Mélanome, on n’arrête pas le progrès! À la une
Des Niçois s’illustrent une nouvelle fois en décryptant le mécanisme responsable du développement d’un mélanome chez certains patients
Il faut garder l’espoir, quelle que soit la gravité de sa maladie. Le mélanome en est l’une des plus emblématiques illustrations. Ce cancer de la peau bénéficie de progrès constants dans tous les champs : prévention, thérapeutique, mais aussi diagnostique. Une équipe niçoise s’est particulièrement illustrée dans ce domaine, celle dirigée par Corine Bertolotto et Robert Ballotti, au C3M de Nice. En 2011, elle identifiait une protéine (MITF) jouant un rôle clé dans le développement des mélanomes et du cancer du rein. « Nous avions montré que les patients présentant une mutation dans le gène codant pour cette protéine ont cinq fois plus de risque de développer ce type de tumeurs. »
Une barrière anti-tumorale
Une découverte essentielle puisqu’elle permet d’envisager un dépistage précoce de tumeurs en développement chez ces patients à risque. « D’autres équipes à travers le monde ont confirmé sur de grosses cohortes de patients ayant développé un mélanome, la même mutation », commente Corine Bertolotto. Il restait à comprendre pourquoi et comment cette mutation exerce ces effets délétères. La même équipe niçoise vient d’apporter la réponse. «La mutation de la protéine MITF se produit sur un site particulier, empêchant une réaction chimique nommée la sumoylation. Des études conduites à la fois sur des modèles de souris, des mélanocytes [cellules de la peau, ndlr] issues de patients présentant une mutation dans MITF, et des cultures cellulaires ont montré que cette mutation avait pour effet d’augmenter le nombre naevus [grains de beauté, Ndlr] – sachant que 25 % des mélanomes en dérivent – et surtout d’induire une perte du contrôle de la sénescence. » CQFD. Ce processus correspond au vieillissement biologique des cellules et agit comme un rempart anti-tumoral. « Ainsi, les petits grains de beauté que nous présentons sur la peau correspondent à la prolifération localisée de mélanocytes, puis à leur entrée en sénescence. » Une sorte de barrière protectrice, placée devant la tumeur qui, dans les conditions normales, est infranchissable. C’est donc elle qui est prise d’assaut, jusqu’à la faire rompre, lorsque la protéine MITF est mutée.
Un nouveau défi
D’où l’intérêt majeur de faire suivre ses grains de beauté par un dermatologue. Même lorsque l’on n’est pas porteur d’une mutation. «Ona pu montrer que des facteurs environnementaux comme le soleil peuvent également affecter les processus de sumoylation et de sénescence », met en garde Corine Bertolotto. Aujourd’hui, son équipe a choisi de se lancer un nouveau défi : décrypter les mécanismes impliqués dans la formation d’une tumeur plus rare, mais très agressive, le mélanome oculaire. 1. Centre méditerranéen de médecine moléculaire.