Les priorités selon le Conseil de l’Ordre Soins
Le Dr Jean-Claude Régi, vice-président de l’institution, a détaillé les propositions issues de la concertation avec les professionnels. Des mesures ambitieuses
Près de 15 000 médecins à travers l’Hexagone ont participé à la vaste enquête menée par le Conseil national de l’Ordre des médecins. Une base solide pour remettre les questions de santé au coeur du débat présidentiel. « Il en ressort que 89 % des médecins français sont fiers d’appartenir à leur profession, souligne le Dr Jean-Claude Régi, vice-président du Conseil de l’Ordre des Alpes-Maritimes. Pourtant, 86 % se disent pessimistes quant à l’avenir du système de santé et 95 % veulent l’adapter ou le réformer. Cette réforme voulue par les médecins s’articule autour de quatre principes : libérer, décentraliser, simplifier et garantir. » À partir de ces milliers de questionnaires et rencontres, l’institution a bâti dix propositions autour de trois axes.
I. Simplifier l’organisation territoriale des soins avec une gouvernance partagée.
« L’offre de santé sur les territoires est morcelée et déficiente, déplore le Dr Régi. L’Ordre des médecins propose donc un échelon territorial unique se substituant aux multiples échelons actuels : un bassin de proximité santé qui rassemblerait l’ensemble des acteurs. (...) Ces bassins seraient regroupés autour d’une structure hospitalière fournissant l’ensemble des techniques de second recours, plateaux techniques lourds et service d’urgence. »
L’objectif est de laisser la place à « la concertation et la co-construction ». Il s’agirait d’un « portail permettant d’identifier des besoins et les attentes de la population, d’anticiper la formation de déserts médicaux, de recenser les solutions territoriales d’accès aux soins et d’informer les acteurs et la population. »
II. Alléger et décloisonner l’exercice professionnel des médecins
« Face à l’importance des tâches administratives et auxquelles les médecins sont rarement préparés, il faudrait prévoir une aide administrative qui pourrait prendre la forme d’une plateforme, de l’assistance administrative de télésecrétariat ou de secrétariat mutualisé. » « Aujourd’hui les rémunérations des médecins sont univoques et inadaptées aux missions qu’ils remplissent. »
« Si, pour des soins programmés, le médecin traitant doit rester le pivot du parcours de soins, il faut, pour des soins non programmés, être capable de traiter l’embouteillage des urgences et permettre l’accès des médecins de ville aux services d’hospitalisation. L’Ordre propose la création de protocoles de coopération entre les médecins et les autres professionnels de santé. »
« Pour obtenir un système visible et opérationnel, il est nécessaire de désigner un interlocuteur unique pour les médecins et les usagers ». En outre, « l’Ordre préconise la suppression du caractère obligatoire du tiers payant. »
III. Ouvrir et professionnaliser la formation des médecins
« Le numerus clausus a fait la preuve de son inefficacité ,estime le Dr Régi. L’absence de filière universitaire spécifique pour un certain nombre de professions de santé (sagefemme, masseur kinésithérapeute, manipulateur en radiologie, etc.) réduit le nombre de débouchés et de passerelles précoces. » L’Ordre plaide pour un « numerus clausus régionalisé. » Il invite également à « réfléchir à un système de présélection avant l’année de PACES afin de limiter le taux d’échec. L’Ordre propose l’organisation d’un socle commun à toutes les professions de santé – PACES élargie – lors de la première année d’études avec des stages partagés dès la deuxième année pour mieux connaître les autres professions de santé. En parallèle, il faudrait accorder aux étudiants en médecine une équivalence vers d’autres filières universitaires. »
« L’Ordre propose le développement de stages extra-hospitaliers pour permettre aux étudiants et aux internes de se familiariser avec l’exercice libéral. »
Il s’agirait d’une « recertification des médecins tous les six ans avec un dispositif piloté par l’Ordre. La mise en oeuvre d’un système de développement personnel continu (DPC), fondé sur des modules de compétence transversaux, communs à plusieurs spécialités, ouvrirait par ailleurs des passerelles vers d’autres spécialités afin de permettre de vraies évolutions de carrière. »