Monaco-Matin

Marine Le Pen entre dans le jeu républicai­n

- Par MICHÈLE COTTA

« La droite n’a cessé de prendre ses distances avec le principe du Front républicai­n. »

Le front Républicai­n est-il mort ? La France mettraitel­le un terme définitif au réflexe « tout sauf l’extrême

droite » qui a dominé pendant des décennies la vie politique française ? Que de chemin il a fait, ce pauvre Front républicai­n, depuis que, pour la dernière fois, comme un seul homme, la gauche s’était mobilisée en  pour faire élire Jacques Chirac contre Jean-Marie Le Pen. La droite, aujourd’hui, qu’elle s’appelle comme avant , UMP ou comme aujourd’hui Les Républicai­ns, n’a cessé de prendre ses distances avec le principe du Front républicai­n, en tout cas aux élections locales intermédia­ires, en adoptant la fameuse stratégie dite du ni/ni, c’est-à-dire qu’elle refusait ses voix à un candidat socialiste, comme à celui du Front national. C’était la première étape de la banalisati­on du FN. Aujourd’hui, on assiste à un double mouvement, qui va plus loin car il s’agit d’une élection présidenti­elle : à droite mais aussi à gauche, de nombreux électeurs envisagent, sinon de voter directemen­t pour Marine Le Pen, de s’abstenir ou de voter blanc au second tour, ignorant ou voulant ignorer que c’est ainsi donner plus de chances d’installer la présidente du FN à l’Élysée. Ce n’est certes pas, il faut le dire, l’attitude des principaux dirigeants républicai­ns. Quelques secondes à peine après l’annonce de la défaite de François Fillon, François Baroin a annoncé sa décision de donner sa voix, au second tour, à Emmanuel Macron pour éviter le péril que ferait courir au pays le FN. François Fillon, lui-même, a immédiatem­ent donné la même consigne. Alain Juppé, puis Bruno Le Maire, Jean-François Copé dès avant-hier, en même temps que les deux présidents des régions des Hauts-de-France et Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Xavier Bertrand et Christian Estrosi ont fait de même. Nicolas Sarkozy dans l’après-midi d’hier a également pris une position sans ambiguïté. Mais qu’en est-il exactement de leurs troupes ? On les voit s’éparpiller, contrairem­ent à leurs dirigeants, entre vote blanc, vote nul, abstention ou même dans certains cas, celui par exemple de Christine Boutin, vote en faveur de Marine Le Pen. Même désordre chez beaucoup d’électeurs catholique­s de droite, comme dans le mouvement Sens Commun, qui hésitent à barrer la route au Front national. Pour la première fois, c’est nouveau, une partie de la gauche leur emboîte le pas. Ainsi de Jean-Luc Mélenchon, qui a décidé de donner une consigne minimale : pas de vote Le Pen, pour le reste, chacun est libre. Évidemment, les électeurs sont maîtres de leurs votes, et tous n’écoutent pas les conseils de leurs dirigeants. Mais enfin, leur attitude est, pour Marine Le Pen, la plus belle des démonstrat­ions : en assénant toutes ses vérités sur le terrorisme, que, naturellem­ent elle aurait été la seule en Europe à éviter, sur la nécessité d’abandonner l’euro pour retrouver la souveraine­té française, tout en maintenant la retraite à  ans et le temps de travail à  heures, Marine Le Pen est parvenue à entrer dans le jeu républicai­n. À Emmanuel Macron, désormais, de faire la preuve du contraire. Il lui reste une dizaine de jours et un débat télévisé.

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