Monaco-Matin

FINALE COUPE DE LA LIGUE À LYON / MONACO - PSG À H « Nenê avait signé au PSG »

Sept ans après la défaite en Coupe de France contre Paris, Guy Lacombe n’a rien oublié

- VINCENT MENICHINI

En mai , Monaco était tout heureux d’être là. Après plusieurs saisons sans relief, Guy Lacombe avait su redonner des couleurs à l’ASM. Une équipe, alors, composée de joueurs de talents, à l’instar de Juan Pablo Pino et Nenê. Hélas, ce soir de finale face à Paris, les deux technicien­s n’accorderon­t jamais leur violon. Lacombe, aujourd’hui membre de la Direction technique nationale, a accepté de replonger dans ce souvenir douloureux, qu’il n’a jamais vraiment digéré. Quelques mois après cette défaite face au PSG, au Stade de France, il sera démis de ses fonctions, en désaccord profond avec la direction du club (Etienne Franzi, Michel Aubéry...). A la dérive, l’ASM glissera en Ligue  à l’issue de la saison -. Passé également par Paris (-jan. ), le technicien aveyronnai­s est un témoin privilégié de cette finale. Souvenirs, souvenirs...

Une finale Monaco – Paris, ça rappelle quelques souvenirs ? Oui, un peu (il rigole). Malheureus­ement… (Il marque une pause) .Mes deux dernières finales se sont jouées sur des choses assez particuliè­res. En , avec Rennes, il y avait des soucis en interne. En , avec Monaco, c’était une situation que je n’avais jamais connue. Notre meilleur joueur (Nenê) avait déjà signé avec Paris, le club que l’on affrontait en finale. Je ne le savais pas. C’était du jamais vu ! Ça a évidemment changé la donne. Si je l’avais su, il n’aurait pas joué. Non pas qu’il avait levé le pied, mais il n’était pas dans les meilleures dispositio­ns. Ça ne devait pas être évident pour lui. Le PSG jouait une place en Coupe d’Europe lors de ce match.

Vous regrettez certains de vos choix ? Oui. Je n’ai pas été juste dans mon analyse. Je sors Pino, alors que je comptais beaucoup sur lui et qu’il était capable de faire des différence­s. Nenê, je m’étais dit que j’avais trop besoin de lui. Mais dès le début de match, les deux se disputent pour tirer un coup franc, alors que tout avait été cadré et travaillé avant la finale. On avait mis en place des combinaiso­ns, mais... Du coup, ils se sont embrouillé tout le match. Pino, qui était un écorché et un gamin immature, s’est braqué et a disparu de cette finale. Finalement, je le sors. Ce n’était pas le bon choix ! Cette défaite avait marqué un tournant dans votre parcours à l’ASM ? On dit toujours qu’une finale, ça se gagne. OK, mais l’atteindre ce n’est pas rien non plus. J’en ai gagné trois et perdu trois. On sait souvent pourquoi ça nous échappe, alors que lorsqu’on gagne, ça paraît être la norme. A l’époque, avec Monaco, on avait réalisé un beau parcours. Je me souviens d’ailleurs qu’en début de saison, mes dirigeants m’avaient dit qu’une huitième place et une finale de Coupe, ce serait “Ligue des champions”. Au final, ils ont vite déchanté.

L’année d’après, Monaco est relégué en Ligue . Y a-t-il encore des regrets ? C’est dommage. Le cas de Nenê n’avait pas été bien géré. En novembre (), il veut prolonger chez nous. Bien évidemment que je souhaite qu’il reste. Mais on a traîné et à l’arrivée, au lieu de renforcer l’équipe lors de l’été , on l’a affaiblie. Vous avez entraîné le PSG et l’ASM. Y a-t-il des similitude­s entre ces deux clubs ? Ils ont une problémati­que commune. Il faut des moyens pour réussir. A Paris, il te faut des compétiteu­rs, des personnali­tés, des gens de caractère car la pression peut vite faire perdre les pédales. A Monaco, l’environnem­ent est particulie­r, ce n’est pas toujours facile à appréhende­r. Depuis quelques saisons, l’ASM est revenue à la recette qui a toujours fonctionné : des jeunes talents entourés d’éléments d’expérience. C’est le cocktail parfait à Monaco.

Paris a l’avantage de bien connaître l’atmosphère d’une finale… Oui, c’est un club à trophées, qui rate rarement ce genre de rendez-vous. J’ai connu cette dynamique à Paris. Tout le club se mobilise et les joueurs le ressentent. Ce fut la clé lors de notre finale face à l’OM en . En , avec Monaco, je craignais aussi ça chez les Parisiens.

Vous vous attendez à un match débridé ? J’espère. Si une équipe ouvre rapidement le score, le spectacle peut être haletant. On en salive déjà. Mais je ne suis pas sûr que les deux équipes ouvrent le jeu dès le début de match. Le regard du PSG sur l’ASM a changé cette saison. La défaite face au Barça a semé le doute, alors que Monaco a réalisé deux matchs formidable­s contre Manchester City. Du spectacle, de l’émotion, des buts, il y a tout eu.

A Monaco, il y a toujours André Amitrano (entraîneur des gardiens), qui était votre adjoint à l’époque… On s’appelle de temps en temps avec « Dédé ». Je suis très heureux de l’avoir ramené à la maison (sourires). C’est quelqu’un de très compétent, c’est pour cela qu’il est encore là. On est lié à vie. Quand on se voit, c’est un peu comme si on s’était quitté la veille. Glik qui me paraît d’une solidité extrême et être un leader. J’aime beaucoup Fabinho. Lui est vraiment exceptionn­el. Devant, il y a le « petit » Germain, que j’ai fait monter en pro, Falcao… Mais je vais dire Silva. Celuilà, il est vraiment à part. Il apporte quelque chose de différent, possède un punch incroyable. C’est un joueur magnifique. (Direct) Cavani, en premier lieu. Ensuite, je vais citer Verratti et Di Maria. A son arrivée, il était censé révolution­ner le foot. Tout du moins, les médias l’ont présenté de la sorte. On n’a pas vu grand-chose au départ. A sa décharge, il a dû composer avec pas mal de départs. Or, aujourd’hui, il a fait de Monaco une équipe redoutable. On sent qu’il y a une vraie logique. Je dis bravo ! J’ai le sentiment que tout est optimisé. C’est presque de l’art à ce niveau quand tout s’emboîte aussi bien. Il laisse les joueurs s’exprimer, mais il y a des principes à la récupérati­on du ballon bien identifiab­les. Personne ne transige. La première mitemps contre City, c’est un modèle du genre. Je me suis régalé.

Votre pronostic pour cette finale ? Ce sont deux clubs que j’aime. C’est du - !

Monaco, je dis bravo !”

 ?? (Photo Franz Chavaroche) ?? Guy Lacombe en compagnie d’André Amitrano. Ce dernier est toujours l’entraîneur des gardiens de l’AS Monaco. Si vous aviez trois joueurs à prendre à Monaco ? Et à Paris ? Quel regard portez-vous sur l’évolution de Leonardo Jardim sur le banc monégasque ?
(Photo Franz Chavaroche) Guy Lacombe en compagnie d’André Amitrano. Ce dernier est toujours l’entraîneur des gardiens de l’AS Monaco. Si vous aviez trois joueurs à prendre à Monaco ? Et à Paris ? Quel regard portez-vous sur l’évolution de Leonardo Jardim sur le banc monégasque ?

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