Monaco-Matin

Le Pen/Macron : foire d’empoigne

- Par DENIS JEAMBAR

C’est un constat presque aussi vieux que l’élection présidenti­elle au suffrage universel : sauf en ,  et , puisqu’il n’y en eut pas, le débat de l’entredeux-tours n’a jamais renversé le cours des scrutins élyséens. Il est donc hautement probable que l’affronteme­nt très âpre auquel nous avons assisté hier soir n’empêchera pas Emmanuel Macron de l’emporter dimanche prochain comme l’annoncent tous les sondages. Plus sérieuse est la question des conséquenc­es de ce face-à-face inédit sur le score final final de chacun. Nul doute que Marine Le Pen ait abordé cette ultime confrontat­ion en espérant à la fois emporter le match télévisuel et créer une monumental­e surprise. Tâche impossible. Mais en donnant le sentiment de se battre jusqu’au bout pour triompher dimanche, elle a cherché à réduire l’écart qui la sépare du vainqueur annoncé. Enjeu fondamenta­l pour elle si elle veut faire entrer son parti à l’Assemblée nationale en juin et devenir la première force d’opposition. Elle a pour cela utilisé dans ce débat toutes les ficelles qui éclairent sa présence au second tour. Marine Le Pen profère des affirmatio­ns fausses, avance des réformes floues et non financées, lance des attaques qui sont en général des contre-vérités parées des atours du bon sens. Elle se moque des faits pour essayer de mobiliser la masse impression­nante des Français qui ont le sentiment d’être abandonnés. Pour parvenir à ses fins, elle déforme la réalité, exploite les peurs et multiplie les promesses démagogiqu­es. Ce qu’elle dit n’est pas crédible, notamment sur l’euro, mais repose sur un redoutable syllogisme : tout ce que propose mon adversaire, héritier de François Hollande, a déjà été essayé et a échoué, donc votez pour moi qui vous propose ce que personne n’a tenté jusqu’à présent. Cherchant sans cesse à discrédite­r son adversaire, jamais elle n’a réussi cependant à le désarçonne­r. Le candidat d’« En marche ! » ne pouvait pas perdre, hier soir, l’élection mais il lui fallait remplir un triple objectif : gagner ses galons de président au-delà des électeurs conquis au premier tour ; démontrer sa sensibilit­é aux questions sociales ; déclencher une nouvelle dynamique. Bref, échapper à l’accusation d’élitisme et d’arrogance. Peut-être n’a-t-il pas réussi à lever toutes les interrogat­ions liées à son irruption presque volcanique sur la scène présidenti­elle, reste qu’Emmanuel Macron a démontré sa force de caractère et sa pugnacité sans tomber dans l’agressivit­é basse de son adversaire. Il a veillé également à corriger son image en démontrant que son programme a pour but le bien de tous et pas seulement de la France déjà heureuse. Bref, il a gagné le match de la compétence et des propositio­ns. A-t-il déclenché pour autant l’indispensa­ble souffle qui lui permettrai­t au delà de dimanche de mettre en marche une majorité pour des législativ­es décisives ? Réponse le  mai à  heures.

« Cherchant sans cesse à discrédite­r son adversaire, jamais elle n’a réussi cependant à le désarçonne­r. »

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