Monaco-Matin

Gérard Darmon: «Si tout était à refaire? Je ne changerais rien!»

- LAURENCE LUCCHESI llucchesi@nicematin.fr

Un soir d’été, deux amis de toujours se retrouvent à la terrasse d’un café, et se plaignent du temps qui passe. À vivre dans la nostalgie des bons souvenirs, ils s’empêchent de profiter de l’instant présent. La jeune serveuse qui les écoute va leur proposer, assez étrangemen­t, de remonter le temps. Une expérience incroyable, qui va leur permettre de réaliser que vieillir n’est pas si mal. Tel est le pitch de Tout à refaire, pièce signée Philippe Lellouche, mise en scène par Gérard Darmon, qu’ils présentero­nt à Marseille lmardi, à Cannes mercredi, et qui marque justement le retour de ce dernier sur les planches. Lunettes fumées et voix chaude immédiatem­ent reconnaiss­able, l’inoubliabl­e Jeff du Coeur des hommes nous retrouve dans le lounge du Mandarin oriental à Paris, où rendez-vous est pris. Encore sous le coup de la fatigue liée à la promotion du film Chacun sa vie d’un autre

Lelouch, Claude cette fois, et à un long trajet en train, depuis Dijon. Très volubile cependant, pour évoquer la genèse de Tout à refaire : « Au départ, Philippe Lellouche voulait écrire un rôle pour moi, mais lorsque je l’ai lu… j’ai trouvé que mon personnage était fait pour lui ! En fait, pour que l’histoire soit crédible, il fallait qu’il me rajeunisse de dix ans, ce qu’il a fait. Cela a permis de créer entre les deux protagonis­tes des liens d’amitié remontant à l’enfance. »

Une longue amitié

Des liens pas si éloignés, d’ailleurs, de ceux que les deux hommes ont tissés dans la réalité : « Nous avons la chance d’être très amis dans la vie, confie Gérard Darmon. Cela permet d’aller plus vite, on sait les axes qu’il faut prendre, et, a contrario, là où on n’a pas envie d’aller. Nous n’avions jamais travaillé ensemble au théâtre, on s’est rencontrés au cinéma, et déjà ça avait très bien fonctionné. Et nous avons la chance de jouer cette pièce avec Fanny Valette, une actrice formidable. » Cent quarante représenta­tions plus tard, dont certaines acclamées au Québec ou à Genève, Gérard Darmon a conservé un enthousias­me intact. Et savoure le moment présent : « Je ne suis pas quelqu’un de nostalgiqu­e pour deux sous. Faire du passé une religion en disant c’était le bon temps, ce n’est pas très positif. Et moi je veux être le plus positif des pessimiste­s ! » Et si c’était à refaire, changerait-il quelque chose dans son parcours ? « C’est une réplique de la pièce ça ! Si pour devenir prix Nobel, champion olympique, ou président de la République, il fallait aussi avoir une autre femme, d’autres enfants, vraiment tout changer, non je n’en aurais sûrement pas envie ! Même les conneries, les erreurs font partie de la vie, et peuvent s’avérer être un mal pour un bien, si l’on en tire des enseigneme­nts. Cette pièce, qui est tout sauf une bouillie verbale, traite de toutes ces grandes questions. Il y est question d’amour, de mort, d’amitié, de tout ce qui nous fait vibrer dans la vie… Même si dans le fond, on est toujours seul, quelles que soient les personnes formidable­s que l’on rencontre, et qui cautérisen­t un peu nos grands chagrins. »

En tournage à Nice

Entre deux représenta­tions de Tout à refaire, le comédien, en ce moment à Nice pour tourner Mon brillantis­sime divorce, avec Michèle Laroque. Avant d’enchaîner avec le tournage de Tout le monde debout , le premier film de Franck Dubosc en tant que metteur en scène. Ce qui fait carburer Gérard, mais jamais en permanence à deux cent à l’heure, assuret-il, « c’est tout simplement le fait d’aimer la vie. Tout le reste n’est que bavardage. »

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