Monaco-Matin

Delphine et Yvan, match retour

- C. C. PH. D.

En 1962, Ethan, 8 ans (Bryce Gheisar), recueille un chiot nommé Bailey. Au fil des années, des liens très forts se nouent entre eux... Jusqu’au jour où, le désormais adolescent (K.J. Apa) doit se résoudre à laisser partir Bailey, âgé et malade. Et si le départ de l’animal n’était en fait qu’un commenceme­nt ? Réincarné tour à tour en berger allemand, Selon le dicton, les chats ont sept vies, mais apparemmen­t, les chiens aussi ! Que ce soit dans Le Teckel de Todd Solondz ou donc chez Lasse Hallström, nos amis aboyeurs changent de pelage à foison et passent de maître en maître avec plus ou moins de réussite. Et autant le ton irrévérenc­ieux du cinéaste indépendan­t américain débouchait sur un pur délice filmique, autant chez son confrère suédois, l’exercice est peu subtil. Taillé pour le public familial, mais formaté, Mes vies de chien (qui n’a aucun rapport avec Ma vie de chien, qu’il signait en 1985) cumulent trop de stéréotype­s. Le parcours est balisé, tout comme le propos sur le sens de la vie, le fameux « il faut profiter du temps présent »… rabâché par la voix off du toutou, quand elle ne surligne pas ce qui se déroule sur l’écran. Peu percutant, ce faux feel-good movie, se trouve néanmoins un intérêt dans le final, lorsqu’il ose enfin s’attarder sur l’humain, en montrant un Dennis Quaid rongé par la vie, enfermé dans sa demeure isolée, ne s’étant jamais remis d’un événement marquant de sa jeunesse. Mais heureuseme­nt, ce cher Bailey sera là, une fois encore… Et la musique sirupeuse aussi. Delphine (Louise Bourgoin) et Yvan (Gilles Lellouche) divorcent. Alors que sa situation financière ne lui permet pas de retrouver un logement, Yvan se rappelle qu’il détient 20 % de la maison de son ex-femme. Il revient alors vivre chez Delphine, dans ses 20 %. Les deux ex vont découvrir les joies de la colocation forcée… « L’économie du couple », surtout lorsqu’il se sépare, voilà un sujet qu’il est moderne ! Joachim Lafosse en a même fait un très bon film, avec Bérénice Béjo et Cedric Kahn… Dominique Farrugia s’y colle à son tour, avec un peu moins de réussite, mais avec un casting peut être plus bankable. Gilles Lellouche et (surtout) Louise Bourgoin sont excellents dans leur partition habituelle : lui, en looser hétéro beauf, elle en working girl pète-sec. Rien à redire : leurs prises de becs offrent les meilleures scènes de comédie. C’est plutôt du côté de la mise en scène que ça pêche… Par manque de pêche, justement ! Dans le genre, Papa ou maman 1 et 2 déménageai­ent autrement et le ton était nettement plus corrosif. On pouvait espérer plus de gnaque d’un ex-Nul. Dominique Farrugia, dont c’est le septième long-métrage, en profite pour retrouver les personnage­s de sa première comédie, Delphine 1 Yvan 0. Vingt ans après, le score est inchangé. On évite le nul, c’est déjà ça…

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