L’excellence va à l’excellence”
se fait toujours sur la durée. Mais je peux vous dire que, dans cinq ans, cette université Côte d’Azur sera un vrai phare scientifique. La plupart des pays européens visent % du PIB pour leur budget recherche, nous sommes à , % en France, c’est insuffisant ? C’est clairement insuffisant. , %, c’est l’ensemble des budgets recherche et développement public, et privé. La puissance publique met environ , % le reste, c’est le privé. Certes nos budgets ont été maintenus ce qui, dans le cadre de la crise économique, était le bienvenu. Mais cela reste nettement insuffisant.
Dans le même temps l’Allemagne a considérablement investi... Effectivement. Pendant que nos budgets étaient constants sur dix ans, le budget fédéral allemand en recherche et développement a augmenté de %. Ils sont à %, dont % public, % privé. Ce qui manque pour arriver aux % en France, c’est dans l’ordre beaucoup de recherche et développement privé et un coup de pouce de l’État, pour passer à %. L’objectif % serait raisonnable, l’Allemagne nous montre la voie. Il ne faut pas céder. La France a contribué à quelques-unes des grandes découvertes de ces dernières années : les ondes gravitationnelles, le boson de Higgs, pièce manquante du puzzle décrivant toutes les particules élémentaires connues, et beaucoup d’autres.
À Sophia, nombre de start-up travaillent déjà directement avec les chercheurs de la Côte d’Azur. La bonne voie ? Les entreprises sont friandes de faire de la recherche avec nous. Nous sommes là dans l’éco système du XXIe siècle. Et on a rattrapé notre retard. Dire que l’université ne s’occupe plus de valorisation, ce n’est pas vrai. Avant on était sur un modèle linéaire. Les laboratoires travaillaient, il y avait une invention, on déposait un brevet, quelqu’un s’y intéressait, on faisait un peu de recherche et développement et après, c’était sur le marché. Aujourd’hui, tout cela est très imbriqué. Une entreprise peut venir, mettre des moyens dans le labo pour travailler avec les chercheurs. Ces derniers s’inspirent des questions posées par l’industriel, on peut faire de la recherche extrêmement fondamentale, on dépose ensuite des brevets ensemble, et on va tout de suite à la valorisation. On a laboratoires communs en France rien que pour le CNRS.
On ne parle absolument pas de la recherche dans cette campagne présidentielle. Cela vous fâche? Cela m’attriste beaucoup. Je vois malgré tout les équipes de campagne. Il y a une prise de conscience mais on a baissé les bras après la crise de à cause du poids du chômage, de la désindustrialisation La vision politique sur la recherche n’est pas très développée. En Allemagne, Angela Merkel, scientifique elle-même, s’en préoccupe beaucoup. L’Allemagne y croit plus que la France.
Que penser de la forme d’obscurantisme scientifique qui se développe aux États-Unis sous l’impulsion de Donald Trump ? Nous sommes très préoccupés par ce qui se passe là-bas. C’est le premier pays scientifique au monde ! Ce qui vient d’être annoncé avec les projets de budgets qui viennent de tomber, intégrant des coupes claires, est incroyable.
Et sa négation du réchauffement climatique ? Nous sommes restés totalement sidérés. Nous avons énormément de collaborations avec les États-Unis. Il est important que nos collègues scientifiques se manifestent. Le avril, il y aura une marche pour la science, organisée par les scientifiques américains. Elle a été relayée partout dans le monde. Elle se tiendra dans trente pays simultanément. Je ne peux en tant qu’établissement public appeler à manifester, mais nous soutenons cette marche. À titre personnel, je me rendrai d’ailleurs à celle de Paris.