Monaco-Matin

Au FN : « Écrivons tous la page des législativ­es »

Après le coup de tonnerre qui s’est abattu sur les militants au moment des résultats, les regards et les analyses se sont immédiatem­ent tournés vers les échéances du mois de juin

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

Cinq, quatre, trois, deux, un...» 20 heures. Le visage d’Emmanuel Macron s’affiche à l’écran. Avec le score : 65,5 %. Au QG départemen­tal du Front national, rue Hôtel-des-Postes, à Nice, la foudre semble instantané­ment s’abattre sur la soixantain­e de personnes rassemblée. Un silence de mort écrase l’assistance quelques instants. Puis un « Ouh-la-la» se fait entendre. «65%» , répète une militante frontiste sous le choc. « Dictateur, dictateur de pacotille », éructe alors un militant à l’encontre de la photo d’Emmanuel Macron, toujours affichée à l’écran. Certains lui intiment l’ordre de se calmer. « Le score de Marine, allez, le score de Marine ! », semble supplier Bryan Masson, secrétaire départemen­tal du Front national de la jeunesse, histoire de réchauffer l’atmosphère. À l’annonce du résultat de Marine Le Pen, tout le monde se lève, applaudit. Pour la forme. Olivier Bettati, conseiller régional FN, transfuge des Républicai­ns, prend alors la parole. En mode rassurant face à une assemblée de visages crispés.

« Soyez fiers de ce résultat formidable »

« Je voudrais féliciter le nouveau président de la République, c’est la tradition républicai­ne. Nous avons objectivem­ent des raisons d’être contents. Aux régionales, nous avions fait 6,8 millions de voix sur toute la France. Ce soir, nous sommes à un peu plus de dix millions. Je voudrais qu’à partir de demain

vous soyez fiers de ce résultat formidable. Et que vous alliez partout dire que Monsieur Macron à l’Élysée, c’est le résultat d’une coalition invraisemb­lable. » La salle se reprend, applaudit, un chien donne de la voix. Olivier Bettati passe alors en mode combat. « J’ai une pensée pour Christian Estrosi qui, fébrilemen­t, attend dans son lit que le téléphone sonne en se demandant s’il en a fait assez pour être secrétaire d’État aux bombardier­s d’eau. Je vous engage, après une nuit toujours difficile, celle des défaites, de

vous lever demain matin, de prendre un café, un jus d’orange et de repartir à la bataille des législativ­es, car celle-là de bataille, on peut la gagner. La prochaine victoire, on la tient, elle est au soir du 18 juin ! »

Des attaques contre la presse

La salle applaudit cette fois à tout rompre. La pilule semble passée. Mais Lionel Tivoli, secrétaire départemen­tal, va remettre de l’huile sur le feu de la déception. Tout le monde en prend pour son grade. La presse en premier. « Nous espérons que toute la lumière soit faite sur les différents problèmes et irrégulari­tés du scrutin. Nous acceptons la victoire du système ce soir, mais je veux pointer du doigt le manque de déontologi­e de certains médias, de certains journalist­es. Je pointe du doigt aussi les pseudos républicai­ns qui ont pollué le débat, les exilés, les Luc Besson, les Dany Boon, les Zinédine Zidane, leur prise de position n’honore pas la politique. Les coups tordus d’hier et d’aujourd’hui abîment leurs auteurs, comme le journal Libération.» La salle applaudit. « Salauds », siffle entre ses dents un militant chauffé à blanc, en nous regardant. Ambiance... Lionel Tivoli exhorte ensuite les troupes à s’engager dans la bataille des législativ­es. «Lapagede la présidenti­elle se tourne, écrivons tous celle des législativ­es, celle qui nous fera gagner la bataille des idées. Nous devons l’empêcher de gouverner. »

« Un autre courant de nage »

La soirée ne s’éternisera pas. À peine le temps d’engloutir quelques petits fours et beaucoup tournent les talons. Chez ceux qui restent, le débat raté par Marine Le Pen revient souvent dans les analyses. « Face à Macron, elle n’a pas su être à la hauteur, sur la tactique, et sur l’économie. Sa grosse erreur a été de faire peur avec l’euro et l’Europe. Mais c’est la seule qui sait parler aux gens qui n’ont pas d’argent », explique Patricia (1), fonctionna­ire, 57 ans. Une Républicai­ne venue grossir les rangs du Front national, sans s’encarter. Un cadre pousse l’analyse : «L’arrivée de Debout la France va créer un autre courant de nage au sein du Front national. Il faut s’appuyer dessus pour bâtir la recomposit­ion souhaitée par Marine Le Pen. Elle commence à prendre forme. Il faudra acter cela aux législativ­es ». 1. La militante souhaitant garder l’anonymat, son prénom a été modifié.

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(Photo Franz Bouton) La consternat­ion, le choc, à l’annonce des résultats au QG du Front national à Nice.
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