L’exhibitionniste récidiviste sévit dans le bus
On peut s’imaginer le choc des passagers empruntant la ligne 4 Fontvieille – Saint-Roman. Par deux fois, un Italien de trente-cinq ans a sorti son sexe dans le bus, puis il s’est collé contre des jeunes filles. Tout d’abord, une dame, pétrifiée par la scène à l’approche de la place des Moulins, le 19 octobre dernier, vers 7h30, va dénoncer aussitôt les faits à la police. Deux jours après, un collégien est confronté à la même pratique lubrique. Quand il embarque dans le car urbain de la CAM, vers 11 heures, à la sortie de l’établissement d’enseignement, il a son regard attiré par le comportement étrange d’un homme envers deux jeunes filles. À l’issue d’une descente de fermeture éclair, il sort son pénis turgescent et il se frotte contre la face postérieure des demoiselles. Devant cette façon immonde et ô combien répréhensible de s’approcher des adolescentes, le gamin a le réflexe de prendre une photo avec son portable afin de dénoncer, preuves à l’appui, de tels faits.
« J’ai des troubles compulsifs »
Au cours de la comparution, devant le tribunal correctionnel, de cet agent de nettoyage marié, c’est l’incompréhension face à la description de son comportement. Désapprobations et commentaires ont été chuchotés sur les bancs du prétoire. Le président Jérôme Fougeras Lavergnolle interroge le prévenu sur les raisons qui l’ont poussé à cette pratique qui tient plus du délire que de l’égarement. « J’ai bien sorti mon sexe, avoue le coupable. Mais d’une manière discrète en le dissimulant derrière ma sacoche. J’ai des pulsions dès que je suis entouré de personnes. Je ne peux pas lutter contre ce comportement… Depuis que mon père est mort, en 2001, j’ai ces troubles compulsifs en permanence. Je suis malade et j’ai déjà entrepris une thérapie auprès d’un psychiatre en Italie… » Le magistrat note au passage : « Votre casier judiciaire italien comporte deux mentions pour gestes obscènes. Et vous avez eu des problèmes identiques à Monaco, en 2011, pour une masturbation en public. » Le procureur Cyrielle Colle fera également part de son inquiétude pour les adolescents. «La première fois, les jeunes filles ne se sont rendu compte de rien, observe la représentante du Parquet général. La seconde fois, en revanche, la scène était plus choquante. Les enfants ont pris conscience de ce qui se passait dans le bus. D’autant que cette ligne conduit les trois-quarts des collégiens dans les établissements scolaires de la Principauté. Il faut prémunir les habitants de tels actes. C’est-à-dire d’interdire à cet individu de prendre les bus de Monaco pendant cinq ans avec une peine d’un an d’emprisonnement assortie du sursis. »
« Croyez-moi, il ne prend aucun plaisir »
La défense parvient à convertir le manège malsain de l’exhibitionniste en plaidoyer passionné pour un misérable. «Mon client est atteint d’une pathologie grave et lourde, affirme Me Alice Pastor. Schizophrénique, il suit un traitement médicamenteux contre la perversion. Ce sont de véritables drogues qu’il tolère assez mal. Croyezmoi, il ne prend aucun plaisir. Pire, il en souffre ! Il ne s’épargne aucune solution pour s’en sortir. Lors de notre rencontre, il m’a bouleversée. Je suis disposé à vous voir accepter la peine sévère demandée par le ministère public. Mais aidez-le, je vous en supplie… » L’émotion a semblé saisir l’assistance et jusqu’aux juges: ils ont préféré remettre leurs décisions au 11 juillet 2017, afin de juger le prévenu à l’issue des résultats d’une expertise psychiatrique.