ET UN JOUR...
■ Le avril , la rue des Chaudronniers à Toulon est débaptisée. Le conseil municipal la renomme rue d’Alger, en souvenir des hommes et marins qui, en , ont embarqué dans le port avant de partir à la conquête de cette ville En , navires de guerre se massent dans la rade de Toulon, dont sont de conception récente. Du au mai, ils vont embarquer hommes de troupes, marins et chevaux. Ils partent à la conquête d’Alger. Mais avant de rejoindre le Carré du port, ils défilent dans la rue des Chaudronniers. Un défilé qui, selon certains historiens, relève de la légende. Mais ce qui est sûr, c’est que la rue d’Alger que l’on connaît aujourd’hui s’appelait bel et bien rue des Chaudronniers en . Cependant, ces artisans en ont été chassés à force de pétitions signées par les riverains, qui les jugeaient trop bruyants.
Une offense, prétexte à la conquête d’Alger
Alors ans plus tard, le avril , le conseil municipal, présidé par le maire Vincent Allègre, délibère ainsi : « Considérant que cette voie publique a été successivement désignée sous les noms de la rue Vulcain, des Vieux-Fossés, puis des Chaudronniers qu’elle a conservé jusqu’à ce jour; considérant que cette dénomination ne rappelle aucun fait important de notre histoire locale et qu’elle est devenue
insignifiante ; considérant que Toulon a été la dernière étape de l’armée qui a fait la conquête d’Alger et que cette rue a été une des principales voies par lesquelles l’armée expéditionnaire se rendit au point d’embarquement ; considérant enfin qu’une rue de la capitale de notre grande colonie d’Afrique a reçu le nom de rue de Toulon, et que la dénomination de rue d’Alger appliquée à une de nos rues sera un acte de gracieuse réciprocité ; arrêtons : le nom de
la rue des Chaudronniers sera remplacé par celui d’Alger. » Avant de faire tomber Alger, c’est à SidiFerruch que les troupes, commandées par le futur amiral Duperré, débarquent le juin , moins d’un mois après avoir quitté Toulon, le mai. Un débarquement considéré comme le plus grand de l’histoire, avant celui des Alliés en Normandie, durant la Seconde Guerre mondiale. En fait, tout a commencé à cause d’un conflit commercial entre la France et l’Algérie, aux multiples rebondissements. Il débute sous le Directoire, cette période comprise entre et organisant, entre autres, la séparation des pouvoirs législatif et exécutif, par crainte de l’instauration d’une dictature. Il n’est toujours pas résolu lorsqu’en , le dey d’Alger convoque le consul français, un certain Deval. L’entrevue se termine mal. Le dey soufflette le consul avec son chasse-mouche. Ce sera le prétexte à l’expédition d’Alger trois ans plus tard. La France voulant ainsi réparer l’offense que lui a infligée le dey d’Alger et rétablir son autorité. Le juillet , celui-ci capitule, après une campagne de jours. Cette prise d’Alger allait enclencher la colonisation de l’Algérie. Colonisation à laquelle un émir, Abd el-Kader, allait résister jusqu’à sa reddition en . L’émir est alors ramené à Toulon à bord de L’Asmodée et provisoirement emprisonné avec ses proches au fort Lamalgue. Après bien des péripéties, il finira sa vie à Damas en Syrie.