Le faux débat
Le football français aime s’exciter dans le vide à l’heure où son championnat n’a jamais été aussi passionnant et que deux de ses représentants apparaissent en demi-finale d’une Coupe d’Europe. Depuis la déculottée prise au Parc des Princes par l’AS Monaco et ses jeunes de CFA (5-0), le club de la Principauté est victime d’un procès d’intention. On reproche à l’ASM de s’être présentée face au PSG sans munition. Un choix expliqué et assumé par l’ensemble du club depuis plusieurs jours mais qui, visiblement, n’a pas été suffisamment rabâché jusqu’aux oreilles de certains. En zone mixte, le milieu du PSG Marco Verratti ne comprenait toujours pas ce choix et alimentait le débat : « Si j’étais un joueur de Monaco, je serais énervé contre mon club parce que je veux toujours gagner. Ce n’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de disputer une demifinale, le parcours est très compliqué pour en arriver là. Après, c’est bien de faire tourner, mais pas de mettre la CFA. C’était un peu exagéré. Pas très respectueux pour la Coupe de France. C’est leur choix. Mais je pense vraiment que je serais énervé contre mon club si j’étais Monégasque. » Sur le Rocher, tout est pourtant limpide. La décision a d’ailleurs été prise de manière collégiale et unanime. Pour Vadim Vasilyev, vice-président du club, « il est dommage que nous n’ayons pas pu jouer cette Coupe de France à fond, mais à partir du moment où nous sommes qualifiés en demi-finales de la Ligue des champions, que nous sommes dans la lutte pour le titre, il fallait prendre une décision. C’est une décision difficile que j’assume, c’était une décision du club, prise avec le coach et le département médical. Nous sommes l’équipe en Europe qui a joué le plus de matches, nous avons commencé par un tour préliminaire ». Même vision chez Leonardo Jardim, hier, face à la presse à deux jours d’un nouveau match contre Toulouse. « Je n’avais pas d’autres choix, c’est une décision collective. On connaît les joueurs, la charge de travail. Nous avons treize matches d’affilée et ça, c’est chaud. Ceux qui ne comprennent pas ce choix n’ont jamais enchaîné autant de matches à gros enjeux de suite. » Présent également en conférence de presse, le Polonais Kamil Glik n’a pas dérogé à la ligne de conduite du club : « L’équipe d’hier ? Ce sont les choix du club, du coach. Ce qui se dit à l’extérieur ne m’intéresse pas ». Au fond, Monaco avait-il intérêt à tenter le diable sur un déplacement compliqué vu le calendrier infernal qui se présente face à lui ? Non. Fin juillet, quand l’équipe a débuté son troisième tour de préliminaire face à Fenerbahçe, l’effectif n’était pas construit pour jouer toutes les compétitions à fond. Avec les longues blessures (Boschilia, Carrillo), les départs du mercato (Jean, Traoré), et les cadences infernales des dernières semaines, l’ASM a resserré ses objectifs autour de la conquête du titre et la Ligue des champions, soit le Graal de tout footballeur. Au final, Monaco aura joué le jeu jusqu’au bout, repoussant au maximum les limites physiques et mentales de son groupe. Pas certain que tous les clubs français puissent en dire autant depuis dix ans.