Législatives anticipées au Royaume-Uni
La Première ministre conservatrice britannique Theresa May a créé la surprise, hier, en appelant à la tenue d’élections législatives anticipées le 8 juin, un pari destiné à renforcer sa majorité parlementaire en vue des négociations du Brexit. Les divisions au parlement de Westminster « menacent nos chances de faire du Brexit un succès. Organiser ces élections est l’unique moyen d’assurer la stabilité pour les années à venir », a-t-elle expliqué dans une déclaration solennelle devant sa résidence officielle du 10, Downing Street. Pour valider la tenue du scrutin, trois ans avant sa date prévue en 2020, Mme May doit encore obtenir, aujourd’hui, l’aval de la chambre basse du parlement à la majorité des deux tiers. Cela ne devrait pas poser de problème puisque le leader de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn, a immédiatement «accueilli favorablement» l’annonce, alors même que son parti est au plus bas dans les sondages. La Chambre des Communes sera dissoute le 2 mai, a précisé le chef du groupe conservateur David Lidington. 2017 sera ainsi la quatrième année de suite marquée par un vote crucial pour l’avenir du Royaume-Uni, après le référendum sur l’indépendance de l’Ecosse en 2014, les législatives de 2015 et le référendum sur le Brexit en juin 2016. La perspective d’élections pouvant renforcer l’assise politique de la Première ministre a aussitôt fait grimper la livre sterling qui a atteint son plus haut en deux mois face au dollar, le jour-même où le FMI relevait ses prévisions de croissance pour le pays à 2% en 2017, vu la solidité de l’activité économique. Côté UE, avec laquelle les négociations devraient commencer fin mai/début juin pour un divorce effectif prévu pour fin mars 2019, le scrutin anticipé « ne change pas les plans » des 27, a réagi un porte-parole du président du Conseil européen Donald Tusk.
Enième rebondissement
« C’est Hitchcock qui a réalisé le Brexit : d’abord un séisme, puis la tension monte », a ironisé M. Tusk sur son compte Twitter après ce énième rebondissement depuis le référendum du 23 juin. Plus sérieusement, le chef de la diplomatie allemande Sigmar Gabriel a espéré que ces élections apportent « plus de clarté et de prévisibilité » dans les négociations avec l’UE. Mme May compte tirer profit de la faiblesse des travaillistes dans les sondages pour asseoir son autorité et conforter sa majorité. D’autant qu’elle a pris les rênes de l’exécutif, sans être élue, quelques jours après le coup de tonnerre du référendum qui a entrainé la démission de son prédécesseur David Cameron.