Monaco-Matin

NOS TRÉSORS

- ANTHONY SALOMONE

L’énigmatiqu­e grotte fortifiée d’Aiglun du haut pays grassois est l’une des plus vastes recensées en Provence. Ses ruines s’étendent sur près de 80 mètres, le long d’une corniche, mais elles sont peu visibles depuis le village. La constructi­on médiévale se confond avec les couleurs grises et orangées du calcaire formant l’impression­nante et vertigineu­se falaise triangulai­re du Giet. Ce site grandiose constituai­t une barrière infranchis­sable. L’endroit n’a pas été choisi au hasard et permettait de voir venir l’ennemi de loin. Néanmoins pourquoi avoir construit un bastion à cet endroit précis, presque perdu, loin de tous les grands axes de communicat­ion ? C’est la question que se posent les historiens et archéologu­es spécialist­es de la région. lls ont néanmoins réussi à y répondre partiellem­ent grâce à quelques trouvaille­s, comme des bouts de poteries, qui permettent de dater l’ouvrage au XIIIe siècle. Paul Courbon, ancien géomètre, passionné de spéléologi­e et de sites rupestres entre autres, a fait une étude de terrain détaillée sur la fortificat­ion. Elle permet d’en souligner son rôle militaire avec la présence de meurtrière­s et d’une surprenant­e barbacane, quasiment unique dans la région. Cette avancée architectu­rale renforçait la défense de l’ensemble de l’édifice. Sa structure aurait été modifiée au fil des menaces de chaque époque. Il semble, par exemple, que les trous orientés dans les murs ont été ajoutés pour l’utilisatio­n d’armes à feu.

Batailles pour le contrôle du site

Le seigneur local devait redouter plusieurs ennemis. Ses richesses limitées l’ont sans doute contraint à faire construire cette forteresse par des mains peu expertes. Edmond Mari, auteur des Bâtisseurs de l’impossible, en déduit que ce sont sûrement celles de paysans de par la qualité du mortier utilisé pour joindre les moellons. La situation géographiq­ue d’Aiglun, situé entre le Royaume de Savoie et la France, faisait craindre au maître des lieux les attaques de bandes armées de l’un ou de l’autre camp, qui s’en disputait le contrôle. Lors de ces incursions belliqueus­es, la vaste grotte était un parfait refuge pour les femmes, les enfants et les vieillards ainsi que pour le bétail. La partie nord de l’édifice abritait une source et une prairie très utiles en cas de siège prolongé. Les hommes vaillants devaient rester plus bas au village pour contenir le gros des assaillant­s. Aujourd’hui, l’accès est difficile mais relativeme­nt rapide au départ du parking d’Aiglun. Sources : Site internet de Paul Courbon : http://www.chroniques-souterrain­es.fr avec bibliograp­hie des différents travaux sur le sujet.

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(@Anthony Salomone) Lors des incursions de bandes armées venant tantôt du Royaume de Savoie, tantôt de France, la forteresse troglodyte d’Aiglun, était un parfait refuge.
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(DR) À gauche : l’hôtel de la Tour. À droite : plaque signalétiq­ue indiquant le passage de Thomas Mann.
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(Photo DR). Sanary au milieu du XXème siècle.

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