Monaco-Matin

Kristian: sa mélodie en sous-sol est un hommage au grand écran

- A.C.

Deux monstres sacrés, pour une scène finale d’anthologie. Gabin et Delon, qui voient les billets de leur casse s’échapper de leur sac, pour se diluer dans la piscine du casino Palm Beach. Mélodie en sous-sol. Un film culte d’Henri Verneuil sur des dialogues signés Audiard, qui a contribué à écrire la légende de l’établissem­ent Partouche. Avec son inventivit­é coutumière, le dessinateu­r Kristian s’en est inspiré, et son colosse semble le grand écran de nos mémoires cinéphiles. « J’avais déjà vu le film durant mon enfance, et j’ai toujours été fan de Gabin et Audiard. Ah, ces deux gueules, et cette fin énigmatiqu­e…, sourit l’homme à la crinière de lion. « Mélodie en sous-sol, c’était parfait pour illustrer le triple thème de l’exposition Jeux, Hasard et Cinéma ». La réalité a d’ailleurs rejoint la fiction. Car Kristian a rencontré le pompier-plongeur qui, durant le tournage en 1962, a ouvert le fameux sac du fond de la piscine. Aux pieds du colosse repeint couleur bleu chloré, l’accessoire est là, d’où s’échappent les biftons de 500 francs. D’abord petits, puis de plus en plus grands en grimpant sur le torse du géant. Des « Pascal », mais aussi des « Delon » et des « Gabin », dont les visages tirés de l’affiche du film remplacent la trogne de notre philosophe. Il fallait y… penser !

Digne de Michel Audiard !

« Au pochoir, j’ai ajouté le titre du film sur le plateau de lumière que porte le colosse, ainsi que Gabin, Delon, Verneuil, Audiard, Palm Beach et Cannes sur un mode tags, car je voulais que tous ces noms soient symbolique­ment réunis sur l’oeuvre », ajoute celui dont l’humour croque avec acuité l’actualité, notamment dans nos pages. Mais qui a également fait son incursion dans le 7e art, pour dessiner durant plusieurs années dans le journal du Festival. Selon un scénario digne de Michel Audiard. « Dans les années 1990, je m’étais installé parmi des marchands ambulants au pied des marches du Palais, afin de vendre mes dessins. Un policier m’a fait dégager, mais comme il appréciait mes croquis dans NiceMatin, il m’a conseillé d’écrire au Festival pour obtenir une autorisati­on », raconte l’intéressé. La réponse est évidemment Non. Mais Kristian obtient néanmoins un rendez-vous avec le secrétaire général du FIF, pour la scène la plus cocasse de l’histoire : « Il était en train de mettre son noeud pap’parce qu’il était en retard à une projection. Il m’a fait le suivre jusqu’aux toilettes. Et là, alors que j’étais un peu méfiant, tandis qu’il se soulageait dans la pissotière, il a tourné la tête et m’a dit : Ça vous dirait d’être le dessinateu­r officiel du journal du Festival ? ». Drôle de mélodie en sous-sol !

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Kristian a ressuscité les billets de  francs pour son géant.

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