Coup de foudre à Chisinau
Mercredi soir, tous l’admettaient aisément en atterrissant à Chisinau. Sans l’impulsion du prince Albert II, certainement aucun membre du Monaco Economic Board ne se serait un jour aventuré à démarcher en Moldavie. Sur le papier, le charme et le potentiel de cette ancienne composante de la République soviétique ne saute en effet pas aux yeux. Droits de l’Homme absents des débats, conflit non résolu avec le territoire de Transnistrie à l’Est, 700000 expatriés rien qu’en 2011 sur une population d’un peu plus de 3 millions d’habitants, un accord d’adhésion à l’Union européenne en suspens… Un tableau noir pour un pays verdoyant. Bref, où tout n’est pas rose mais la page du développement… blanche. Tout à faire et tout à créer selon la grande majorité des acteurs du MEB. Un nouveau départ et de la bonne volonté puisque, d’après l’un des membres de la délégation, la lutte contre le blanchiment d’argent et la prévention contre ce vice – et cancer du pays – étaient sur nombre de lèvres. Plus de transparence qui pourrait, à plus ou moins long terme, confirmer le bon feeling des businessmen monégasques sur place. De quoi aussi faire décoller des échanges commerciaux entre Moldavie et Principauté qui flirtent avec le zéro depuis l’établissement de relations diplomatiques en 2011.
Nisham Sawney, directeur de EN-S Sports Monaco (import-export d’articles de toutes marques de sport et alimentaires)
«Ce voyage était magnifique. J’ai rencontré deux contacts très importants, dont la plus grosse société de Moldavie avec laquelle je crois qu’on va faire pas mal de business car j’ai un gros client intéressé en Inde. Ils nous ont présenté la capacité de production moldave et, ça, pour le chiffre d’affaires, c’est extraordinaire! Et je sais que les personnes du Département des opérations de Moldavie vont m’appeler et m’apporter exactement ce que je cherche. En plus, la Moldavie ne fait pas partie de l’Union européenne mais elle a déjà signé des accords sur le fret qui nous permettent de faire du business.»
Thierry Pastor, conseiller délégué de direction pour Effegiby Company (représentation, intermédiation, mise en relation, négociation de contrats)
«Je suis plutôt agréablement surpris et pourtant imprégné d’un certain doute. C’est un pays où il y a des opportunités, c’est évident. Notamment pour des sociétés qui souhaitent investir dans le monde de la production. Ils ont des coûts de production très bas, c’est la possibilité pour un investisseur de faire des marges conséquentes. «Ça reste malgré tout un pays qu’il est difficile de vendre. Quasiment tous les potentiels partenaires locaux sont à la recherche de financement et on ne parle pas de montants extraordinaires. Pour moi, c’est malgré tout un indicateur. C’est compliqué parce qu’il semble apporter les garanties juridiques et avoir un système plus fonctionnel et opérationnel au niveau financier aujourd’hui. Malgré tout, on n’a pas encore toutes les garanties de transparence. À l’évidence, il y a du potentiel d’ordre stratégique également avec la proximité avec l’Ukraine. En plus, ce sont des gens remarquables, qui parlent anglais et pour la plupart ont fait des études à l’étranger. Mais je pense que la Moldavie ce n’est pas encore pour maintenant mais dans quelques années. »
Christophe Clavel, directeur de websamba.mc (marketing en ligne, développement de services, optimisation du référencement…)
«On a souvent des a priori sur des déplacements comme ça et, surprise, c’est une bonne nouvelle. En Moldavie, comme souvent, de l’inconfort naît la créativité. Des fois, je fais des déplacements en tant que vendeur mais cette fois j’étais demandeur. Je suis venu en observateur, voir si je pourrais utiliser des briques technologiques qui auraient été développées. Les changer un petit peu et en faire profiter à bon marché. J’ai eu trois rendez-vous super-intéressants et j’ai vu des choses dans le mobile que je n’avais pas vues ailleurs. J’ai vu des gens qui étaient demandeurs de Monaco aussi, une porte ouverte sur l’Europe et le monde. «Tous les voyages du MEB sont très bien organisés mais parfois pas de l’autre côté. Là, c’est de loin le déplacement où on s’est senti le plus privilégié. On a tous été reçus comme des chefs d’États. Tout était à cette image-là. La qualité des rendez-vous aussi.»
Gianni Angelini, fondateur et gérant de MySushi
«J’ai un projet d’outsourcing (externalisation) de main-d’oeuvre en Moldavie. J’ai déjà eu une expérience au Maroc (comptabilité, secrétariat…) il y a environ huit ans avec une dizaine de personnes et, là, c’est une main-d’oeuvre super-qualifiée, intelligente, travailleuse, motivée, qui parle hyper bien le français… Je voudrais faire une plateforme de IT (technologies de l’information) avec du community management pour les réseaux sociaux. Du marketing et peutêtre juridique. Un petit plateau d’une dizaine de personnes pour ma société et, après, sous-traiter pour ceux qui en ont besoin. J’ai pris ce contact avec l’Alliance française et certaines personnes sur place et puis, surtout, ça va plus vite avec le relais du MEB. «Au niveau de ma franchise, MySushy, j’ai eu de bons contacts pour ouvrir un restaurant à Odessa (Ukraine) – qui marche très bien l’été – et à Constanta en Roumanie. C’est un Moldave qui a fait l’intermédiaire et quelqu’un de la Chambre de commerce qui connaissait très bien Odessa. Donc, c’était un très très bon séjour et l’accueil aussi!»
Fares Zidi, gérant de Carthage Héritage (import-export d’huile d’olive haut de gamme et grande distribution)
«J’étais un peu sceptique concernant la Moldavie car c’est un pays que je ne connaissais pas. Je ne pensais vraiment pas que j’allais trouver des contacts intéressants et honnêtement j’ai été assez surpris. Je pense que la Moldavie a du potentiel et un positionnement stratégique près de l’Ukraine ou de la Roumanie. «On a aussi été très bien reçu! Au niveau de l’organisation, c’est le pays qui m’a le plus impressionné parmi les voyages que j’ai faits avec le MEB. C’était des clients de tous profils, expatriés ou non, avec un fort potentiel. Tous intéressés par la grande distribution mais je savais que je n’allais pas dans ce pays pour la gamme de luxe. »
De l’inconfort naît la créativité ” Une maind’oeuvre super qualifiée ”