S’appareiller pour renouer le dialogue avec le monde Soins
La presbyacousie – une surdité de perception liée au vieillissement – concerne un octogénaire sur deux. Les prothèses permettent de corriger efficacement ces problèmes auditifs
Avec l’âge, la vue a tendance à baisser. Cela ne concerne pas les personnes âgées puisque nombreux sont les trentenaires qui portent des lunettes pour travailler. Pour l’audition, les choses sont semblables mais les atteintes arrivent, elles, beaucoup plus tard. La presbyacousie s’invite à partir de la cinquantaine et concerne près de la moitié des octogénaires. « J’entends mal les conversations à plusieurs au restaurant ». « Mon mari me fait répéter sans cesse. » « Elle met la télé trop fort.» Des petites phrases anodines qui doivent mettre la puce à l’oreille et inciter à consulter. Le Dr Rémi Gauchier, ORL et chirurgien cervico-facial à Nice, reçoit très régulièrement des personnes qui se plaignent d’une audition capricieuse ou de celle de leur conjoint. «On peut souffrir de presbyacousie mais ne pas s’en rendre compte pendant des années. Le handicap est très variable d’une personne à l’autre. Je rencontre souvent des personnes qui ont été poussées par leur entourage à prendre rendez-vous alors qu’elles n’ont pas l’impression de mal entendre. Et pourtant, en les questionnant, elles avouent qu’il leur arrive de décrocher pendant une conversation parce qu’elles ne comprennent pas tout, qu’elles répondent parfois machinalement alors qu’elles n’ont pas saisi la question, ou bien qu’elles doivent régulièrement faire répéter leur interlocuteur…»
Pathologie d’évolution lente et progressive
La presbyacousie est une pathologie d’évolution lente et progressive. L’atteinte est en générale symétrique et domine sur les fréquences aiguës. Les difficultés de compréhension dans un environnement bruyant font partie des premiers symptômes. Le médecin doit donc procéder à un examen clinique pour éliminer d’autres causes de surdité, rechercher une pathologie associée et réaliser une audiométrie pour confirmer le diagnostic. Il évalue également l’importance de la gêne fonctionnelle puis oriente le patient vers un audioprothésiste en fonction de l’ensemble de ces données. «Aujourd’hui, on propose une réhabilitation prothétique plus précoce : l’utilisation d’un appareillage stimule l’oreille et freine du même coup l’évolution de la perte auditive. Il semble que cela permette aussi de limiter le déclin cognitif. Les personnes vont pouvoir maintenir une vie sociale avec un niveau de communication élevé et limiter l’isolement», remarque le Dr Gauchier.
Éviter le repli sur soi
Car effectivement la presbyacousie peut engendrer de lourdes conséquences sociales. À cause de difficultés à suivre une conversation, certaines personnes se replient sur elles-mêmes et finissent par rompre les relations sociales. En consultant tôt, on limite ces potentiels dommages collatéraux. Si l’appareillage améliore la qualité de vie de celui dont l’audition décline, il est important d’avoir un suivi ORL annuel. Le professionnel va contrôler l’audiométrie, traiter d’éventuelles pathologies associées et apprécier le port des aides auditives. Idem pour la prothèse qui doit être parfaitement réglée (lire par ailleurs) .Le Dr Gauchier constate que «finalement, certains patients réticents à l’idée de porter des appareils sont souvent les plus satisfaits». Vue l’espérance de vie, mieux vaut mettre toutes les chances de son côté de vieillir bien, à l’écoute de son corps.