Monaco-Matin

Cartel de la drogue à Nice-Nord: la cour d’appel préserve la procédure

- CH. P. CH. P

Dans les coulisses du démantèlem­ent d’un énorme trafic de drogue à Nice en septembre 2016, se joue une farouche bataille judiciaire. Depuis l’interpella­tion d’une dizaine de personnes par la police judiciaire sur commission rogatoire d’un juge d’instructio­n niçois, les avocats de la défense ont soulevé une série de nullités de procédure. L’enjeu était considérab­le puisque cela pouvait réduire à néant un an d’enquête sur l’un des réseaux les mieux organisés de la Côte d’Azur. L’arrêt de la chambre de l’instructio­n (l’organe de contrôle des enquêtes) n’a pas encore été révélé mais les magistrats de la cour d’appel d’Aix-enProvence ont rejeté les demandes des avocats. Ces derniers disposent de cinq jours pour se pourvoir en cassation. Ce seront alors aux juges de la plus haute juridictio­n pénale de décider si cette procédure est régulière ou non, si le code de procédure pénale a été respecté ou non. Si des irrégulari­tés sont établies, elles peuvent annuler les mises en examen. Les onze suspects seraient alors remis en liberté. En attendant, les trafiquant­s présumés Les magistrats d’Aix-en-Provence ont estimé que l’enquête était régulière. Plusieurs avocats ont annoncé leur intention de se pourvoir en cassation.

restent en prison. Ils sont impliqués dans un réseau qui disposait en permanence sur Nice Nord de 500 000 euros de fonds de roulement, d’un stock d’une tonne de cannabis et de plusieurs centaines de kilos de cocaïne. Les perquisiti­ons dans des box avaient permis de mettre la main sur des dizaines d’armes. La plupart des personnes impliquées sont en état de récidive légale et encourent

jusqu’à vingt ans de prison. L’enquête avait débuté par des investigat­ions financière­s sur des bars de nuit de la Côte d’Azur, soupçonnés de blanchir les confortabl­es profits du trafic de drogue. Si l’activité de ces établissem­ents était souterrain­e, le cerveau du réseau était beaucoup moins discret: il roulait en Lamborghin­i. La brigade des « stups » et la brigade d’interventi­on de la PJ de Nice ont réussi un joli coup de filet la semaine dernière. Après des mois de surveillan­ces très discrètes, les policiers ont décidé d’intercepte­r un « go fast ». Autrement dit le convoyage de drogue à bord de puissantes berlines. Les trois voitures remontaien­t d’Espagne. Malgré un armement conséquent à bord des véhicules, les trafiquant­s se sont laissé appréhende­r sans difficulté. S’il n’y avait rien, hormis des armes, dans le véhicule ouvreur et la voiture suiveuse, les enquêteurs ont en revanche découvert 40 kg d’herbe de cannabis et 110 g de cocaïne dans la troisième voiture. La PJ aurait les preuves que cette équipe de malfaiteur­s a effectué plusieurs importatio­ns en deux mois. Au total six personnes ont été arrêtées. Elles ont été présentées ce week-end à un procureur de la Juridictio­n interrégio­nale spécialisé­e de Marseille, chargée de la grande criminalit­é. Ils ont entre 38 et 46 ans. Ils sont tous déjà connus de la justice, originaire­s de Villeneuve-Loubet, Cannes, Antibes et Nice. L’un d’eux était sorti depuis peu d’incarcérat­ion. Cinq d’entre eux ont été placés en détention provisoire ce weekend. Un sixième a été remis en liberté sous contrôle judiciaire. Un juge d’instructio­n a été désigné pour poursuivre les investigat­ions. Lors de l’enquête en amont, le Groupe interventi­on régional (GIR) a été sollicité pour analyser les mouvements de fonds des suspects. C’est ainsi que 60 000 euros, en plus de 10 000 trouvés en perquisiti­on, ont été saisis sur des comptes bancaires.

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