Du local dans les assiettes des collégiens azuréens
La plateforme 06 à Table ! lancée en septembre dernier, permet aux élèves de manger sain et local, tout en soutenant la production agricole du département des Alpes-Maritimes
Àl’entrée du box 06 à Table ! au MIN, un petit podium a été monté. « Et au fond, les belles fraises de Gattières ». Le président de la chambre d’agriculture, micro dans une main, désigne de l’autre les cagettes de fruits et légumes empilées avec soin. Il fait faire le tour du propriétaire au président du département et député LR Éric Ciotti, des « jeunes pousses » de Saint-Jeannet aux oeufs de Drap ; les producteurs ont des petits badges et les élus des tabliers blancs. Depuis le mois de septembre dernier, huit cantines de collèges azuréens sont régulièrement approvisionnées en denrées locales. La plateforme 06 à Table!, coordonnée par la chambre d’agriculture et le conseil départemental, permet de faire la liaison entre les gestionnaires des cuisines scolaires des collèges et les producteurs partenaires – ils sont 23 actuellement. « Ça n’a pas été facile », souffle l’un d’eux. Le projet a mis plusieurs années avant d’arriver à maturation. Parce que la filière agricole du département n’était jusqu’alors pas du tout structurée pour garantir un approvisionnement régulier, sécurisé et en volumes suffisants.
« Plus de goût, moins d’empreinte carbone »
« L’intérêt, c’est d’abord de ne pas faire voyager les produits à travers toute la France », explique Florent Cassini, agriculteur à Saint-Jeannet, qui y voit un double avantage immédiat : « Plus de goût et moins d’empreinte carbone ». Il fournit des salades, environ 25 kilos par semaine : « C’est aussi important d’éduquer les enfants à la saisonnalité. Par exemple, on ne produit pas de tomates en hiver. » 06 à Table ! établit un catalogue de produits disponibles à 3 mois, qui sert de base aux collèges pour élaborer leurs menus. La plateforme centralise ensuite les commandes, les producteurs livrent leurs produits dans la chambre froide de la plateforme au MIN. Les lots sont alors contrôlés et reconditionnés en fonction des commandes de chaque établissement, puis livrés. Les délais sont réduits au minimum. « Mes salades ont 24 heures entre la récolte et la livraison », complète Florent Cassini.
La garantie d’un débouché
L’objectif est aussi d’assurer la pérennité de l’agriculture dans un département où la pression foncière a conduit à une réduction des surfaces cultivées. « Installer des jeunes et réduire les friches », plaide Jean-Pierre Clérissi, producteur. Michel Dessus, président de la chambre d’agriculture, répète que le système doit permettre « d’assurer un débouché pour les jeunes agriculteurs en installation ». « Nous inversons cette logique qui a tant fait de mal à notre agriculture et à notre pays », insiste Éric Ciotti, pointant les « centrales d’achat qui pressurisent ». Le département a versé une subvention de 70 000 euros notamment pour recruter l’animateur de la plateforme.
Objectif collèges
Demain, de nouveaux collèges, à Nice, Cannes, Villeneuve-Loubet et Mougins devraient entrer dans le dispositif. À terme, les 72 du département (soit 50 000 collégiens) pourraient être alimentés. À condition que les agriculteurs répondent de plus en plus nombreux, qu’ils élargissent leur gamme de produits et leur rayon d’action : en période estivale, la production est très importante, mais les collégiens, en vacances, ne consomment pas. 06 à Table ! va devoir monter en puissance pour répondre aux marchés publics et s’ouvrir aux centres aérés, centres de loisirs, Ehpad ou encore au restaurant interadministratif du Cadam.