Monaco-Matin

Cité U à Nice : des mineurs isolés accueillis en urgence

Des dizaines de «mineurs non accompagné­s» sont en « évaluation » à la résidence universita­ire Jean-Médecin. Depuis le 1er janvier, 289 mineurs ont été pris en charge dans les Alpes-Maritimes

- STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr

Non, ils ne viennent pas de Calais. Non, ils n’ont pas investi les lieux à la hussarde. Et non, ils n’ont pas pris la place d’étudiants français. Personne n’a été contraint de laisser sa chambre à la cité universita­ire Jean-Médecin pour faire de la place à un… migrant. Depuis quelque temps, les rumeurs dans le quartier alimentent une certaine psychose. Les riverains sont inquiets et le font savoir. Certains étudiants s’interrogen­t sur d’éventuels privilèges qui leur seraient accordés. Et veulent des réponses. Que font des « étrangers » dans leur cité U ? Car, oui, des mineurs non accompagné­s – terminolog­ie froide pour parler d’enfants isolés – sont actuelleme­nt accueillis dans des chambres de la résidence universita­ire Jean-Médecin. Ils seraient actuelleme­nt 28, selon une source interne à l’établissem­ent. Mais ce nombre fluctue régulièrem­ent.

Aucun étudiant lésé

Cinquante places sont dédiées à Jean-Médecin en tant que « structure d’accueil temporaire de première urgence ». Elles sont mises à dispositio­n du conseil départemen­tal des Alpes-Maritimes, qui, dans ses compétence­s, s’occupe de la protection sociale à l’enfance. Les enfants et adolescent­s, placés de manière temporaire dans ces chambres, le sont en vue d’être « évalués ». Il s’agit de déterminer leur état de santé, mais aussi leur état psychologi­que. Il faut également savoir s’ils parlent français. Et décider s’ils peuvent déposer une demande d’asile. Ensuite, ces mineurs en souffrance seront, ou pas, accueillis dans des établissem­ents de longue durée d’aide sociale à l’enfance, sur décision d’un juge.

Entre  et  ans

Leur placement en cité U, dans des chambres réservées et qui ne comptent pas dans le contingent “étudiant”, répond à une urgence absolue. Et légale. Ces mineurs ont entre 15 et 18 ans. Ils viennent quasi exclusivem­ent de pays d’Afrique noire, ou encore d’Érythrée. Entre le 1er janvier et le 7 avril, 289 nouveaux enfants ou adolescent­s étrangers ont été pris en charge par la collectivi­té départemen­tale. Cent quatre-vingt-six sont, depuis, sortis du système. 103 mineurs isolés sont donc toujours sur le territoire des AlpesMarit­imes. Lors de la dernière séance plénière, Eric Ciotti avait lancé un appel à la solidarité nationale. Le « Départemen­t assume ses compétence­s et le fait avec sens du devoir », avait-il déclaré. Mais, selon les services départemen­taux, les structures d’accueil sont actuelleme­nt saturées. Eric Ciotti a, du coup, écrit au gouverneme­nt pour lui demander d’assumer ses responsabi­lités. « L’état nous aide bien peu pour faire face à cette pression migratoire sans précédent que subissent les Alpes-Maritimes. » Le président du départemen­t avait aussi dénoncé « les passeurs qui jettent sur les routes des enfants au péril de leur vie ».

« mineur privé temporaire­ment ou définitive­ment de la protection de sa famille ».

« Tout enfant qui est temporaire­ment ou définitive­ment privé de son milieu familial, ou qui dans son propre intérêt ne peut être laissé dans ce milieu, a droit à une protection et une aide spéciales de l’État. »

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(Photo Patrice Lapoirie) D’autres résidences du départemen­t sont aussi structures d’accueil temporaire de première urgence.
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