Dominique Lapierre : bataille autour d’un empire
L’écrivain à succès et bienfaiteur des indigents en Inde, très diminué depuis une chute, est sous protection de la justice varoise. Des questions se posent sur l’avenir de son association
Dominique Lapierre, 85 ans, l’auteur de Paris brûle-t-il ?, La Cité de la Joie, best-sellers mondiaux devenus films à succès, se retrouve malgré lui, au coeur de plusieurs procédures judiciaires. Pensionnaire d’un établissement pour personnes âgées dépendantes de la région, l’ancien reporter reste confiné dans sa chambre. Seule sa fille, la romancière Alexandra Lapierre, son épouse Dominique Lapierre et quelques amis fidèles viennent lui rendre visite. L’ancien grand reporter de Paris-Match qui, sans relâche, est venu en aide aux enfants de Calcutta et aux plus démunis du golfe du Bengale, est depuis mai 2014 sous la protection de la justice varoise. Il venait de voter aux élections législatives de 2012 à Ramatuelle, ville où il demeure et rentrait à pied quand il a lourdement chuté. Victime d’un traumatisme crânien, hospitalisé dans un état grave, plongé un temps dans un coma artificiel, Dominique Lapierre n’est plus que l’ombre de lui-même. L’accident lui a laissé des séquelles neurologiques irréversibles.
Une plainte au pénale
D’abord ramené dans sa vaste propriété, son état de santé se dégradait au fil des mois. Au point qu’un juge des tutelles de Fréjus a dû prendre des mesures de protection. Dominique Lapierre et son épouse en .
Dominique Conchon-Lapierre, l’épouse de Dominique Lapierre a été écartée pour être remplacée par une tutrice. « Dominique Conchon-Lapierre a contesté sa mise à l’écart mais la décision des juges des tutelles a été
confirmée par la Cour d’appel d’Aix-en-Provence en janvier 2017 », confirme Me Jean-Louis Daumas-Borelli, l’avocat niçois de la gérante de tutelle de Dominique Lapierre. D’autant qu’Alexandra Lapierre (fille née d’un premier mariage), a déposé une plainte au tribunal de grande instance de Draguignan. Elle reprocherait à sa belle-mère d’avoir prodigué des soins inappropriés à son père. À tel point que l’épouse, qui a partagé cinquante ans de sa vie, ne peut visiter son mari qu’en présence d’une tierce personne. La justice varoise ne se préoccupe pas seulement de la santé physique et mentale de Dominique Lapierre, qui nécessite aujourd’hui l’intervention quotidienne de plusieurs soignants. Elle entend aussi protéger ses biens qui seraient conséquents.
La justice indienne alertée
La gestion du patrimoine de l’écrivain à succès a été confiée dans un premier temps à la fois à une tutrice et à Alexandra Lapierre. La tutrice aux biens, partie à la retraite, a été remplacée par la tutrice à la personne qui travaille de concert avec Alexandra Lapierre. Et ces deux personnes s’interrogent désormais sur le fonctionnement de l’association Action pour les enfants des lépreux de Calcutta, rebaptisée La Cité de la joie et présidée par Dominique Conchon-Lapierre. L’un des généreux donateurs, qui fut un temps secrétaire de l’association, remet également en cause l’utilisation des fonds de l’association et se plaint de ne pouvoir accéder aux bilans comptables « Nous allons faire un signalement aux autorités indiennes, prévient Me Daumas-Borelli. Un bateauhôpital, qui devait être financé par l’association, l’a été finalement par l’État indien. Nous nous posons des questions. » Les actions caritatives en Inde de Dominique Lapierre – le chef-d’oeuvre de sa vie – ne peuvent être entachées du moindre soupçon. C’est le sens des actions de l’avocat niçois.