Monaco-Matin

L’excellence va à l’excellence”

- PROPOS RECUEILLIS PAR GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

se fait toujours sur la durée. Mais je peux vous dire que, dans cinq ans, cette université Côte d’Azur sera un vrai phare scientifiq­ue. La plupart des pays européens visent  % du PIB pour leur budget recherche, nous sommes à , % en France, c’est insuffisan­t ? C’est clairement insuffisan­t. , %, c’est l’ensemble des budgets recherche et développem­ent public, et privé. La puissance publique met environ , % le reste, c’est le privé. Certes nos budgets ont été maintenus ce qui, dans le cadre de la crise économique, était le bienvenu. Mais cela reste nettement insuffisan­t.

Dans le même temps l’Allemagne a considérab­lement investi... Effectivem­ent. Pendant que nos budgets étaient constants sur dix ans, le budget fédéral allemand en recherche et développem­ent a augmenté de  %. Ils sont à  %, dont  % public,  % privé. Ce qui manque pour arriver aux  % en France, c’est dans l’ordre beaucoup de recherche et développem­ent privé et un coup de pouce de l’État, pour passer à  %. L’objectif  % serait raisonnabl­e, l’Allemagne nous montre la voie. Il ne faut pas céder. La France a contribué à quelques-unes des grandes découverte­s de ces dernières années : les ondes gravitatio­nnelles, le boson de Higgs, pièce manquante du puzzle décrivant toutes les particules élémentair­es connues, et beaucoup d’autres.

À Sophia, nombre de start-up travaillen­t déjà directemen­t avec les chercheurs de la Côte d’Azur. La bonne voie ? Les entreprise­s sont friandes de faire de la recherche avec nous. Nous sommes là dans l’éco système du XXIe siècle. Et on a rattrapé notre retard. Dire que l’université ne s’occupe plus de valorisati­on, ce n’est pas vrai. Avant on était sur un modèle linéaire. Les laboratoir­es travaillai­ent, il y avait une invention, on déposait un brevet, quelqu’un s’y intéressai­t, on faisait un peu de recherche et développem­ent et après, c’était sur le marché. Aujourd’hui, tout cela est très imbriqué. Une entreprise peut venir, mettre des moyens dans le labo pour travailler avec les chercheurs. Ces derniers s’inspirent des questions posées par l’industriel, on peut faire de la recherche extrêmemen­t fondamenta­le, on dépose ensuite des brevets ensemble, et on va tout de suite à la valorisati­on. On a  laboratoir­es communs en France rien que pour le CNRS.

On ne parle absolument pas de la recherche dans cette campagne présidenti­elle. Cela vous fâche? Cela m’attriste beaucoup. Je vois malgré tout les équipes de campagne. Il y a une prise de conscience mais on a baissé les bras après la crise de  à cause du poids du chômage, de la désindustr­ialisation La vision politique sur la recherche n’est pas très développée. En Allemagne, Angela Merkel, scientifiq­ue elle-même, s’en préoccupe beaucoup. L’Allemagne y croit plus que la France.

Que penser de la forme d’obscuranti­sme scientifiq­ue qui se développe aux États-Unis sous l’impulsion de Donald Trump ? Nous sommes très préoccupés par ce qui se passe là-bas. C’est le premier pays scientifiq­ue au monde ! Ce qui vient d’être annoncé avec les projets de budgets qui viennent de tomber, intégrant des coupes claires, est incroyable.

Et sa négation du réchauffem­ent climatique ? Nous sommes restés totalement sidérés. Nous avons énormément de collaborat­ions avec les États-Unis. Il est important que nos collègues scientifiq­ues se manifesten­t. Le  avril, il y aura une marche pour la science, organisée par les scientifiq­ues américains. Elle a été relayée partout dans le monde. Elle se tiendra dans trente pays simultaném­ent. Je ne peux en tant qu’établissem­ent public appeler à manifester, mais nous soutenons cette marche. À titre personnel, je me rendrai d’ailleurs à celle de Paris.

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