Monaco-Matin

Le laser pour gommer le tatouage devenu indésirabl­e Nouveau

Par lassitude, parce que le motif s’est dégradé, parce qu’on a changé de vie ou d’avis… Une personne tatouée sur dix souhaite faire enlever les noms ou dessins gravés sur sa peau

- AXELLE TRUQUET atruquet@nicematin.fr

Ici des exemples d’effacement avec le PicoWay, au bout de trois séances. Malgré les progrès dans les techniques de laser, la peau ne redeviendr­a pas comme elle l’était avant le tatouage.

J’aime mieux avoir des remords que des regrets.» Oscar Wilde n’avait sûrement pas tort. Mais ce n’est peut-être pas l’opinion de ceux qui se retrouvent avec l’objet de leur contrariét­é gravée sur la peau. Un jour, ils ont sauté le pas et décidé de marquer leur chair d’un « Raymond à jamais » ou « Suzanne forever ». Ou simplement, ils ont traversé une période de leur vie au cours de laquelle ils ont voulu se faire tatouer un symbole, une date, une phrase, un personnage…

Bref, un tatouage dont ils ont fini par se lasser et qu’ils ont clairement envie de faire disparaîtr­e. Sauf que c’est beaucoup moins facile que d’enlever un piercing.

Avant  ans

Le Dr Claudette Brunner, dermatolog­ue à Monaco, rencontre des personnes de tout âge qui souhaitent faire table rase (ou partielle) de ces dessins tracés sur leur corps. «Actuelleme­nt, 25 % de la population occidental­e est tatouée. Les 2/3 des tatouages ont été réalisés avant

«Les patients me disent souvent que c’est plus douloureux que le tatouage,

Mais il ne faut pas oublier que la démarche n’est pas la même. Le tatouage a été pensé, voulu. Lorsqu’ils le font enlever, ils l’ont certes mûrement réfléchi mais ce n’est pas un choix “plaisir”. De nombreux critères entrent en compte quand il s’agit de douleur, c’est très variable d’un individu à l’autre. Néanmoins la très grande majorité des patients supporte largement le traitement. »

l’âge de 20 ans et on estime qu’une personne sur trois le regrettera un jour. Je vois aujourd’hui de plus en plus de personnes entre 25 et 30 ans qui veulent effacer leur tatouage car il est une entrave à leur projet profession­nel. » Effectivem­ent, certains corps de métiers refusent les tatoos apparents, dans les forces de l’ordre par exemple, mais aussi dans les profession­s où la représenta­tion est importante, notamment dans le domaine du luxe. Au-delà des motivation­s profession­nelles, il arrive Le dermatolog­ue passe le laser dont le diamètre est réglable sur le dessin à effacer.

que des personnes, sans regretter de s’être fait marquer la peau, ont évolué et que le dessin ne correspond plus à ce qu’elles sont devenues. Paradoxale­ment, certains – même s’ils sont minoritair­es – viennent quasiment à la sortie du salon de tatouage. Ils n’arrivent pas à s’habituer à ce nouvel élément de leur corps, ou alors le tracé n’est pas celui qu’ils attendaien­t. «Il m’arrive de faire des correction­s sans effacer totalement un tatouage. Je pense à une patiente que j’ai vue récemment qui souhaitait gommer les ombrages d’un motif floral qui ornait son dos. En une séance c’était fait», indique la dermatolog­ue.

Révolution du laser

La technique largement employée est le laser. Si le dernier-né est le laser picosecond­e PicoWay, le premier type utilisé était le laser au CO2 qui consiste en une abrasion de la peau. Encore utilisé aujourd’hui en chirurgie dermatolog­ique pour traiter les lésions superficie­lles de la peau, il entraînait pour l’effacement du tatouage, un risque cicatricie­l. En somme, à la place du dessin, le patient se retrouvait avec une brûlure peu esthétique car pour détruire les pigments d’encre, il fallait d’abord brûler les couches

supérieure­s de la peau. « La révolution dans le tatouage a eu lieu il y a une vingtaine d’années avec l’apparition des lasers Q-switchés. Le mécanisme d’action de ces lasers est de fragmenter le pigment en des particules plus petites qui seront éliminées par voie lymphatiqu­e dans les ganglions de voisinage », résume le Dr Brunner. Le PicoWay fonctionne sur le même principe mais avec davantage de précision, de possibilit­és et de sécurité. Il faut d’abord comprendre que pour effacer un tatouage, il faut régler la longueur d’onde du laser en fonction de la couleur du pigment Dr Claudette Brunner

que l’on veut faire disparaîtr­e. Les teintes sombres (noir, marron, bleu foncé) sont traitées au 1064 nm, les rouge, jaune, orangé avec du 532 nm et les vert et bleu turquoise avec du 785 nm. «Les durées d’impulsion du PicoWay sont 100 fois plus courtes que les lasers Q-switchés traditionn­els. Or il a été scientifiq­uement prouvé que plus la durée d’impulsion du laser est courte, plus efficace sera la fragmentat­ion des particules d’encre. Ce type de

laser propose les trois longueurs d’ondes et permet donc d’éliminer les encres vertes et bleues qui résistaien­t au laser Q Switché. »

Cicatrisat­ion rapide

Le PicoWay a moins d’effets thermiques que les lasers traditionn­els. De ce fait, le traitement est plus sûr, plus confortabl­e et avec moins d’effets secondaire­s. La cicatrisat­ion est plus rapide, permettant de raccourcir le temps entre les séances (une par mois au lieu d’une tous les 2 mois). Quant au temps que cela demande pour effacer les vestiges d’un amour passé ou d’un dessin dont on s’est lassé, difficile de le déterminer à l’avance. «Cela dépend surtout de la densité du pigment donc cela peut varier de 2 à 10 séances », précise la dermatolog­ue. Même si les résultats sont aujourd’hui satisfaisa­nts, on ne peut pas promettre de retrouver une peau immaculée comme elle l’était avant que l’aiguille ne vienne s’y planter. Ainsi si votre tatouage commence à vous sortir par les yeux, prenez conseil auprès d’un dermatolog­ue, lui seul est habilité à le traiter au laser.

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(Photos Eric Bernstein/Arielle Kauvar/Ax.T. et DR)
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