Négociations apaisées en Guyane après les excuses d’Ericka Bareigts
Les « excuses » présentées par la ministre des Outremer Ericka Bareigts ont radicalement changé la donne des négociations visant à sortir la Guyane de bientôt deux semaines de conflit social, qui se poursuivaient, hier, à Cayenne dans le calme et l’apaisement. Le contraste avec la journée de jeudi ne pouvait être plus saisissant. Des centaines de personnes avaient alors bravé des heures durant une pluie battante pour hurler leur méfiance et leur « détermination » face à la préfecture de la Guyane, où Mme Bareigts et le ministre de l’Intérieur Matthias Fekl ont reçu dans l’après-midi leurs représentants. Hier matin, un petit rayon de soleil éclairait les visages de quelques dizaines d’Amérindiens vêtus de rouge, certains portant des chapeaux à plumes, d’autres des habits traditionnels, qui étaient calmement rassemblés devant le bâtiment administratif. Les barrages restaient toutefois en place en Guyane et nombre de magasins étaient fermés. « On n’a rien obtenu mais on a purgé de l’émotionnel. On a retrouvé une certaine dignité, un supplément d’âme », a résumé Stéphane Lambert, le président du Medef de Guyane, qui soutient le mouvement. « Les conditions de la confiance sont là », s’est félicité jeudi soir Matthias Fekl, qui a rendu, hier, visite aux policiers et gendarmes basés à Cayenne pour saluer leur « implication », selon son entourage. « Il s’est passé quelque chose de fort », a encore estimé M. Fekl, en référence aux excuses adressées au peuple guyanais. Alors que les discussions avaient démarré dans une ambiance hostile, la ministre, critiquée pour avoir tardé à venir en Guyane, s’est d’abord excusée jeudi devant une délégation de Guyanais. Puis, juchée sur le balcon de la préfecture, un mégaphone à la main, elle s’est adressée à la foule.
“Excuses anecdotiques” pour le Front national
À Paris, le secrétaire général du FN Nicolas Bay a jugé les excuses de Mme Bareigts « un peu anecdotiques», quand la porte-parole du mouvement La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon, Raquel Garrido, a estimé que Mme Bareigts avait « eu raison de s’excuser », mais qu’elle l’avait fait «un peu tard ».