Monaco-Matin

Pour les patrons azuréens, il n’y a que Fillon ou Macron

Philippe Renaudi, président de l’UPE 06, s’est penché sur les projets économique­s des candidats. L’entité patronale donne une consigne en creux: ne voter ni Le Pen, ni Mélenchon, ni Hamon

- THIERRY PRUDHON tprudhon@nicematin.fr

Philippe Renaudi, le président de l’Union pour l’entreprise 06, le Medef azuréen, fait ces temps-ci un cauchemar : un second tour de la présidenti­elle opposant Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon. « Si c’est le cas, rigole-t-il jaune, je m’exile dès lundi à Bordighera ! » Le patron des patrons maralpins a épluché les programmes des cinq candidats les mieux placés dans les sondages. Et son verdict est sans surprise. Pour lui, économique­ment parlant, il n’y a que deux postulants crédibles : Fillon et Macron. « Nous ne donnons pas de consigne de vote, précise Philippe Renaudi, mais nous incitons patrons et salariés à aller voter. » De préférence, on l’aura compris, pour l’un des deux candidats précités, « qui s’inscrivent dans l’économie de marché et dans l’Europe ». Car a contrario, si l’UPE veut faire passer un message, c’est de ne surtout pas voter pour ceux que Philippe Renaudi qualifie volontiers de « guignols » ou de « comiques », Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. «En voulant sortir de l’euro, ils se trompent de combat. Le franc sera dévalué et nous perdrons encore en pouvoir d’achat, ce sera une catastroph­e pour notre économie. » Benoît Hamon ? L’abandonnan­t à ses sondages quasi désespérés, Philippe Renaudi le passe rapidement par pertes et profits : « Il est dans un scénario destructeu­r pour l’économie française. Il dit que le travail c’est la souffrance et que, de toute façon, il n’y a plus de travail. À partir de ce postulat-là, on ne peut rien construire de bon. » Ne restent donc que Macron et Fillon. On sent percer chez le président de l’UPE une légère préférence pour François Fillon, « le plus cohérent, d’un point de vue économique s’entend », à cette nuance surprenant­e près : « Son seul point noir, c’est de vouloir la fin des 35 heures. Or, il n’y a pas besoin de les supprimer. Comme veut le faire Macron, on peut les garder, tout en laissant en aval les entreprise­s mener leur barque comme elles le souhaitent. » Chez Emmanuel Macron, il regrette en revanche la volonté d’accorder le droit au chômage aux salariés démissionn­aires et de concentrer les baisses de charges sur les bas salaires uniquement.

Simplifica­tion

Philippe Renaudi, accompagné par Honoré Ghetti, viceprésid­ent de l’UPE 06 et président de la Confédérat­ion des petites et moyennes entreprise­s de Paca, a profité de ce point présidenti­el pour rappeler les principale­s revendicat­ions des patrons locaux. Ils misent d’abord sur l’Europe, « une solution et une force pour les entreprise­s». Ils aspirent ensuite à «une nécessaire réforme fiscale et une baisse des charges, tant salariales que patronales ». « Un salarié français qui perçoit 100 coûte 180 à son entreprise », déplore Honoré Ghetti, Philippe Renaudi stigmatisa­nt «des entreprise­s soumises à un trop-plein de charges et cotisation­s ». Les deux hommes réclament également une simplifica­tion des normes, casse-tête récurrent des entreprene­urs, et un allégement plus poussé du Code du travail «qui n’incite pas les petits patrons à prendre des risques pour embaucher, alors que 70 % des salariés travaillen­t dans des PME et TPE». Ils souhaitent enfin que la formation colle une fois pour toutes au travail. « Il faut arrêter d’envoyer les jeunes dans des facs sans débouchés», pestent-ils, citant «un chef d’entreprise de Sophia qui cherche 35 informatic­iens et ne parvient pas à les trouver ».

 ?? (Photo T. P.) ?? Honoré Ghetti et Philippe Renaudi, vice-président et président de l’UPE .
(Photo T. P.) Honoré Ghetti et Philippe Renaudi, vice-président et président de l’UPE .

Newspapers in French

Newspapers from Monaco