Retour, trois ans après, de l’Orchestre du Congo
Ces émouvants héros de la musique ont continué à apprendre la musique dans des conditions précaires, répétant en plein air. L’enthousiasme et les résultats sont toujours là
Àleur manière, ce sont des héros de la musique. À Kinshasa, au Congo, lorsqu’ils ont décidé de créer le premier orchestre symphonique d’Afrique noire, ils l’ont fait avec des instruments de fortune. Ils ont fabriqué des contrebasses avec des bidons de récupération, des cordes de violoncelle avec des câbles de frein ou de téléphone, des archets de violon avec des fils de canne à pêche. Un ancien pilote de ligne ayant appris la musique en autodidacte, Armand Diangienda Wabasolele, devint leur chef. En 2009, ils sont devenus des vedettes malgré eux à la suite d’un film documentaire qui a obtenu des récompenses dans divers festivals cinématographiques internationaux, dont celui de Berlin. À la suite de cela, tout le monde a voulu les connaître. Ils se sont produits en Afrique, en Belgique, en Angleterre, aux Etats-Unis et… à Monaco, où on les a ovationnés il y a trois ans au Printemps des arts. Certains voyageaient pour la première fois, n’avaient jamais vu d’escaliers roulants. Partout, on leur a fait des cadeaux. Grâce aux dons, ils ont pu acheter en Chine des lots de vrais instruments à bas prix. À Monaco, la princesse Caroline leur a offert un trésor inestimable : une harpe.
« Les répétitions se font en plein air »
Trois ans après, ils sont de retour et se produiront, ce soir, en l’Auditorium Rainier III. Ils joueront une oeuvre composée par leur chef, Armand Diangienda, une autre par leur violon solo, Héritier Mayimbi. Cadeau suprême pour eux : ils interpréteront la Huitième symphonie de Beethoven en s’intégrant à l’Orchestre Philharmonique de MonteCarlo. Depuis trois ans, l’empire musical d’Armand Diangienda s’est accru. Il a créé un nouvel orchestre à Brazzaville – dont six musiciens font partie de ce voyage à Monaco – et vient de lancer un autre orchestre en Angola. À Kinshasa, le travail continue d’arrache-pied. « On répète tous les jours, nous dit
Gilbert, violoniste. Comme on n’a pas de salle, les répétitions se font en plein air. Les musiciens continuent à avoir divers métiers : menuisiers, chauffeurs, infirmiers, mécanicien, coiffeurs. Moi, je suis informaticien. » Quant à la harpe offerte part la Principauté, elle est actuellement étudiée par un jeune violoniste, Rodrigue. Comme il n’y a pas de professeur de harpe en Afrique noire, il procède pas à pas, à l’instinct, comme ont fait ses aînés avec les autres instruments. Il n’est pas encore capable de nous faire une démonstration, il s’excuse, ce sera pour la prochaine fois. Leur travail et leur volonté peuvent, on le sait, faire des miracles. Il faut les voir pour les croire. Et surtout les entendre…