Enquête ouverte après des menaces de mort contre des magistrats et des médias
Une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Paris après que des magistrats du pôle financier et les rédactions du Canard enchaîné et de Mediapart ont reçu des « menaces de mort » qui jettent un nouveau trouble dans une campagne présidentielle marquée par les affaires judiciaires. Quatre courriers, contenant des balles, sont arrivés lundi au pôle financier et deux courriers « similaires » ont été reçus mercredi au sein des deux rédactions, a affirmé une source judiciaire, précisant que l’enquête avait été confiée à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP). Le directeur de Mediapart Edwy Plenel a déposé plainte après avoir reçu un courrier adressé au site d’information et à son attention, une menace qu’il juge « sérieuse », a-t-il déclaré hier. Dans cette lettre accompagnée d’une balle, datée du 30 mars et postée de Marseille, on peut lire : « La Vigilance et la Protection ne durent pas Ad Vitam... Ce jour-là nous serons là pour vous ou l’un de vos proches. » Sous ce texte sont dessinés un cercueil et une tête de mort. En tout, « ce sont six courriers » de menaces identiques qui ont été envoyés, selon le journaliste. Celui du Canard était « non nominatif avec un petit canard sur le cercueil », a précisé M. Plenel. Ces textes sont signés d’un mystérieux « collectif épuration 2J », jusque-là inconnu, et placent « juges et journalistes dans le même sac », sans indiquer de contexte particulier. Ces menaces, visant également quatre magistrats financiers, sont arrivées à moins de trois semaines du premier tour de l’élection présidentielle, alors que les candidats François Fillon (Les Républicains) et Marine Le Pen (Front national) sont visés par des enquêtes menées par le pôle financier du tribunal de Paris. Les syndicats professionnels UgictCGT, SNJ-CGT et l’organisation non gouvernementale Reporters sans frontières (RSF) se sont émus vendredi de telles menaces, dans des communiqués distincts. Ces menaces « visent à museler les journalistes pour les empêcher d’exercer leur métier et de mener à bien leurs investigations », déplorent les syndicats. Elles « remettent en cause les piliers de notre démocratie, la liberté de la presse et l’indépendance de la justice ». Les syndicats soulignent que M. Fillon, jeudi sur France Inter, « a même proféré une mise en garde : “Ceux qui sont à l’origine de cette affaire ne dormiront pas bien à l’avenir.” » Jeudi, l’Élysée avait annoncé que des collaborateurs de François Hollande avaient été victimes de « menaces de mort » après les accusations de M. Fillon sur l’existence supposée d’un « cabinet noir » au palais présidentiel.