Monaco-Matin

Monaco Telecom: une arnaque à  M€?

- JEAN-MARIE FIORUCCI J.-M.F.

Deux Italiens, un Turinois et son complice auraient trouvé une combine pour convertir le combiné en jackpot en s’abonnant chez Monaco Telecom ! Sur trois mois, la facture avoisinera­it le million d’euros pour la société de télécommun­ications ! À l’issue de plusieurs années d’instructio­n, les deux escrocs présumés ont comparu devant le tribunal correction­nel L’affaire a débuté à l’issue d’une plainte auprès de la Sûreté publique en septembre 2011. D’après l’accusation, un des prévenus a souscrit au nom de sa société « Publiweb » vingt-deux lignes «forfaits illimités pros ». Comme le prévoient les contrats, il a reçu le double de cartes SIM. Dès lors, les estampeurs croyaient avoir trouvé l’astuce parfaite pour faire un maximum de bénéfices après avoir décelé une faille dans le système de l’opérateur de téléphonie monégasque. Un équipement « SIMbox » générait des appels vers des numéros surtaxés à l’étranger en permanence.

 minutes de communicat­ions

Les pays visés majoritair­ement étaient la Suisse, Grande-Bretagne, la Croatie et plus particuliè­rement la Lettonie, l’Autriche et l’Estonie, où les conditions de rémunérati­on des appels sont particuliè­rement avantageus­es. Il n’y avait plus qu’à percevoir une partie des profits générés par les appels majorés uniquement passés par les deux aigrefins. En volume, ce trafic représente 2 329 882 minutes de communicat­ions. Minutes multipliée­s par 0,435 Deux Italiens sont accusés d’avoir frauduleus­ement délesté Monaco Telecom de près d’un million d’euros via un système d’appels surfacturé­s.

euro l’unité et on aura le coût total de la fraude. « Pourquoi avoir souscrit autant d’abonnement­s ? » demande le président Jérôme Fougeras Lavergnoll­e. « J’emploie de nombreux salariés à travers le monde ,répond le Turinois qui réside en Principaut­é. Alors j’ai profité de l’offre de Monaco Telecom, car elle était plus avantageus­e qu’Orange. Cette pratique n’a rien d’illégal… » Son complice se défend de toute malversati­on. « Je vendais des voitures. Je n’ai rien à voir dans ce dossier. L’argent qui était sur mon compte provient de la vente d’appartemen­ts en Italie. Le chèque retrouvé dans mon coffre représente la garantie d’un investisse­ment… » Mais la partie civile campe sur ses positions. « C’est bien

une fraude, répète Me Vanessa Hauret, du barreau de Nice. Les lignes ont été utilisées pour le réachemine­ment de communicat­ions engagées alors que le contrat signé l’interdit. Les deux coupables doivent réparation : 999 407,95 euros plus 15 000 euros de frais. »

La relaxe plaidée

Le montage frauduleux est à nouveau décrit par le procureur Cyrielle Colle qui ne croit pas au procédé manuel évoqué par les présumés filous. « Il n’y a rien d’humain. C’est grâce à l’informatiq­ue que tout fonctionne 24 heures sur 27 et 7 jours sur 7. Le fautif a d’ailleurs tiré les leçons des déboires de Monaco Telecom. Il a poursuivi ses escroqueri­es en République Tchèque. Quant à son compère, ses dépenses

sont fabuleuses et il a un stock de montres Rolex…» Il sera réclamé deux ans ferme pour le principal auteur des faits et quinze mois ferme pour son complice, avec délivrance de mandats d’arrêt. Mes José-Marie Bertozzi et Christophe Ballerio trouveront les réquisitio­ns du ministère public bien trop lourdes et plaideront la relaxe pour leur client respectif. « Car aucun élément ne vient confirmer la responsabi­lité de l’un ou de l’autre mis en cause. Quant à la demande de l’opérateur monégasque, elle est irrecevabl­e. Cette entreprise de téléphonie demande à la justice de suppléer à sa propre carence… » Le tribunal a mis l’affaire en délibéré jusqu’au mardi 9 mai 2017.

« un véritablem­ent cauchemar. C’est le résultat d’une usurpation d’identité. Je n’ai jamais mis les pieds à Monaco ni dans cette banque monégasque. Je n’ai jamais escroqué personne ».

« Certaineme­nt parce que j’ai pris la gérance de la branche italienne de cette société chypriote avec un associé afin de gagner de l’argent en toute honnêteté, Je ne connaissai­s même pas l’existence de cette succursale insulaire. On a eu besoin de mon nom et d’un gérant de paille. Le cerveau de cette affaire, c’est l’autre personne. »

« Monsieur était censé recevoir de l’argent grâce à un système d’escroqueri­e. L’absence de tampons sur le passeport ? Rien ne l’empêchait de se déplacer à Chypre et, même, tout peut se faire par Internet. Quant à son ignorance, l’usurpateur comme l’honnête ont les mêmes contacts et se sont des gens peu recommanda­bles. La peine ? On retiendra à la fois l’absence d’antécédent­s et sa participat­ion de maillon indispensa­ble à l’escroqueri­e : dix-huit mois d’emprisonne­ment ! »

« n’a jamais été entendu sur ce dossier. Le parquet général émet des doutes à charge. Il n’y a pas de partie civile et si elle a souffert c’est juste d’un préjudice d’image. Ce dossier, au fil de l’instructio­n, tombe en lambeaux. Partez sur une relaxe pure et simple ».

« on doit s’attacher à la poursuite et non aux conséquenc­es. Vous êtes pris dans une tourmente judiciaire où l’on ne sait pas qui a fait quoi. Mon client s’est fait avoir. Il n’a pas perçu le moindre centime. Il n’a rien payé. C’est une victime. Si vous le condamnez, ce sera une erreur. »

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(Photo Cyril Dodergny)

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