Monaco-Matin

Ils avaient percuté à Beaulieu un scooter et pris la fuite : trente mois de prison ferme

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

C’est l’histoire lamentable de la lâcheté ordinaire. Deux hommes, venus s’encanaille­r sur la Côte d’Azur, avaient sans doute trop bu la nuit de l’accident, le 18 juin de l’année dernière. Le conducteur a doublé sur une ligne continue en pleine nuit et en plein virage au volant d’une Mini Cooper qu’un ami venait de lui prêter. Anthony, 22 ans, chef de rang d’un établissem­ent monégasque, rentrait du travail au guidon de son scooter 50 cm³. Le choc a été effroyable à hauteur du 5 de l’avenue Alsace-Lorraine à Beaulieu-surMer. Le jeune homme, percuté de plein fouet, a été laissé pour mort au milieu de la chaussée. Le conducteur et son passager ont abandonné le véhicule et pris la fuite à pied. Des images de vidéosurve­illance en attestent. Ils pensaient peut-être s’en tirer à bon compte. C’était sans compter sur la pugnacité des gendarmes de Beaulieu-sur-Mer. Après neuf mois d’enquête, ils ont fini par identifier le mois dernier les occupants du véhicule.

Les deux hommes incarcérés

Pendant que leur victime subissait des opérations en cascade et une longue et incertaine rééducatio­n, eux avaient repris leur travail comme si de rien n’était. Mason Prestot, 27 ans, manutentio­nnaire en Normandie, François Taïcon, 47 ans, commerçant ambulant en région parisienne, ont payé cher hier leur absence de scrupule. Le tribunal correction­nel présidé par David Hill les a tous deux condamnés à trois ans de prison dont 30 mois ferme et deux ans de mise à l’épreuve. Peine à exécuter immédiatem­ent. Le permis de conduire de Mason Prestot a été annulé. Anthony, cloué pour l’instant dans une chaise roulante, n’a aucun souvenir de l’accident. Il est venu au procès des deux prévenus jugés pour blessures involontai­res, délit de fuite et non assistance à personne en danger. «Je ne pense pas pouvoir reprendre mon travail qui est physiqueme­nt exigeant», confie-t-il en aparté, entouré de sa famille. Son conseil, Me Perret, a stigmatisé « l’attitude indigne » des prévenus : « On lui a réservé un traitement que l’on ne réserve même pas à un animal. » Le procureur Sylvie Canovas a rappelé que certes, «les blessures sont non intentionn­elles », mais deux circonstan­ces aggravante­s ont été commises, elles, volontaire­ment : «La fuite alors que le code de la route impose de porter secours et le franchisse­ment délibéré d’une ligne continue. » Le ministère public avait demandé 3 ans dont six mois avec sursis à l’encontre du conducteur, 18 mois dont six mois avec sursis contre le passager. Les plaidoirie­s de Me JeanYves Lienard, pour le passager et de Jean-Denis Flori pour le conducteur, n’ont pas infléchi le tribunal. D’autant que les deux fuyards avaient déjà été, par le passé, condamnés pour conduite en état d’ivresse.

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(DR) Les deux hommes avaient abandonné la voiture sur place, avenue Alsace-Lorraine, ainsi que leur victime.

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