Monaco-Matin

Parfums d’enchères

- PROPOS RECUEILLIS PAR LAURENCE GUIDICELLI

Véritables objets d’art, les flacons de parfum anciens fascinent les collection­neurs. Le point sur cet univers enivrant avec Bernard Gangler, expert de la vente de Haute Parfumerie organisée par la maison Besch le 16 avril prochain.

Quand est apparu le marché de la Haute Parfumerie aux enchères ?

Le marché de la Haute Parfumerie, avec plus particuliè­rement la vente de flacons de parfums, est assez récent. La première vente aux enchères a eu lieu à l’Hôtel Drouot à Paris en 1986. Avant, il n’y avait pas de cotation, sauf pour les flacons Lalique. Depuis, ce marché a évolué, il est maintenant planétaire. Les acheteurs sont Français bien sûr, mais ils viennent aussi de Suisse, d’Allemagne, des États-Unis et désormais d’Asie avec le Japon et les premiers balbutieme­nts de la Chine.

Quelle est la période la plus recherchée par les collection­neurs ?

La belle période est celle du début du XXe siècle, plus particuliè­rement de l’Art Déco, dans les années 1925. C’est là que l’on a commencé à commercial­iser les beaux flacons. Les collection­neurs recherchen­t avant tout les pièces de marques, signées par exemple René Lalique, Roger & Gallet, Guerlain, Coty, Jovoy, Patricia Mury, Paul Poiret, Jeanne Lanvin. On trouve aussi des collection­neurs pour les échantillo­ns de parfums ou bien les boîtes à poudre.

Qu’est-ce qui fait la valeur d’un flacon ?

Déjà à l’époque, ces flacons étaient réservés à une élite. Ils étaient fabriqués en série très limitée par de grands maîtres verriers comme Lalique, Viard ou Dépinoix, et on ne les gardait pas. Ce qui fait la valeur d’un flacon, c’est sa rareté, d’autant que c’est un objet fragile, en verre ou en cristal, et que beaucoup se sont cassés. Et il a encore plus de valeur s’il est accompagné de son coffret.

Doit-il contenir encore du parfum ?

C’est toujours mieux quand il reste un fond de parfum. Il faut savoir que ces parfums du début du XXe siècle n’ont pas bougé. A l’époque, on n’utilisait que des matières premières naturelles, et pas de synthèse. Si le jus a été conservé dans de bonnes conditions, il se fonce un petit peu avec le temps, mais ne change pas.

Ces flacons sont-ils devenus des objets d’art ?

Oui, le flacon de parfum de collection est rentré dans le cadre des objets d’art au même titre qu’une sculpture ou un tableau. Tous du reste ont été créés par des artistes. C’est également aujourd’hui un placement qui intéresse des investisse­urs du monde entier.

Quels prix peuvent atteindre les pièces de haute parfumerie aux enchères ?

Un flacon de Lalique s’est vendu 200 000 dollars aux ÉtatsUnis. Mon record personnel est de 70 000 euros pour un flacon de Guerlain, il y a six ans. Lors de la vente de haute parfumerie en juillet dernier à Cannes, un flacon de Lalique a été adjugé dans les 35 000 euros.

Quelques mots sur la vente de Haute Parfumerie du  avril chez Besch Auction à Cannes, que vous avez expertisée ?

C’est vraiment une vente exceptionn­elle par la qualité et la rareté des flacons. Il y 250 pièces en tout, du XIXe et du XXe siècle, issues de deux collection­s privées. Tous les créateurs proposés sont Français. Nous avons par exemple un exceptionn­el flacon en verre fabriqué par Viard-Dépinoix vers 1920, orné d’arabesques avec un bouchon figurine. Baptisé « Fontaines Parfumées », il avait été adjugé pour 38 000 euros il y a sept ans à Arcachon et est estimé entre 18 000 et 24 000 euros. Nous avons aussi un parfum de « Mon Château » titré « Château d’Azur » avec son toit « à la française » et son coffret artisanal, une merveille ! Ou ce flacon rarissime de Jovoy, « Gardez-moi », en cristal opaque noir poli figurant un félin, estimé entre 6 500 et 10 000 euros. Autant d’objets qui sont rarement passés dans une vente aux enchères, et qui concernent tous les budgets. Le 16 avril à 17 h au Grand Hyatt Hôtel Martinez à Cannes - www.cannesauct­ion.com

 ??  ?? Fontaines Parfumées de Viard-Dépinoix - Période vers  - Exceptionn­el flacon en verre, panse cylindriqu­e en verre givré, ornée d’arabesques en relief de couleur brun et sépia. Bouchon figurine et base fleur en verre émerisé et patiné sépia - H : ...
Fontaines Parfumées de Viard-Dépinoix - Période vers  - Exceptionn­el flacon en verre, panse cylindriqu­e en verre givré, ornée d’arabesques en relief de couleur brun et sépia. Bouchon figurine et base fleur en verre émerisé et patiné sépia - H : ...
 ??  ?? Parfum de Mon Château « Château d’Azur » - Flacon en verre, couvre-bouchon en verre laqué figurant un toit dit « à la française » - Exceptionn­el coffret à abattant - H : , cm - Estimation :  /  €.
Parfum de Mon Château « Château d’Azur » - Flacon en verre, couvre-bouchon en verre laqué figurant un toit dit « à la française » - Exceptionn­el coffret à abattant - H : , cm - Estimation :  /  €.

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