«Le défi qu’il nous faut relever»
Quelques jours après la publication du Livre blanc de la transition énergétique, le prince Albert revient sur l’élan collectif traduit dans ce recueil et affine ses ambitions environnementales
Je sais que l’on nous attend au tournant ”
En marge d’un long entretien à retrouver la semaine prochaine dans nos pages et consacré à la reprise des explorations scientifiques sous son impulsion, le prince Albert a livré son ressenti sur le Livre blanc de la Transition énergétique en Principauté, présenté la semaine dernière en ces mots. « Ensemble, nous allons bâtir une société plus sobre en consommation d’énergie, une société qui privilégie les énergies renouvelables et sera plus durable. Ensemble, nous allons favoriser cette nouvelle société libérée des énergies fossiles. Comme le disait Henry Ford: “Se réunir est un début; rester ensemble est un progrès ; travailler ensemble est la réussite”.» Outre la satisfaction d’avoir mené à terme l’étape fondatrice d’un projet collectif associant institutions, secteur privé et société civile, le souverain a apporté quelques précisions – ou souhaits – sur la mise en pratique de mesures phares. Avez-vous été surpris par la quantité et la qualité des propositions émises à l’occasion de la publication du Livre Blanc ? J’ai senti une belle adhésion au projet que le gouvernement met en place, et j’en suis satisfait. Certaines contributions ont été vraiment excellentes. C’était le moment de porter ce message fort de notre transition énergétique et de ce qui s’y rattache. Et pour atteindre ces objectifs, la population doit se sentir concernée. Il faut voir, maintenant, comment les choses vont se mettre en place. Mais il y a de belles pistes, de belles réponses aux problèmes que nous avons posés. Si l’on veut atteindre nos objectifs, il faut mettre le pied sur l’accélérateur. Cela demande un gros effort, mais c’est possible, même pour un petit pays. Un bâtiment public modèle en matière de consommation énergétique a été annoncé à l’occasion de la présentation de ce Livre blanc. Lequel ? Deux solutions s’offrent à nous, mais la décision n’est pas prise. Ce sera en partie un bâtiment ancien, contigu à un terrain libre sur lequel il s’étendra.
Le développement des modes de transport doux est une solution pour convertir les gens. Quelle est votre volonté sur le projet de
téléphérique évoqué au départ du Jardin exotique ? Ce projet intra-muros commence à être finalisé. Il y a une possibilité de l’étendre, en partant d’un grand point de stationnement depuis la Brasca, mais d’autres problématiques entrent en jeu, car il survolerait des terrains privés. Ceci dit, si déjà nous avons une liaison depuis le Jardin exotique jusqu’à Fontvieille, avec un prolongement jusqu’au Rocher, je pense que ça éliminera la circulation de dizaines de milliers de véhicules par an. Ça peut paraître peu de chose, mais il s’agit déjà d’un moyen d’aller vers le transport propre.
Quid d’une cadence accentuée sur les réseaux ferroviaires ? Des discussions sont en cours pour qu’il y ait une meilleure desserte. C’est à mon sens important et c’était prévu dès le départ. La SNCF a aujourd’hui bien compris les enjeux. Le projet d’extension en mer, qui se développe depuis l’anse du Portier, ne brouille-t-il pas, selon vous, le message environnemental de la Principauté ? Non, je ne pense pas. Je sais que l’on nous attend au tournant et que des scientifiques sont très attentifs à ce que l’on fait. C’est un projet emblématique, avec un cahier des charges très strict. Il faut que nous soyons exemplaires sur son exécution, et j’y veillerais personnellement. Aussi pour prouver qu’il est possible de faire des constructions de ce genre avec un impact limité sur l’environnement marin. C’est le défi qu’il nous faut relever. Bien sûr, c’est compliqué de faire naître ces six hectares, et cela aurait été encore plus compliqué s’il s’agissait de ou hectares (sourire). Il n’y aura pas zéro impact, mais les procédures de travaux que nous avons déterminés doivent avoir le moins d’impact possible. Et favoriser la reprise de la vie de différentes espèces qui vont recoloniser les enrochements. On entend peu parler de thèmes environnementaux dans la campagne pour l’élection présidentielle en France. Le regrettez-vous ? Évidemment, on ne peut que le regretter. Je m’intéresse à cette campagne comme tout le monde. Pour l’instant, le sujet a été effleuré par moments. D’autres préoccupations ont pris le devant de la scène, peut-être plus urgentes. Mais j’espère qu’avant la fin des débats, il y aura une esquisse de programme sur l’environnement de la part des candidats.