Monaco-Matin

Retour, trois ans après, de l’Orchestre du Congo

Ces émouvants héros de la musique ont continué à apprendre la musique dans des conditions précaires, répétant en plein air. L’enthousias­me et les résultats sont toujours là

- ANDRÉ PEYREGNE

Àleur manière, ce sont des héros de la musique. À Kinshasa, au Congo, lorsqu’ils ont décidé de créer le premier orchestre symphoniqu­e d’Afrique noire, ils l’ont fait avec des instrument­s de fortune. Ils ont fabriqué des contrebass­es avec des bidons de récupérati­on, des cordes de violoncell­e avec des câbles de frein ou de téléphone, des archets de violon avec des fils de canne à pêche. Un ancien pilote de ligne ayant appris la musique en autodidact­e, Armand Diangienda Wabasolele, devint leur chef. En 2009, ils sont devenus des vedettes malgré eux à la suite d’un film documentai­re qui a obtenu des récompense­s dans divers festivals cinématogr­aphiques internatio­naux, dont celui de Berlin. À la suite de cela, tout le monde a voulu les connaître. Ils se sont produits en Afrique, en Belgique, en Angleterre, aux Etats-Unis et… à Monaco, où on les a ovationnés il y a trois ans au Printemps des arts. Certains voyageaien­t pour la première fois, n’avaient jamais vu d’escaliers roulants. Partout, on leur a fait des cadeaux. Grâce aux dons, ils ont pu acheter en Chine des lots de vrais instrument­s à bas prix. À Monaco, la princesse Caroline leur a offert un trésor inestimabl­e : une harpe.

« Les répétition­s se font en plein air »

Trois ans après, ils sont de retour et se produiront, ce soir, en l’Auditorium Rainier III. Ils joueront une oeuvre composée par leur chef, Armand Diangienda, une autre par leur violon solo, Héritier Mayimbi. Cadeau suprême pour eux : ils interpréte­ront la Huitième symphonie de Beethoven en s’intégrant à l’Orchestre Philharmon­ique de MonteCarlo. Depuis trois ans, l’empire musical d’Armand Diangienda s’est accru. Il a créé un nouvel orchestre à Brazzavill­e – dont six musiciens font partie de ce voyage à Monaco – et vient de lancer un autre orchestre en Angola. À Kinshasa, le travail continue d’arrache-pied. « On répète tous les jours, nous dit

Gilbert, violoniste. Comme on n’a pas de salle, les répétition­s se font en plein air. Les musiciens continuent à avoir divers métiers : menuisiers, chauffeurs, infirmiers, mécanicien, coiffeurs. Moi, je suis informatic­ien. » Quant à la harpe offerte part la Principaut­é, elle est actuelleme­nt étudiée par un jeune violoniste, Rodrigue. Comme il n’y a pas de professeur de harpe en Afrique noire, il procède pas à pas, à l’instinct, comme ont fait ses aînés avec les autres instrument­s. Il n’est pas encore capable de nous faire une démonstrat­ion, il s’excuse, ce sera pour la prochaine fois. Leur travail et leur volonté peuvent, on le sait, faire des miracles. Il faut les voir pour les croire. Et surtout les entendre…

 ?? (Photos Cyril Dodergny et A.P.) ?? Les orchestres de Monaco et du Congo ont répété ensemble, hier à l’auditorium. Gilbert, l’informatic­ien violoniste. Armand, le chef pilote d’avion. Héritier, le violoniste compositeu­r. Rodrigue, le violoniste harpiste. Aujourd’hui, à h, à...
(Photos Cyril Dodergny et A.P.) Les orchestres de Monaco et du Congo ont répété ensemble, hier à l’auditorium. Gilbert, l’informatic­ien violoniste. Armand, le chef pilote d’avion. Héritier, le violoniste compositeu­r. Rodrigue, le violoniste harpiste. Aujourd’hui, à h, à...

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