandit moins on en fait. Pourtant, le sport est vecteur de valeurs de respect et de proximité. Je parle de sport mais ça marche aussi pour les activités artistique­s. L’important, c’est d’avoir des activités, des passions. Ça participe de l’équilibre d’une personne. Le problème,

c’est que ça a un coût de faire du sport ou de l’art. Ce n’est pas accessible à tous. L’école, elle, l’est ». Ils parlent également d’une représenta­tion biaisée du sport. « Le sport devient un peu une garderie, assène Alain Batocchion­i. Pendant la semaine, aux entraîneme­nts, ilyadu monde. Mais dès qu’il faut s’investir un peu le week-end et se lever le dimanche pour amener son gamin jouer un match, il n’y a plus personne. Il faut plus d’investisse­ment, dans les associatio­ns

en général et pas que chez nous ». Quand vient le moment de parler des personnali­tés politiques, le 3e ligne Rémi Cardon n’est pas tendre : « La politique c’est à qui n... l’autre en premier ! Et nous, ça fait 30 ans, et même plus, qu’on se fait bai... ! » Et Enzo Ravanello, demi d’ouverture, de surenchéri­r : «Ils n’en ont rien à faire de nous. Ils prennent des décisions sur nos vies mais ils n’y connaissen­t rien. On a qu’à leur donner 2000 euros par mois, et encore, c’est un bon salaire, et on verra bien comment ils s’en sortent... Ce n’est pas le même monde. On nous dit qu’il faut se serrer la ceinture, qu’il y a du déficit, mais eux, ils se gavent alors que c’est eux qui sont aux commandes et qui devraient prendre la responsabi­lité ». Thomas Babéris, le capitaine, considère que « montrer l’exemple, c’est la base pour diriger. En tant que capitaine, je ne peux pas dire blanc et faire noir, ça ne marche pas comme ça ». En choeur, les cinq du club affirment qu’il faut «de la rotation, de nouvelles têtes. Et des jeunes ». Ils perçoivent tout de même l’émergence d’une nouvelle classe politique « plus en phase avec nous ». Tout espoir n’est pas perdu.

La société se reflète dans le sport”

 ?? (Photos V. T.) ?? Les membres du ROG appellent de leurs voeux un renouvelle­ment de la classe politique, et du réalisme.
(Photos V. T.) Les membres du ROG appellent de leurs voeux un renouvelle­ment de la classe politique, et du réalisme.

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