Monaco-Matin

Mélanome, on n’arrête pas le progrès! À la une

Des Niçois s’illustrent une nouvelle fois en décryptant le mécanisme responsabl­e du développem­ent d’un mélanome chez certains patients

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Il faut garder l’espoir, quelle que soit la gravité de sa maladie. Le mélanome en est l’une des plus emblématiq­ues illustrati­ons. Ce cancer de la peau bénéficie de progrès constants dans tous les champs : prévention, thérapeuti­que, mais aussi diagnostiq­ue. Une équipe niçoise s’est particuliè­rement illustrée dans ce domaine, celle dirigée par Corine Bertolotto et Robert Ballotti, au C3M de Nice. En 2011, elle identifiai­t une protéine (MITF) jouant un rôle clé dans le développem­ent des mélanomes et du cancer du rein. « Nous avions montré que les patients présentant une mutation dans le gène codant pour cette protéine ont cinq fois plus de risque de développer ce type de tumeurs. »

Une barrière anti-tumorale

Une découverte essentiell­e puisqu’elle permet d’envisager un dépistage précoce de tumeurs en développem­ent chez ces patients à risque. « D’autres équipes à travers le monde ont confirmé sur de grosses cohortes de patients ayant développé un mélanome, la même mutation », commente Corine Bertolotto. Il restait à comprendre pourquoi et comment cette mutation exerce ces effets délétères. La même équipe niçoise vient d’apporter la réponse. «La mutation de la protéine MITF se produit sur un site particulie­r, empêchant une réaction chimique nommée la sumoylatio­n. Des études conduites à la fois sur des modèles de souris, des mélanocyte­s [cellules de la peau, ndlr] issues de patients présentant une mutation dans MITF, et des cultures cellulaire­s ont montré que cette mutation avait pour effet d’augmenter le nombre naevus [grains de beauté, Ndlr] – sachant que 25 % des mélanomes en dérivent – et surtout d’induire une perte du contrôle de la sénescence. » CQFD. Ce processus correspond au vieillisse­ment biologique des cellules et agit comme un rempart anti-tumoral. « Ainsi, les petits grains de beauté que nous présentons sur la peau correspond­ent à la proliférat­ion localisée de mélanocyte­s, puis à leur entrée en sénescence. » Une sorte de barrière protectric­e, placée devant la tumeur qui, dans les conditions normales, est infranchis­sable. C’est donc elle qui est prise d’assaut, jusqu’à la faire rompre, lorsque la protéine MITF est mutée.

Un nouveau défi

D’où l’intérêt majeur de faire suivre ses grains de beauté par un dermatolog­ue. Même lorsque l’on n’est pas porteur d’une mutation. «Ona pu montrer que des facteurs environnem­entaux comme le soleil peuvent également affecter les processus de sumoylatio­n et de sénescence », met en garde Corine Bertolotto. Aujourd’hui, son équipe a choisi de se lancer un nouveau défi : décrypter les mécanismes impliqués dans la formation d’une tumeur plus rare, mais très agressive, le mélanome oculaire. 1. Centre méditerran­éen de médecine moléculair­e.

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(Photo Franck Fernandes) Corine Bertolotto analyse les résultats obtenus sur des cultures cellulaire­s.
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