Monaco-Matin

«Le défi qu’il nous faut relever»

Quelques jours après la publicatio­n du Livre blanc de la transition énergétiqu­e, le prince Albert revient sur l’élan collectif traduit dans ce recueil et affine ses ambitions environnem­entales

- PROPOS RECUEILLIS PAR THOMAS MICHEL ET CÉDRIC VÉRANY monaco@nicematin.fr

Je sais que l’on nous attend au tournant ”

En marge d’un long entretien à retrouver la semaine prochaine dans nos pages et consacré à la reprise des exploratio­ns scientifiq­ues sous son impulsion, le prince Albert a livré son ressenti sur le Livre blanc de la Transition énergétiqu­e en Principaut­é, présenté la semaine dernière en ces mots. « Ensemble, nous allons bâtir une société plus sobre en consommati­on d’énergie, une société qui privilégie les énergies renouvelab­les et sera plus durable. Ensemble, nous allons favoriser cette nouvelle société libérée des énergies fossiles. Comme le disait Henry Ford: “Se réunir est un début; rester ensemble est un progrès ; travailler ensemble est la réussite”.» Outre la satisfacti­on d’avoir mené à terme l’étape fondatrice d’un projet collectif associant institutio­ns, secteur privé et société civile, le souverain a apporté quelques précisions – ou souhaits – sur la mise en pratique de mesures phares. Avez-vous été surpris par la quantité et la qualité des propositio­ns émises à l’occasion de la publicatio­n du Livre Blanc ? J’ai senti une belle adhésion au projet que le gouverneme­nt met en place, et j’en suis satisfait. Certaines contributi­ons ont été vraiment excellente­s. C’était le moment de porter ce message fort de notre transition énergétiqu­e et de ce qui s’y rattache. Et pour atteindre ces objectifs, la population doit se sentir concernée. Il faut voir, maintenant, comment les choses vont se mettre en place. Mais il y a de belles pistes, de belles réponses aux problèmes que nous avons posés. Si l’on veut atteindre nos objectifs, il faut mettre le pied sur l’accélérate­ur. Cela demande un gros effort, mais c’est possible, même pour un petit pays. Un bâtiment public modèle en matière de consommati­on énergétiqu­e a été annoncé à l’occasion de la présentati­on de ce Livre blanc. Lequel ? Deux solutions s’offrent à nous, mais la décision n’est pas prise. Ce sera en partie un bâtiment ancien, contigu à un terrain libre sur lequel il s’étendra.

Le développem­ent des modes de transport doux est une solution pour convertir les gens. Quelle est votre volonté sur le projet de

téléphériq­ue évoqué au départ du Jardin exotique ? Ce projet intra-muros commence à être finalisé. Il y a une possibilit­é de l’étendre, en partant d’un grand point de stationnem­ent depuis la Brasca, mais d’autres problémati­ques entrent en jeu, car il survolerai­t des terrains privés. Ceci dit, si déjà nous avons une liaison depuis le Jardin exotique jusqu’à Fontvieill­e, avec un prolongeme­nt jusqu’au Rocher, je pense que ça éliminera la circulatio­n de dizaines de milliers de véhicules par an. Ça peut paraître peu de chose, mais il s’agit déjà d’un moyen d’aller vers le transport propre.

Quid d’une cadence accentuée sur les réseaux ferroviair­es ? Des discussion­s sont en cours pour qu’il y ait une meilleure desserte. C’est à mon sens important et c’était prévu dès le départ. La SNCF a aujourd’hui bien compris les enjeux. Le projet d’extension en mer, qui se développe depuis l’anse du Portier, ne brouille-t-il pas, selon vous, le message environnem­ental de la Principaut­é ? Non, je ne pense pas. Je sais que l’on nous attend au tournant et que des scientifiq­ues sont très attentifs à ce que l’on fait. C’est un projet emblématiq­ue, avec un cahier des charges très strict. Il faut que nous soyons exemplaire­s sur son exécution, et j’y veillerais personnell­ement. Aussi pour prouver qu’il est possible de faire des constructi­ons de ce genre avec un impact limité sur l’environnem­ent marin. C’est le défi qu’il nous faut relever. Bien sûr, c’est compliqué de faire naître ces six hectares, et cela aurait été encore plus compliqué s’il s’agissait de  ou  hectares (sourire). Il n’y aura pas zéro impact, mais les procédures de travaux que nous avons déterminés doivent avoir le moins d’impact possible. Et favoriser la reprise de la vie de différente­s espèces qui vont recolonise­r les enrochemen­ts. On entend peu parler de thèmes environnem­entaux dans la campagne pour l’élection présidenti­elle en France. Le regrettez-vous ? Évidemment, on ne peut que le regretter. Je m’intéresse à cette campagne comme tout le monde. Pour l’instant, le sujet a été effleuré par moments. D’autres préoccupat­ions ont pris le devant de la scène, peut-être plus urgentes. Mais j’espère qu’avant la fin des débats, il y aura une esquisse de programme sur l’environnem­ent de la part des candidats.

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 ?? (Photo Cyril Dodergny) ?? « Si l’on veut atteindre nos objectifs, il faut mettre le pied sur l’accélérate­ur. »
(Photo Cyril Dodergny) « Si l’on veut atteindre nos objectifs, il faut mettre le pied sur l’accélérate­ur. »

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