Monaco-Matin

Cette Niçoise a tout plaqué pour devenir prof de Pilates

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La Banque était inscrit dans son ADN. Fille de banquier, Sophie Sigrist s’est tout naturellem­ent dirigée vers ce secteur. « Après une école de commerce je suis rentrée dans la Banque. » Elle y passera 15 ans. « J’ai adoré mon métier, glisse avec douceur cette jolie quadra. Chargée de clientèle, j’accompagna­is des gens dans leurs projets. » Elle aime le contact humain, fait de «belles rencontres». Mais, peu à peu, elle sent la flamme de l’enthousias­me faiblir. «J’avais de plus en plus de mal à rentrer dans le moule. On nous disait comment faire, comment travailler, ce qu’on devait dire aux gens.» Les discours formatés à resservir à ses clients, pas pour elle. «J’estime que l’humain doit être au centre de tout, je ne me sentais pas en phase avec des consignes qui ne correspond­aient pas à mes valeurs. »

Ecouter « sa petite voix intérieure »

Elle marque un temps de pause avant de donner un exemple. « Il fallait vendre des cartes bleues, pour moi ça n’avait pas de sens d’en proposer à des mamies. Je veux pouvoir me regarder dans la glace. » Alors, Sophie Sigrist cherche d’abord son épanouisse­ment en changeant de société. « J’ai travaillé dans des banques éthiques, mais, très vite je ne m’y retrouvais pas ». La lassitude commence à s’installer. « J’en avais marre de ce métier assez statique, devant un ordi. » D’un quotidien fait de chiffres, de prévisions, d’objectifs à tenir. «Heureuseme­nt, j’avais comme soupapes des rendezvous à l’extérieur avec des clients ». Mais la routine reprend le dessus. «Je me suis dit, que ce n’était plus possible de continuer, la vie profession­nelle est longue, et j’étais malheureus­e. Je me sentais en désaccord avec ce qu’on me demandait. » Alors, Sophie Sigrist « écoute sa petite voix intérieure». Celle qui lui souffle de changer de vie profession­nelle. Mais elle n’envoie pas tout balader sur un coup de tête. «Je me suis structurée, pour préparer cette reconversi­on. En 2008, j’ai fait un bilan de compétence­s, ça a été très important, cette période où j’ai pris le temps de faire le point sur ce que je savais faire, et ce que je voulais faire. » Elle cherche « quelque chose plus en harmonie avec ses aspiration­s»: travailler autour du bien-être. « Le bilan de compétence­s est un outil formidable, mais il faut bosser. » Elle est accompagné­e par Nadine Gougnaud-Lucas. « Elle a joué un rôle clef dans l’émergence de mon projet. Sans elle, je n’aurais peut-être jamais osé» .Ensix mois, elle fixe son nouveau cap. «Je suis très sportive, et je pratiquais deux fois par semaine du Pilates. J’ai choisi de devenir professeur de cette gymnastiqu­e posturale de renforceme­nt et d’étirement. » Et de balayer ses propres doutes. «J’avais 35 ans à l’époque, et je me disais que c’était peut-être un peu tard pour se lancer dans un métier qui demande un engagement physique.» Soutenue par son compagnon, elle décide de se faire confiance.

«Mettre du sens dans ma vie profession­nelle »

Elle demande un CIF (Congé individuel de formation) pour se former à la méthode Pilates. « Je n’ai pas obtenu le financemen­t, ça m’a fait hésiter, je voulais repousser d’un an mon projet, mais mon compagnon m’a dit de foncer.» Elle finance cette année de cours à Aix-en-Provence et New York sur ses économies. Puis, en 2010, diplôme en poche, Sophie tire un trait sur sa vie de banquière. «J’ai démissionn­é, et ne me suis même pas posée la question du salaire. Je gagnais bien ma vie, 3 500 euros par mois, mais mettre du sens dans ma vie profession­nelle était plus important que l’argent. » « Des gens m’ont dit : “Garde ton boulot, et développe cette activité en parallèle.”» Mais Sophie ne les écoute pas. «C’était une telle évidence pour moi. A un moment donné, il faut se lancer, être au moins à 100% dans son nouveau projet. Et aussi accepter qu’il y a une prise de risque dans une reconversi­on. J’ai pu le faire car dans ce choix, je n’impliquais que moi », ajoute-t-elle. Elle trouve du boulot dans des centres Pilates de la région. Avant de décider de se mettre à son compte. «J’ai été accompagné­e par Marie Faguet, codirectri­ce de l’ACEC-BGE [une associatio­n qui coache les porteurs de projets, Ndlr]. Avec elle, j’ai pu valider toutes les étapes de la création d’entreprise: les aspects juridiques, fiscaux, commerciau­x, la communicat­ion… Sans rien oublier. » En août dernier, Sophie Sigrist a ouvert son studio « SoPilates », rue Ségurane, au port de Nice. « J’avais envie de travailler à mon compte, dans un lieu que j’ai choisi, qui me ressemble. » Calme et lumineux.

« Aujourd’hui, j’ai gagné en harmonie »

A un moment donné, il faut se lancer, être au moins à 100 % ”

En l’espace de sept mois, elle est passée de six à 60 clients. Quand elle ne dispense pas ses 25 heures de cours par semaine, elle se plonge dans la comptabili­té. « Mon passé de banquière me sert, une reconversi­on, ce n’est pas tirer un trait sur sa vie d’avant. En ouvrant mon centre, j’ai créé une synergie entre mes valeurs et ce que je savais faire avant. » Elle prend soin de s’aménager des temps de pause, pour se ressourcer : « C’est important pour avoir l’énergie et la disponibil­ité nécessaire au coaching. » « Le bonheur, c’est de faire les choses comme je l’entends, d’accompagne­r des gens dans leur bien-être. Avec le Pilates, je peux transmettr­e. Les aider à se sentir plus tonique, à être bien… Ça a du sens. Mon énergie a été décuplée. Aujourd’hui, je me sens tellement épanouie que ma vie profession­nelle et personnell­e ne font qu’un. J’ai gagné en harmonie. » Et côté revenus? «Je ne gagne pas autant qu’avant, mais je commence à m’en approcher.» Elle esquisse un sourire radieux. « C’est la preuve qu’on peut aussi bien s’en sortir financière­ment, tout en faisant le métier qu’on aime. »

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Pour Sophie Sigrist, « l’humain doit être au centre de tout ».
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