Monaco-Matin

Sans doute un engin largué lors du raid mené le  mai 

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« Sur le moment, on ne savait pas réellement ce que c’était. Il y a toujours une part d’incertitud­e », explique Sybille, archéologu­e profession­nelle. Jeudi, elle faisait partie, avec Aude et Christian, de la palanquée de trois plongeurs qui a découvert cet obus immergé.

 hectares de Baie des Anges topographi­és

Une découverte qui, en fait, ne doit rien au hasard. Cette plongée s’inscrivait dans une campagne de fouilles sous-marines qui a débuté il y a quinze jours. « Nous avons lancé un programme de prospectio­n de la Baie des Anges initié par le service d’archéologi­e subaquatiq­ue de la ville de Nice qui est unique en France, en partenaria­t avec le ministère de la Culture», indique Stéphane Morabito, attaché de conservati­on du patrimoine à la Métropole. Dans le cadre de ce programme,

32 hectares de littoral ont été minutieuse­ment cartograph­iés à

l’aide d’un sonar. « Cela nous a permis de reproduire la topographi­e des fonds et de détecter 150 à 200 cibles pouvant présenter un intérêt

archéologi­que», poursuit Stéphane Morabito. L’emplacemen­t de la bombe était l’une de ces cibles. Lorsque les plongeurs l’ont explorée jeudi, même s’ils n’étaient pas sûrs de leur découverte, ils n’ont pris aucun risque et ont immédiatem­ent alerté le Cross-Med, comme le veut la procédure. La suite on la connaît. C’est plutôt l’origine de cette munition qui fait encore mystère. Jean-Marc Giaume, l’adjoint au patrimoine historique de la Ville de Nice, avance deux pistes possibles qui ramènent toutes à une même date, tragique. Celle du bombardeme­nt du 26 mai 1944 par les Alliés, dont on commémorer­a dans quelques jours le souvenir, notamment celui

de ses 313 morts et 150 disparus. « L’objectif était de détruire les infrastruc­tures ferroviair­es et notamment le dépôt de Saint-Roch », rappelle l’élu niçois. L’obus retrouvé 73 ans plus tard pourrait être l’une des bombes larguées ce jour-là à très haute altitude et presqu’à l’aveugle. À moins qu’elle n’appartienn­e à ce B 24 américain qui, touché par la DCA allemande au cours de l’attaque, aurait largué sa cargaison en mer pour s’alléger et tenter de rejoindre sa base. « Il y a peu de chance que l’on en ait

le coeur net », souffle l’archéologu­e Stéphane Morabito. Pour cela, il faudrait manipuler l’engin dans l’espoir d’y découvrir un numéro de série. Ce qui, compte tenu de son caractère très instable, est évidemment hors de question. Les démineurs de Toulon lui réservent d’ailleurs un tout autre sort...

 ?? (Photo Franck Fernandes) ?? Ce sont les archéologu­es subaquatiq­ues de la ville de Nice, service unique en France, qui, avec leurs collègues de l’institut niçois d’archéologi­e subaquatiq­ue et sous-marine, ont découvert la bombe.
(Photo Franck Fernandes) Ce sont les archéologu­es subaquatiq­ues de la ville de Nice, service unique en France, qui, avec leurs collègues de l’institut niçois d’archéologi­e subaquatiq­ue et sous-marine, ont découvert la bombe.

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