SIGNÉ ROSELYNE
La semaine de Roselyne Bachelot
Lundi
En cette journée de fête du travail, les inévitables casseurs de la haineuse confrérie du Black Bloc se sont invités en tête du cortège syndical. Plusieurs dizaines de manifestants ont été blessés dans les affrontements avec les forces de l’ordre. Six policiers ont été sérieusement atteints et l’un d’entre eux très grièvement brûlé. Le photographe syrien Zakaria Abdelkafi a pris un cliché saisissant de ce CRS en flammes et l’image a fait le tour du monde. Après les désastreuses exactions qui ont accompagné l’opposition à la loi dite El Khomri, les responsables syndicaux feraient bien de s’interroger sur les modalités de leurs actions tant ils apparaissent totalement dépassés. Il n’y a pas si longtemps, les « gros bras » de la CGT assuraient la sécurité des défilés en pleine concertation avec les représentants du ministère de l’intérieur. Aujourd’hui, les troupes sont bien maigres. Le parti communiste qui structurait fortement la CGT s’est fait plumer par Jean-Luc Mélenchon et devrait perdre ses derniers élus lors des prochaines consultations électorales. Après un siècle d’hégémonie, vendredi dernier, la CGT a été doublée dans le secteur privé par la réformiste CFDT. La centrale de Montreuil paie cher des contestations violentes, un logiciel idéologique dépassé, des errances de gestion et les malversations de nombreuses organisations satellites. Les méthodes plus que douteuses qui ont amené Philippe Martinez à la tête de la centrale en sont une illustration cinglante. Aujourd’hui, le syndicalisme français est en lambeaux avec un taux d’adhésion de %, en queue de peloton de l’Union européenne où la moyenne est de %. Encore faut-il rappeler qu’en France les gros bataillons sont les salariés protégés de la fonction publique, bien loin des friches industrielles en déshérence. Il faut trouver dans cet étiolement mortifère une des raisons de la rupture entre les Français et leurs gouvernants. Les citoyens ont besoin de corps intermédiaires forts et représentatifs pour avoir la certitude que les élus politiques les prennent en considération. Mais ces derniers ne peuvent pas non plus légitimer des organisations aussi parcellisées, discréditées et minées par des obédiences politiciennes. S’il veut mener les réformes indispensables, la rénovation du dialogue social est une des ardentes obligations du futur président de la République mais rien n’est possible sans une transformation en profondeur du syndicalisme français. La balle est dans son camp : le changement, c’est maintenant.
Mardi
Alors que les gazettes font mine de s’inquiéter du sort d’Emmanuel
Macron promis « à se faire laminer par une Madame Le Pen combative » ou moqué pour une campagne de second tour « ratée » pour certains ou « maladroite » pour les plus indulgents, je ne peux m’empêcher de penser à une célèbre phrase de Napoléon. Quand on lui vantait les mérites d’un officier, il répondait : « Fort bien. Mais a-t-il
de la chance ? » Loin de moi l’idée de minimiser les évidentes qualités du candidat d’En marche !, intelligence acérée, volonté sans faille et résilience psychologique étonnante, mais il faut quand même avouer que pour reprendre une expression un tantinet vulgaire, il a le c… bordé de médailles. Résumons le film : François Fillon gagne la primaire des Républicains sur un socle idéologique bien à droite, libérant l’espace du centre droit, Manuel Valls liquide François Hollande se chargeant ainsi d’effectuer un meurtre politique peu ragoûtant mais indispensable, le Parti socialiste se choisit un candidat au charisme de parpaing et situé bien à gauche, libérant ainsi tout l’espace social-démocrate. Toute la sphère politique que l’on pourrait qualifier de « modérée » est donc entièrement débarrassée des gêneurs sans avoir eu à effectuer le moindre coup bas. Génial, non ? Et pour couronner le tout, cerise sur le gâteau, pain d’épices et chocolat, François Fillon s’empêtre dans de ténébreuses affaires judiciaires tandis que l’inversion de la courbe du chômage promise par les meilleurs experts semble attendre l’arrivée à l’Élysée du divin enfant. À ce niveau de « bol », cela ne peut plus être un hasard. Les commentaires désagréables sur les flottements de sa campagne devraient donc voler en éclat lors de l’échauffourée de mercredi soir...
Mercredi
Patrick Cohen reçoit Nicolas Dupont-Aignan dans sa matinale sur France-Inter. L’entendre égrener les slogans du programme de madame Le Pen avec l’enthousiasme du fraîchement rallié est touchant et je veux bien croire en sa sincérité. Mais s’il y a une chose qui est franchement insupportable, c’est bien l’imposture répétée de tous ceux qui se réclament du général de Gaulle. Le Général est mort il y a bientôt un demi-siècle dans la France du plein emploi, dans l’Europe en construction et dans le monde de la guerre froide. Tous ceux qui prétendent se situer dans sa filiation pour bâtir un programme « gaulliste » ne sont que des voleurs d’héritage ou des salisseurs de mémoire. Laissons Charles de Gaulle reposer en paix.
Jeudi
Je n’ai jamais compris cette fascination pour Madame Le Pen de la part d’analystes pourtant peu suspects de connivence avec le Front national. Pour l’avoir rencontrée en débat alors qu’elle n’était qu’un des porte-flingue de son père Jean-Marie, elle m’était apparue vulgaire dans l’expression et approximative dans la connaissance des dossiers. À l’époque, elle n’était pas considérée comme une débatteuse invincible, loin de là. Avait-elle donc tellement progressé et travaillé ? Sa participation aux deux débats télévisés du premier tour l’avait montrée finalement assez faible, contrastant avec les images et les propos exaltés des meetings. La confrontation d’hier soir a dépassé tout ce qu’on pouvait attendre. Bien malins sont ceux qui auront affermi des convictions programmatiques mais, à coup sûr, celles et ceux qui privilégient l’étude de la personnalité ont été servis. Ce matin, la consternation est patente dans le propre camp de la candidate frontiste. La violence des attaques, les mensonges et les insinuations, l’incapacité à défendre les points centraux de son programme, le refus de se plier aux règles d’un débat pourtant fixées avec son accord, les tics de comportement et les mimiques sardoniques ont pulvérisé tous les efforts de respectabilité soigneusement empilés depuis la prise de pouvoir de son parti. Devant une telle déroute, il n’y a que deux explications, soit le naufrage personnel d’une personne qui n’était pas au niveau de l’enjeu soit la stratégie d’une perdante qui espère se poser en leader de la prochaine opposition. Les deux explications ne sont pas exclusives l’une de l’autre.
Samedi
Sur les réseaux sociaux, le festival des boules puantes bat son plein en cette fin de campagne. Méfiez-vous des « fake news » et rappelez-vous que la diffusion de fausses nouvelles fait encourir jusqu’à € d’amende et ans de prison. Sur le Net, l’amende se monte à €. À bon entendeur, salut …