Premier rapt de Jacqueline Veyrac : trois mises en examen
L’arrestation de six personnes après l’enlèvement en octobre à Nice d’une riche femme d’affaires azuréenne, a permis de relancer l’enquête sur un précédent rapt raté
Le mystère de l’enlèvement raté, le 9 décembre 2013 à Nice, de Jacqueline Veyrac, 77 ans, femme d’affaires azuréenne, s’éclaircit. Giuseppe Serena, ancien gérant du restaurant du port de Nice La Réserve, a été extrait de sa cellule pour être mis en examen, jeudi soir, par un juge d’instruction. Il nie toute implication dans cette affaire. Philipp Dutton, un SDF anglais, ex-soldat de sa Gracieuse majesté, est également mis en cause. Nice-Matin avait révélé en janvier la présence de son ADN sur les liens qui entravaient la victime lors du premier méfait. Lui aussi incarcéré, Dutton a été de nouveau placé en détention provisoire pour cette seconde affaire criminelle. Le troisième suspect s’appelle Enrico Fontanella, ami de Giuseppe Serena. Très malade, il a été laissé libre, sous contrôle judiciaire.
Retrouvée saine et sauve
Giuseppe Serena et Philipp Dutton sont déjà impliqués, selon la brigade criminelle de la PJ de Nice, dans le rocambolesque enlèvement de Jacqueline Veyrac survenu rue Kosma, dans le quartier Gambetta à Nice, le matin du 24 octobre. Ce que Giuseppe Serena conteste vigoureusement. Jacqueline Veyrac sortait d’une pharmacie pour rejoindre son 4x4, rue Emilia, quand elle a été contrainte de monter dans une fourgonnette. Deux heures après l’enlèvement, le fils recevait un appel du portable de sa mère: « Vous allez devoir payer », prévenait l’inconnu dans un anglais approximatif. Jacqueline Veyrac, propriétaire du Grand Hôtel ,unpalace cannois, sera retrouvée, 48 heures plus tard, bâillonnée, pieds et poings liés, enfermée dans le véhicule stationné sur les hauteurs de Nice. Avant même qu’elle ne soit libérée saine et sauve, la PJ de Nice surveillait déjà dans le secteur de la rue Barbéris les supposés ravisseurs. Une série d’interpellations a été rapidement lancée. Six personnes sont actuellement mises en examen et cinq sont incarcérées dans le cadre de cet enlèvement. Très vite, les enquêteurs ont eu la conviction que certaines d’entre elles n’étaient pas étrangères au rapt raté de 2013. L’information judiciaire a été rouverte en janvier et les investigations sur commission rogatoire semblent leur donner raison. À l’annonce de la seconde mise en examen de Giuseppe Serena, Me Sophie Jonquet, a fait part hier du « soulagement » de la famille Veyrac : « Ils ne comprennent pas que M. Serena ait pu nourrir une telle rancoeur à leur égard pour agir de cette façon, deux fois à trois ans d’intervalle, à l’encontre de Jacqueline Veyrac.» Giuseppe Serena, après avoir connu le succès avec un premier restaurant, avait repris en location-gérance La Réserve, propriété des Veyrac. Deux ans plus tard, l’établissement était en liquidation judiciaire. L’investisseur aurait perdu plusieurs centaines de milliers d’euros dans cette déconfiture. De quoi alimenter sa rancoeur, selon le procureur Jean-Michel Prêtre.