Monaco-Matin

« Nous allons enfin parler de politique ! »

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Dans quel état d’esprit abordez-vous cet entre deux tours ? Je suis sereine parce que nous allons pouvoir, enfin, parler de politique et confronter des projets. C’est essentiel, car de ce vote à la présidenti­elle va dépendre l’avenir de notre pays tel que nous le connaisson­s.

Comment résumer la vision de la France que vous défendez, face à celle de votre adversaire? C’est d’un côté la persistanc­e d’un état nation, que je défends, avec son identité, ses valeurs, sa protection sociale… Et de l’autre la transforma­tion de la France en une place de marché financier, livrée à une mondialisa­tion la plus sauvage et la plus brutale, à la dérégulati­on, à la libéralisa­tion de tout, où seuls les plus forts s’en sortiront.

Christine Boutin a appelé à voter pour vous. Espérez-vous d’autres ralliement­s? J’espère surtout que les patriotes prennent conscience de l’importance du choix qui est à faire aujourd’hui. D’autant que, derrière M. Macron, c’est l’oligarchie que l’on voit. Cela va de la CGT au Medef en passant par la commission européenne, par cette «gauche caviar» qui se réunit à la Rotonde. Mais c’est aussi des mouvements beaucoup plus dangereux comme l’Union des organisati­ons islamiques de France (UOIF), qui a clairement appelé à voter pour M. Macron, qui de surcroît est depuis très longtemps le candidat de François Hollande. Il suffit de réécouter l’interventi­on de Ségolène Royal lundi matin en parlant de «notre candidat»... () Le choix que les Français ont à faire va avoir des conséquenc­es très fortes.

Vous ne répondrez pas sur le ralliement de Christine Boutin ? Chacun sait que Mme Boutin et moi avons des divergence­s assez profondes mais je préfère être soutenue par Mme Boutin que par Hani Ramadan ().

Certains filloniste­s sont prêts à voter Marine Le Pen «contre» Emmanuel Macron. Là encore, c’est un vote de rejet plus qu’un vote d’adhésion. Vous en pensez quoi ? Au premier tour d’une élection présidenti­elle on choisit, au deuxième on écarte. Et il faut écarter le projet le plus dangereux pour le pays. Les électeurs de M. Fillon ont bien conscience de la dangerosit­é d’un projet qui vise non seulement à poursuivre la politique Hollande mais à en accélérer le processus qui a horrifié les électeurs de droite pendant cinq ans.

Dès lors que l’on parle d’un vote de rejet, comment devenir la présidente du rassemblem­ent? Mais enfin, un deuxième tour de présidenti­elle, c’est toujours comme ça ! Moi je veux rassembler les patriotes, de droite comme de gauche. Ceux qui pensent qu’il faut à tout prix conserver la nation française avec ses spécificit­és, sa culture, son identité, son organisati­on. Je veux une France sereine, apaisée, qui affirme avec fierté que sa constructi­on qu’elle soit politique, constituti­onnelle, territoria­le, est le fruit d’une sagesse millénaire et je n’entends pas qu’un jeune trader vienne balayer tout cela !

C’est aussi pour rassembler que vous vous êtes mise en congés du Front national? Bien sûr. Je me mets dans les conditions de rassembler tous les Français, quels qu’ils soient, sur un projet clair. Chacun sait ce que je porte comme valeurs, connaît la fermeté du combat que je veux mener pour rétablir la sécurité dans notre pays, y compris la sécurité quotidienn­e. Tout le monde connaît mon attachemen­t à ne pas laisser les plus faibles sur le bord de la route. Vous restez quand même associée à l’image d’un parti qualifié de xénophobe, raciste, fasciste. Est-ce que, sérieuseme­nt, une seule personne peut continuer à utiliser cet argument de raciste alors que je suis arrivée en tête (en nombre de voix Ndlr) dans les départemen­ts d’Outremer, y compris à Mayotte, territoire majoritair­ement musulman ? Votre premier grand meeting a lieu ce soir, à Nice(). La région Paca est importante en terme de potentiel électoral? Toutes les régions le sont, mais c’est une région dans laquelle traditionn­ellement, il y a un lien de confiance fort entre les électeurs et nous. C’est donc un coup de chapeau d’avoir choisi Nice comme l’un des deux lieux de meetings de cet entre deux tours.

Votre directeur de campagne David Rachline, sénateur-maire de Fréjus, est-il appelé à rejoindre votre gouverneme­nt en cas de victoire ? Très certaineme­nt. C’est un homme en qui j’ai toute confiance, qui a des compétence­s solides et sérieuses. Il a démontré ses talents lors de cette campagne. Et en ce qui concerne Marion Maréchal-Le Pen, votre nièce ? Je crois qu’elle n’en a pas le souhait non plus. On voit bien qu’il y une sensibilit­é des Français à l’égard du travail en famille… Mon compagnon a d’ailleurs annoncé qu’il n’entendait pas participer à mon gouverneme­nt de ce fait, et Marion est exactement dans le même état d’esprit.

Votre père a salué votre présence au second tour. Vous êtes-vous personnell­ement parlé depuis dimanche soir ? Non. Nous avons des relations rompues pour l’instant et je ne pense pas que ce soit le père qui a parlé, mais le patriote. Je pense que, malgré les relations difficiles que nous avons, il n’oublie pas qu’il en est un. 1. Sur CNews mardi matin. 2. Hani Ramadan, frère de Tariq, est le controvers­é directeur du Centre islamique de Genève, licencié de l’Instructio­n publique en 2003 pour avoir justifié la lapidation, et frère du non moins controvers­é Tariq Ramadan. 3. Meeting au Palais Nikaïa ce soir à 20 heures.

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