Consignes de vote dans la Carf: loin d’être évident…
À la veille du second tour de la présidentielle, deux élus MoDem appellent leurs collègues à leurs responsabilités pour «faire barrage au FN». Un appel du pied loin de recevoir le même écho…
Ils rêvent d’un pacte républicain comme lors de la présidentielle de 2002. D’un consensus politique contre le Front national. Laurence Boetti-Forestier et Philippe Briand, deux élus locaux, appellent les électeurs à voter Emmanuel Macron. «On ne peut pas se réveiller lundi matin avec Marine Le Pen au pouvoir. Le front républicain contre le FN semble très mou en 2 017. Il faut un sursaut de la Roya, de la Carf », s’inquiète la conseillère régionale MoDem. Du même bord politique, l’élu d’opposition mentonnais renchérit: « Les responsables politiques locaux ne prennent pas position. Ils laissent leurs électeurs déboussolés. Ils pensent déjà aux législatives en croyant que le second tour est joué. » Un «ni-ni irresponsable» que dénoncent ouvertement et sans ambages les deux élus.
Une élection « clivante »
Mais au sein de la Carf bon nombre de maires ne souhaitent pourtant pas s’immiscer dans le vote des électeurs. Une règle d’or justifiée par un respect envers les administrés. « Ce n’est pas dans les prérogatives d’un maire de donner des consignes de vote, tranche Philippe Oudot, maire de Fontan. Je n’ai donné mon parrainage à personne et je ne fais pas de politique politicienne. » « Ce que je déplore dans cette élection, c’est son caractère clivant. On est en train d’augmenter la fracture, renchérit Philippe Rion, le premier magistrat de Castillon. Quand on
appelle à voter pour un candidat, c’est qu’on rejette l’avis d’une autre population. Et je le dis pour les deux cas. Je ne me sens pas d’opposer une France à une autre. » Un mutisme peut-être motivé, pour certains, par la volonté de ne pas froisser une partie des administrés en vue des prochaines échéances municipales de 2 020. Et ainsi conserver toutes ses chances de rempiler pour un nouveau mandat. « Dire à tant de pourcent de ses administrés qui ont mis en tête Le
Pen au premier tour de voter Macron au second, c’est risquer de se les mettre à dos», confirme un autre maire, qui préfère garder l’anonymat.
« Préserver l’intérêt de ma commune »
Dans leur argumentaire sur l’absence de consignes de vote, ils sont toutefois nombreux à certifier franchement – ou en filigrane pour certains – qu’ils « feront barrage au FN». Mais sans annoncer publiquement qu’ils glisseront dans l’urne un bulletin Macron. La guéguerre politique entre Christian Estrosi et Eric Ciotti laisserait-elle des traces à l’est du département ? Non, jurent les principaux intéressés. Sauf un. «Je ne veux pas prendre parti pour préserver l’intérêt de ma commune », confie cet autre maire, toujours de manière anonyme. Sous entendu, il ne veut pas prendre le risque de se voir sucrer les subventions du Département et de la Région, dont les deux poids lourds azuréens sont les présidents. Patrick Cesari, le maire de Roquebrune-Cap-Martin, pourtant étiqueté LR, ne fait pas dans l’ambiguïté. Il votera Macron, tout comme son homologue gorbarin Michel Isnard. «C’est un choix de responsabilité qui ne vaut en aucun cas un soutien à son projet, assure l’élu roquebrunois. Car je souhaite une véritable alternance pour la France et la victoire de la droite et du centre unis à l’occasion des législatives de juin prochain. » Une victoire qu’espèrent aussi Xavier Beck, maire de Cap-d’Ail et candidat LR aux législatives dans la 4e circonscription, et Jean-Claude Guibal. Ce dernier se refuse d’ailleurs catégoriquement à appeler à voter Macron. Jean-Jacques Raffaele, maire LR de La Turbie, ne passe pas par quatre chemins. Difficile pour lui de «choisir entre la peste et le choléra ». «Il faut barrer la route au FN mais il est difficile pour moi d’appeler à voter pour Macron qui est à l’opposé de mes convictions et qui a fait mal aux collectivités locales. » Quinze ans plus tard, le front républicain est décidément loin de s’ériger.
Tous les maires de l’agglo ont été sollicités. N’ont pas donné suite les maires de Beausoleil et Castellar. Ainsi que le maire de Cap-d’Ail, candidat aux législatives.
Le premier appelle les maires de la Métropole à voter Macron, le second refuse d’entrer dans «des combinaisons partisanes ».