L’horreur sous hypnose
Couple mixte, Chris (Daniel Kaluuya) et sa petite amie Rose (Allison Williams) filent le parfait amour. Le moment est donc venu de rencontrer la belle famille, Missy (Catherine Keener) et Dean (Bradley Whitford) lors d’un week-end sur leur domaine dans le nord de l’État. Chris commence par penser que l’atmosphère Nouvelle-Angleterre, XIXe siècle. Dans son pensionnat de jeunes filles de bonne famille, la jeune Emily Dickinson tendue est liée à leur différence de couleur de peau, mais très vite une série d’incidents de plus en plus inquiétants lui permet de découvrir l’inimaginable. Jordan Peele. Cinéphiles retenez bien ce nom-là ! Connu comme humoriste outre Atlantique, le voilà qu’il s’essaie, chapeauté par les producteurs de The Visit, au film d’horreur. Le résultat, dingue et choc est plus que concluant tant les codes du genre sont maitrisés puis détournés avec maestria. La principale force de ce premier long métrage est derrière les sursauts, d’aborder de front deux maux de notre société : le racisme et l’abrutissement des cerveaux souvent générés par la télévision. (Cynthia Nixon) ne cesse de se rebeller contre les discours évangéliques qui y sont professés. Son père (Keith Carradine) se voit contraint de la ramener au domicile familial, pour le plus grand bonheur Sur un scénario malin, mêlant folie, hypnose, chirurgie et en jouant avec l’affect d’un spectateur qui découvre ce monde étrange en même temps que le héros, Daniel Kaluuya, le suspense est à son comble. En multipliant de sa soeur Vinnie (Jennifer Ehle) et de son frère Austin (Duncan Duff). Passionnée de poésie, elle écrit nuit et jour dans l’espoir d’être publiée. Cependant, au plus les années passent, au plus Emily les ruptures de ton, Jordan Peele trouve un équilibre dans son rythme. Quelques jump scares pour mener l’audience en terrain inattendu, de l’humour histoire de détendre l’atmosphère avant de la glacer, L’esprit de Bergman plane au-dessus du huis clos signé Terence Davis. En retraçant l’obsession littéraire de la poétesse américaine, qui ne connut pas le succès de son vivant, le réalisateur remarqué par Sunset song délivre un portrait de femme forte, battante, qui ne cesse de s’enfermer dans la grande demeure familiale et surtout, dans son esprit. A la fois avide de liberté de pensée et à cheval sur certains principes, des personnages à double tranchants et un petit parfum rétro saupoudrent ce thriller qui ne tombe jamais dans l’effet gratuit ni dans la surenchère. L’excellente surprise de ce printemps. Notre avis :