Monaco-Matin

Hyères au fil du temps

- ANDRÉ PEYREGNE

ous achevons aujourd’hui notre série sur les visites présidenti­elles dans notre région avec celle de Raymond Poincaré à Toulon le 7 juin 1913. Il est président de la République depuis moins de quatre mois, ayant pris ses fonctions le 18 février. Il est venu passer la Marine en revue. L’événement est considérab­le, car des menaces de guerre se font jour. Les pays de l’Europe occidental­e ont entrepris une course aux armements. On va soupeser les moindres mots du discours du président de la République pour comprendre quelle est la position de la France. Le magazine L’Illustrati­on de Paris, qui mesure l’importance de l’événement, lui consacre un reportage dans son édition du 14 juin et même toute sa photo de première page. Le président arrive en train le 7 juin au matin, accompagné de Pierre Baudin, ministre de la Marine, et Eugène Étienne, ministre de la Guerre. Il est accueilli par le maire Victor Micholet. Parmi les troupes qui entourent son arrivée se trouvent le 112e d’infanterie, venu d’Antibes et le 23e bataillon de chasseurs alpins, venu de Menton. Un cortège de quarante-cinq voitures traverse la ville. Il y a foule sur les trottoirs. On crie «Vive Poincaré! »Àlamairie, la réception est toutefois boudée par les quatorze conseiller­s municipaux socialiste­s.

Pour la paix et l’entente européenne

Et voilà le discours du président: «Comment ne serionsnou­s pas rassurés par la vue des progrès accomplis dans la Marine et dans l’armée! (...) Mais, en même temps, ce spectacle permet d’entrevoir les ravages que, dans une guerre entre grandes nations, feraient les formidable­s engins inventés tous les jours par la science humaine (...) Le patriotism­e des Toulonnais connaît tout le prix de la paix (...) Notre démocratie a clairement prouvé au monde par toute une série d’actes non équivoques la sincérité de ses intentions pacifiques et depuis le début de la crise orientale, la diplomatie française, sans rien sacrifier de nos intérêts ou de notre dignité nationale, s’est utilement employée à maintenir et à féconder l’entente européenne.» On l’a compris: une confiance affirmée en l’armée et la Marine, mais un désir de ne pas entrer en guerre. L’Illustrati­on décrit la visite. Le président est à bord du cuirassé Jules-Michelet ,du nom de l’illustre historien mort à Hyères en 1874 : « Tous les bâtiments de l’armée navale, ayant à leur tête le Voltaire, battant pavillon de l’amiral de Lapeyrère, avaient quitté le matin la rade pour aller attendre en mer le Jules-Michelet. Le croiseur, arborant le pavillon personnel du président, aux initiales R. P., défila d’abord entre deux files de torpilleur­s d’escadre et de sous-marins, faisant la haie sur son passage, puis rencontra successive­ment, comme dans une première revue, les divers éléments de

consacre sa Une au président Poincaré sur le port de Toulon Il a assisté à la revue maritime a félicité les officiers Lui-même est à bord du Jules-Michelet qu’on voit ici les deux cuirassés

l’armée navale. L’après-midi devait être rempli par une intéressan­te manoeuvre. Pendant le déjeuner, la flotte concentrée se disloquait, se divisait, en vue du combat en deux groupes sous les commandeme­nts respectifs des amiraux Boué de Lapeyrère et de Marolles. À une heure, ils étaient à 20 milles l’un de l’autre, et l’amiral de Lapeyrère commençait à faire rechercher par sa division légère l’adversaire avec lequel il voulait engager le combat… » Spectacle grandiose que cette bataille navale simulée ! La soirée s’acheva sur une fête vénitienne avec les bateaux éclairés. La journée du lendemain, dimanche 8 juin, se déroula une revue navale et aérienne toujours décrite par L’Illustrati­on :« Le spectacle était d’une impression­nante grandeur. Le temps était délicieux. Les hydroplane­s

allaient être de la fête: deux monoplans et un biplan évoluèrent, une partie de l’après-dînée autour du bateau présidenti­el, se mêlèrent aux goélands, jouèrent au milieu des barques, égratignèr­ent la mer, unie comme un beau lac, de leurs sillages argentés. Devant le Jules-Michelet, mouillé au milieu de la baie des Vignettes, défilèrent tour à tour, conduits par le Voltaire, portant l’amiral de Lapeyrère, les énormes Danton , de la 1ère Escadre, puis la 2e escadre, avec ses cinq navires «Patrie», puis les cuirassés moins récents, enfin les croiseurs cuirassés de la division légère.» Ainsi s’achevait la revue navale. Le président Poincaré regagna Paris rassuré sur l’état des forces maritimes françaises. L’année suivante, la France entrait en guerre. ◗Départdel’officedeto­urisme,rotonde du Park Hôtel, 16 avenue de Belgique, Hyères. Tarif adulte : 9€ ; enfant de 6 à 12 ans : 4€: - 6 ans gratuit. Réservatio­ns obligatoir­es au 04. 94. 04. 84. 50. ou sur www.hyeres-tourisme.com

Mercredi 10 mai à 19 h, salle des Associatio­ns, 2 cours Masséna, Antibes. Entrée libre.

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L’Illustrati­on (au centre) entre
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