Monaco-Matin

Quand le malade se conduit en consommate­ur

Le domaine de la santé n’échappe pas à la logique concurrent­ielle. Les patients sont à la recherche du meilleur prix, du service, de la qualité… et de rendez-vous rapides

- AXELLE TRUQUET atruquet@nicematin.fr

Le patient est un client. Alors oui, il cherche les prix les plus bas, il compare. » Jean-Marie Soyer, président de la chambre syndicale des pharmacien­s des AlpesMarit­imes, porte un regard pragmatiqu­e sur son métier. « Il y a une forte concurrenc­e entre les pharmacies. C’est normal, on en compte plus de 460 dans le départemen­t. » Nina, mère de deux enfants confie : « Mes filles attrapent régulièrem­ent des poux. J’ai fait le tour de 4 ou 5 pharmacies pour comparer les prix des produits anti-poux. Pour le même produit, j’ai trouvé du simple au double alors franchemen­t, cela vaut le coup de faire quelques kilomètres ! »

Service et stocks

Comme elle, nombreux sont les consommate­urs à faire leur petite enquête pour trouver au meilleur prix le shampooing du petit dernier, les cachets contre le rhume de madame ou l’homéopathi­e

de monsieur. Un pharmacien, qui possède l’une de ces grandes officines qui affichent des prix et promotions intéressan­tes le constate. Seulement, il préfère ne pas apparaître nommément, de

peur que cela n’apparaisse comme une forme de publicité car « notre métier est paradoxal, explique-t-il. Nous sommes à la fois une profession libérale – nous sommes inscrits à un ordre – et en même temps

des commerçant­s, inscrits au registre du commerce. Si le prix du médicament est le même partout, les grandes pharmacies peuvent se démarquer grâce à l’accueil, le service personnali­sé ou, comme moi, les stocks. Lorsque mes clients viennent, ils savent par exemple que je pourrai leur délivrer tout de suite l’homéopathi­e dont ils ont besoin sans avoir besoin de commander et de revenir le lendemain. »

« On ne traverse pas la ville pour un anti-diarrhéiqu­e »

Ce profession­nel rejoint l’avis du président de la chambre syndicale des pharmacien­s des AlpesMarit­imes. Pour eux, le secteur est très concurrent­iel. «Mais même les petites pharmacies de quartier parviennen­t à proposer des prix intéressan­ts en se regroupant : ainsi elles achètent en gros et donc moins cher », souligne Jean-Marie Soyer. Pour autant, les petites officines seront toujours des points de repère pour les clients. «Les gens veulent de l’écoute, du conseil, estime ce dernier. Et lorsqu’on est malade, on n’a pas forcément envie de traverser la ville pour payer moins cher. Difficile d’imaginer quelqu’un parcourir plusieurs kilomètres pour acheter des comprimés sans ordonnance… alors qu’il veut soigner une diarrhée ! Concernant les médicament­s remboursés par la Sécurité sociale, les prix sont les mêmes partout en France. Donc il n’y a pas à rechercher le meilleur prix. Ce n’est pas là-dessus que cela se joue mais les malades ont besoin d’être conseillés, de savoir comment bien prendre leur traitement par exemple. » Pour l’instant, les malades n’ont pas déserté les pharmacies. Le conseil des profession­nels reste primordial dans l’acte d’achat de médicament­s sans ordonnance. Mais quid de demain ? Vont-ils réussir à faire face aux géants de la vente par correspond­ance comme les libraires ? Personne n’a pour l’heure la réponse.

 ?? (Photo d’illustrati­on Éric Dulière) ?? Les médicament­s prescrits par le médecin ont un prix fixe décidé par l’Etat. Les pharmacies décident des tarifs des autres produits vendus, des complément­s alimentair­es et passant par les produits d’hygiène ou de beauté. C’est là-dessus que la...
(Photo d’illustrati­on Éric Dulière) Les médicament­s prescrits par le médecin ont un prix fixe décidé par l’Etat. Les pharmacies décident des tarifs des autres produits vendus, des complément­s alimentair­es et passant par les produits d’hygiène ou de beauté. C’est là-dessus que la...

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