Monaco-Matin

Les enjeux du débat

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Par DENIS JEAMBAR « Ce soir, il est impératif que [Macron] écarte une victoire à la Pyrrhus. »

Si les sondages d’intentions de vote sont aussi fiables qu’au premier tour, le second tour de la présidenti­elle ne devrait pas créer une immense surprise. Certes, Emmanuel Macron a perdu, semble-t-il, un peu de terrain, il n’en demeure pas moins que sa marge de sécurité reste considérab­le : vingt points d’avance sur Marine Le Pen ! Il est difficile de croire que la candidate d’extrême droite puisse inverser le cours du scrutin. Le débat télévisé qui l’opposera, ce soir, à Emmanuel Macron, n’est pas pour autant une rencontre sans enjeu. Tout d’abord, le scénario de ces confrontat­ions n’est jamais écrit d’avance. Chacun des participan­ts peut commettre une faute lourde et y laisser des plumes. Ce risque menace, d’ailleurs, tout autant Marine Le Pen qu’Emmanuel Macron. Certes, la candidate d’extrême droite est dans la position de l’outsider et, à ce titre, peut jouer plus facilement l’offensive mais elle a beaucoup à perdre si elle passe à côté du débat. Même défaite, il lui faut, en effet, pour franchir en juin l’obstacle des élections législativ­es et engranger un nombre significat­if de sièges de députés, obtenir le meilleur score présidenti­el possible. Faute de victoire élyséenne, elle a besoin de préserver une dynamique qui en fasse la principale opposante du nouveau Président et la porte-parole durable des anti-Européens. Il lui faut convaincre qu’elle peut gagner un jour la présidenti­elle et incarner une future alternance. Si elle n’y parvient pas, elle ouvrira un espace à la droite pour se reconstitu­er et verra le Front national reculer. Pour Emmanuel Macron, le droit à l’erreur n’est pas non plus permis. Force est de constater que sa victoire au premier tour ne l’a pas boosté pour le second. Les sondages lui promettent une victoire plus courte que celle annoncée avant le  avril : autour de  % alors que les projection­s prévoyaien­t au moins  %. Comme saisi par l’euphorie de la victoire, sans doute n’a-t-il pas su surfer sur son premier succès et trouver aussitôt un second souffle. Le débat de ce soir est l’occasion pour lui de relancer la machine afin de recreuser l’écart. Il a besoin de la victoire la plus large possible pour se projeter ensuite dans les législativ­es et obtenir une majorité. Car, si le palais de l’Élysée lui est désormais promis par les sondages, il doit déclencher un vote d’adhésion et pas seulement l’emporter grâce au seul rejet de la candidate d’extrême droite. Ce soir, il est impératif qu'il écarte une victoire à la Pyrrhus, c’est-àdire un succès qui ne lui permettrai­t pas de réussir en juin une nouvelle et puissante mobilisati­on autour de son projet. Tout autant que sa victoire, prévisible, c’est aussi son quinquenna­t qu’Emmanuel Macron joue dans cette confrontat­ion télévisée. Il a l’ardente obligation de rassurer, de convaincre et surtout de réveiller l’enthousias­me et l’adhésion bien au-delà des  % d’inscrits qui ont voté pour lui le  avril dernier.

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