Monaco Telecom: une arnaque à M€?
Deux Italiens, un Turinois et son complice auraient trouvé une combine pour convertir le combiné en jackpot en s’abonnant chez Monaco Telecom ! Sur trois mois, la facture avoisinerait le million d’euros pour la société de télécommunications ! À l’issue de plusieurs années d’instruction, les deux escrocs présumés ont comparu devant le tribunal correctionnel L’affaire a débuté à l’issue d’une plainte auprès de la Sûreté publique en septembre 2011. D’après l’accusation, un des prévenus a souscrit au nom de sa société « Publiweb » vingt-deux lignes «forfaits illimités pros ». Comme le prévoient les contrats, il a reçu le double de cartes SIM. Dès lors, les estampeurs croyaient avoir trouvé l’astuce parfaite pour faire un maximum de bénéfices après avoir décelé une faille dans le système de l’opérateur de téléphonie monégasque. Un équipement « SIMbox » générait des appels vers des numéros surtaxés à l’étranger en permanence.
minutes de communications
Les pays visés majoritairement étaient la Suisse, Grande-Bretagne, la Croatie et plus particulièrement la Lettonie, l’Autriche et l’Estonie, où les conditions de rémunération des appels sont particulièrement avantageuses. Il n’y avait plus qu’à percevoir une partie des profits générés par les appels majorés uniquement passés par les deux aigrefins. En volume, ce trafic représente 2 329 882 minutes de communications. Minutes multipliées par 0,435 Deux Italiens sont accusés d’avoir frauduleusement délesté Monaco Telecom de près d’un million d’euros via un système d’appels surfacturés.
euro l’unité et on aura le coût total de la fraude. « Pourquoi avoir souscrit autant d’abonnements ? » demande le président Jérôme Fougeras Lavergnolle. « J’emploie de nombreux salariés à travers le monde ,répond le Turinois qui réside en Principauté. Alors j’ai profité de l’offre de Monaco Telecom, car elle était plus avantageuse qu’Orange. Cette pratique n’a rien d’illégal… » Son complice se défend de toute malversation. « Je vendais des voitures. Je n’ai rien à voir dans ce dossier. L’argent qui était sur mon compte provient de la vente d’appartements en Italie. Le chèque retrouvé dans mon coffre représente la garantie d’un investissement… » Mais la partie civile campe sur ses positions. « C’est bien
une fraude, répète Me Vanessa Hauret, du barreau de Nice. Les lignes ont été utilisées pour le réacheminement de communications engagées alors que le contrat signé l’interdit. Les deux coupables doivent réparation : 999 407,95 euros plus 15 000 euros de frais. »
La relaxe plaidée
Le montage frauduleux est à nouveau décrit par le procureur Cyrielle Colle qui ne croit pas au procédé manuel évoqué par les présumés filous. « Il n’y a rien d’humain. C’est grâce à l’informatique que tout fonctionne 24 heures sur 27 et 7 jours sur 7. Le fautif a d’ailleurs tiré les leçons des déboires de Monaco Telecom. Il a poursuivi ses escroqueries en République Tchèque. Quant à son compère, ses dépenses
sont fabuleuses et il a un stock de montres Rolex…» Il sera réclamé deux ans ferme pour le principal auteur des faits et quinze mois ferme pour son complice, avec délivrance de mandats d’arrêt. Mes José-Marie Bertozzi et Christophe Ballerio trouveront les réquisitions du ministère public bien trop lourdes et plaideront la relaxe pour leur client respectif. « Car aucun élément ne vient confirmer la responsabilité de l’un ou de l’autre mis en cause. Quant à la demande de l’opérateur monégasque, elle est irrecevable. Cette entreprise de téléphonie demande à la justice de suppléer à sa propre carence… » Le tribunal a mis l’affaire en délibéré jusqu’au mardi 9 mai 2017.
« un véritablement cauchemar. C’est le résultat d’une usurpation d’identité. Je n’ai jamais mis les pieds à Monaco ni dans cette banque monégasque. Je n’ai jamais escroqué personne ».
« Certainement parce que j’ai pris la gérance de la branche italienne de cette société chypriote avec un associé afin de gagner de l’argent en toute honnêteté, Je ne connaissais même pas l’existence de cette succursale insulaire. On a eu besoin de mon nom et d’un gérant de paille. Le cerveau de cette affaire, c’est l’autre personne. »
« Monsieur était censé recevoir de l’argent grâce à un système d’escroquerie. L’absence de tampons sur le passeport ? Rien ne l’empêchait de se déplacer à Chypre et, même, tout peut se faire par Internet. Quant à son ignorance, l’usurpateur comme l’honnête ont les mêmes contacts et se sont des gens peu recommandables. La peine ? On retiendra à la fois l’absence d’antécédents et sa participation de maillon indispensable à l’escroquerie : dix-huit mois d’emprisonnement ! »
« n’a jamais été entendu sur ce dossier. Le parquet général émet des doutes à charge. Il n’y a pas de partie civile et si elle a souffert c’est juste d’un préjudice d’image. Ce dossier, au fil de l’instruction, tombe en lambeaux. Partez sur une relaxe pure et simple ».
« on doit s’attacher à la poursuite et non aux conséquences. Vous êtes pris dans une tourmente judiciaire où l’on ne sait pas qui a fait quoi. Mon client s’est fait avoir. Il n’a pas perçu le moindre centime. Il n’a rien payé. C’est une victime. Si vous le condamnez, ce sera une erreur. »