Monaco comme à la maison en Europe de l’Est
De Bratislava, en Slovaquie, à Chisinau, en Moldavie, les hôtes du prince Albert II n’ont pas lésiné sur l’accueil dans l’espoir d’établir une relation de confiance « aux bénéfices mutuels». Mention spéciale aux Moldaves
De la visite officielle du prince Albert II en Slovaquie et en Moldavie, la semaine dernière, resteront des accords bilatéraux en matière économique ou environnementale, des opportunités de marchés pour les sociétés monégasques venues sous le pavillon du Monaco Economic Board, mais surtout : l’hospitalité de deux peuples. Un accueil d’autant plus remarquable en Moldavie où le marasme sociétal reste d’actualité. C’est pourtant là, à Chisinau, que la réception de la délégation monégasque aura été la plus fastueuse. Non pas au sens des dépenses, du bling-bling, mais en terme de moyens et d’investissements humains. «Nous avons le sens du travail», rappelleront souvent à la tribune les officiels du pays. Indéniable! Ajoutons même la rigueur du travail. Dès l’atterrissage, la sécurité était omniprésente du tarmac de l’aéroport au Tupolev Tu-134 exposé à son entrée. Une force statique tout aussi efficace en mouvement. Les équipes du souverain et du MEB peuvent en témoigner. La salle d’embarquement, aux airs de capsule temporelle avec son téléphone et mobilier des années 60, derrière eux, les deux convois ont joui d’une escorte des plus impressionnantes.
Excès de générosité
Un dispositif impressionnant de 500 policiers quadrillant la banlieue comme le coeur de Chisinau, à pied comme en voiture, durant les deux jours de présence du souverain. Police d’État, sécurité privée, armée… À se demander si certains hommes postés en bord de route n’étaient pas des figurants. Quoi qu’il en soit, une organisation parfaitement au cordeau et des timings répétés à la seconde. Ajouter à cela des interlocuteurs francophones dans le protocole moldave pour, au final, un séjour sans le moindre accroc. Un dispositif si professionnel qu’au jour du départ du souverain (vendredi dernier), Chisinau accueillait également pour deux jours une délégation de 200 Turcs. Pour mesurer l’ampleur de cette sécurité, il fallait en fait attendre la tombée de la nuit. Et découvrir une ville fantôme aux antipodes du capharnaüm journalier. Une cité où l’impression de couvre-feu et la pénombre n’ont d’équivalent européen qu’Erevan (Arménie), selon le globe-trotter Guillaume Rose, directeur du Tourisme à Monaco. Car à Chisinau plus qu’ailleurs, la nuit, les chats sont noirs. Hormis quelques grandes avenues ou façades de monuments historiques, la ville est presque intégralement plongée dans l’obscurité – la tempête de neige de fin avril ayant aussi fait tomber des lignes électriques. Un décorum anxiogène de prime abord, sauf qu’une patrouille de police occupe chaque rue du centreville! À la carte des noctambules: un échantillon très limité de bar à chichas, discothèque populaire ou night-club. Essentiellement le weekend. Le goût du partage et de la bonne ripaille n’en est pas moins ancré dans l’ADN des Moldaves, dont les repas essentiellement de viandes et de produits de la terre mêlent parfois des saveurs asiatiques. Équilibre et plutôt bon. Tellement désireuses de séduire des investisseurs monégasques, les autorités moldaves en ont en revanche parfois trop fait. L’histoire virant au conte. Ce fut le cas dans les anciennes mines de Cricovia, surplombées de vignes et reconverties en lieu de production d’un vin mousseux – sorte de Lambrusco – local. Une boisson honnête… Ce qui était moins le cas du guide du musée niché dans les 120 kilomètres de galeries souterraines. L’audacieux dévoilant avec fierté des casiers emplis de milliers et milliers de bouteilles sans étiquettes, armoiries ou entretien, et osant les qualifier de Châteauneuf-du-Pape de 1940 et autres Franta 1 936… Personne d’être dupe, sans que cet excès n’efface l’excellent souvenir de ce voyage en terre plus si inconnue.