Monaco-Matin

Ils vivent en Italie et travaillen­t en France

Comme plus de 4 000 Azuréens, ils ont choisi de vivre en Italie. Immobilier moins cher, pas de taxe d’habitation… ce choix leur permet de faire des économies mais aussi de profiter de la dolce vita

- Dossier : Sophie CASALS scasals@nicematin.fr

Accrochée au flanc de la colline, sa maison domine la vallée de la Nervia. C’est là, sur les hauteurs de Vintimille, que Céline Lamy a choisi de vivre. En Italie, la vita é piu bella ou comment se loger sans se ruiner. « J’ai acheté en 2012 cet appartemen­t de 80 m2, enfin il fait un peu moins, 70 m2, si on enlève les parties mansardées. » Un choix réfléchi, après sept années en location dans la région de Vintimille. « Ici pour 500 euros, on a un beau deux pièces, alors qu’en France c’est le prix d’un studio. » Il y a quatre ans, la jolie trentenair­e décide de devenir propriétai­re. Elle tombe sous le charme de cet appartemen­t sous les toits. Elle casse alors son Plan épargne logement et contracte un crédit, aux taux pratiqués en Italie. « Ils étaient à 5,4 %, mais comme ils ont baissé, je vais renégocier, pour faire chuter les mensualité­s qui s’élèvent à 800 euros », note-t-elle. Le prix d’achat ? « 135 000 euros. Avec les travaux l’appart’ m’est revenu à 160 000 euros. Pour le même montant à Menton, j’aurais un studio, au premier étage, sans vue, alors que là... »

Pas de taxe foncière ni d’habitation

De sa terrasse, elle désigne la vue sur la vallée, les montagnes, et à l’horizon, la mer. Accompagné­e de ses chats Maya et Léo, elle poursuit la visite par le jardin, 650 m2 de restanques plantées d’olivier. « Les sangliers ont emporté des murs, il faudra que je les remonte. » Elle s’interrompt pour appeler ses chats : « vieni amore ! ». Histoire de ne pas les déboussole­r, elle préfère leur parler italien. Puis Céline enchaîne, souligne qu’en Italie il n’y a pas de taxe foncière ni d’habitation. «Je dois payer une centaine d’euros par an à la commune pour l’enlèvement des poubelles » .Et basta !

Des prix plus doux en Italie

Si elle a grandi à Draguignan puis Cagnes-sur-Mer, c’est dans un restaurant à Vintimille qu’elle décroche son premier job d’été en 2000. Elle sort, rencontre sa meilleure amie, et renoue avec ses racines. « Mes arrière-grands-parents étaient de la région de Bergamo, il faut croire qu’il y a quelque chose dans les gènes », glisse-telle tout en préparant un espresso. Elle se sent ici chez elle. Sa voisine, qui occupe le rez-dechaussée de la maison, est devenue une amie. Elle sort, fait toutes ses courses dans la banlieue de Vintimille, profitant des prix plus doux pratiqués en Italie. « Sauf l’électricit­é et l’essence qui sont moins chères en France ». Elle continue de travailler en France car les salaires y sont plus élevés. « Je suis vendeuse à Menton dans une boutique de la rue piétonne. Pour éviter les embouteill­ages, et ne pas avoir à payer les péages, j’ai pris un scooter. Je passe par le bord de mer. » Un trajet de 25 minutes via la route « touristiqu­e » dont elle ne se lasse pas. « Le paysage est toujours aussi beau. » Elle paie l’impôt sur le revenu en Italie. « Comme j’ai une petite paie, je suis redevable de l’équivalent d’un mois de salaire. De plus, on a un avantage fiscal, un bonus de 6 000 à 7 000 euros, qui sont retranchés de notre déclaratio­n de revenus. » Si pour Céline Lamy, le bilan est positif, elle tient néanmoins à alerter les actifs français qui travaillen­t à Monaco et souhaitera­ient vivre en Italie. Ils risquent de connaître la même galère qu’elle. « Un Européen qui habite en Italie et travaille à Monaco n’a pas le droit au chômage. » Elle en a fait la triste expérience. Et a décidé de saisir Bruxelles. Parallèlem­ent au bras de fer engagé pour obtenir le paiement de ses indemnités chômage, elle a fait sa demande de nationalit­é italienne. Moyennant 200 euros, elle aura ainsi la double nationalit­é. « Ça ne sera pas rétroactif, mais une fois que je l’aurais, je pourrais de nouveau chercher du travail à Monaco où les salaires sont plus intéressan­ts, sans craindre de me retrouver dans la situation que je viens de vivre. » Malgré cette galère, Céline ne regrette pas d’avoir élu domicile en Italie.

« Ne pas arriver en terrain conquis »

À ceux qui seraient tentés par l’aventure, elle adresse quelques conseils : « apprendre l’Italien, avoir recours à un commercial­ista (sorte d’expert-comptable) pour faire sa déclaratio­n de revenus car les lois changent tout le temps. Cela coûte environ 50 euros, mais c’est un sage investisse­ment si l’on ne veut pas risquer de redresseme­nt financier en cas de fausse déclaratio­n par ignorance. » Dernier conseil : « ne pas arriver en terrain conquis, si on met de la bonne volonté, les Italiens sont très accueillan­ts. » À ces recommanda­tions, PaulHenri et Aline ajoutent : « il ne faut pas hésiter à faire appel à des agences spécialisé­es pour toutes les démarches administra­tives, les papiers, car en passant par elles ça va beaucoup plus vite ».

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(Photos Michael Alesi) Chaque année des Azuréens franchisse­nt la frontière pour venir s’installer en Italie. Plutôt un bon plan à condition de connaître quelques astuces.
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(Photo Philippe Bertini) Céline Lamy travaille à menton et vit sur les hauteurs de Vintimille.
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