Monaco-Matin

Bonnard : le Cannettan

C’est depuis Le Cannet que le célèbre artiste a peint des oeuvres qui valent aujourd’hui de l’or aux enchères. Pour célébrer les 150 ans de sa naissance, le musée Bonnard organise une exposition dès le 13 mai

- www.museebonna­rd.fr PAR LAURENCE GUIDICELLI

Longtemps confiné aux « seconds rôles », Pierre Bonnard (1867-1947) n’a connu qu’une reconnaiss­ance relative comparée à celle de ses écrasants contempora­ins, Matisse, Picasso, Gauguin ou Braque… Mais si elles ont discrèteme­nt traversé les dernières décennies, les oeuvres du peintre vivent depuis quelques années leurs heures de gloire. En témoigne ce tableau « Les Fraises », proposé aux enchères chez Sotheby’s le 16 mai à New York et estimé entre 1 et 1,5 million d’euros. Ou cette « Corbeille de fruits dans la salle à manger du Cannet », une nature morte que Christie’s s’apprête à passer sous le marteau le 15 mai prochain à New York. Estimée entre 1,2 et 1,8 millions d’euros, cette huile sur toile a été autrefois la propriété de Georges Renand, co-fondateur du célèbre magasin parisien La Samaritain­e. Peinte en 1928 au Cannet, l’oeuvre se fait l’écho des plus belles heures de créations de Bonnard. C’est dans cette ville du Sud que l’artiste décide d’élire son fief en 1926. Ce basque d’origine y acquiert « Le Bosquet », une maison sur les hauteurs de la ville, dissimulée par la végétation méditerran­éenne. Il s’y retire en 1939 avec sa compagne Marthe et y demeure jusqu’à sa mort. Avec son charme si typiquemen­t provençal, Le Cannet devient à Bonnard ce que la Montagne Sainte-Victoire fut à Cézanne : une source inépuisabl­e d’inspiratio­n. Depuis chez lui, ce coloriste flamboyant croque inlassable­ment ce qui l’entoure : les objets du quotidien, les paysages alentours. Sa femme reste par-dessus tout son sujet de prédilecti­on. Bonnard la peint inlassable­ment dans des scènes intimes de leur vie quotidienn­e. 300 tableaux, des huiles surtout, mais aussi des gouaches, des aquarelles et des pastels, seront produits au cours de cette période prolifique.

Une expo hommage

En 2017, pour célébrer les 150 ans de la naissance de Pierre Bonnard, le musée Bonnard, situé au Cannet, a décidé de rendre hommage au peintre, en exposant un ensemble exceptionn­el composé de chefs-d’oeuvres du Musée d’Orsay issus de la collection Zeïneb & Jean-Pierre Marcie-Rivière, philanthro­pes et grands collection­neurs d’art des XIXe et XXe siècles. Intitulée Bonnard/Vuillard », l’expo se compose de 25 tableaux et 94 dessins de Bonnard et de 24 tableaux, 3 pastels et 2 dessins d’Edouard Vuillard. Elle témoigne de l’étroite complicité artistique des deux peintres durant leurs années nabies. Une reconnaiss­ance qui aurait plu à Bonnard qui, au crépuscule de sa vie, exprimait ce souhait : « J’espère que ma peinture tiendra sans craquelure­s. Je voudrais arriver devant les jeunes peintres de l’an 2000 avec des ailes de papillon. » A découvrir à partir du 13 mai et jusqu’au 17 septembre.

 ??  ?? Pierre Bonnard (-) - Corbeille de fruits dans la salle à manger du Cannet -  - Huile sur toile - , x , cm - Estimée entre    et    dollars (   -    euros).
Pierre Bonnard (-) - Corbeille de fruits dans la salle à manger du Cannet -  - Huile sur toile - , x , cm - Estimée entre    et    dollars (   -    euros).

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