Monaco-Matin

Monaco comme à la maison en Europe de l’Est

De Bratislava, en Slovaquie, à Chisinau, en Moldavie, les hôtes du prince Albert II n’ont pas lésiné sur l’accueil dans l’espoir d’établir une relation de confiance « aux bénéfices mutuels». Mention spéciale aux Moldaves

- A Bratislava (Slovaquie) et Chisinau (Moldavie), Thomas MICHEL tmichel@nicematin.fr Photos : T.M., Gaetan Luci et Eric Mathon / Palais princier

De la visite officielle du prince Albert II en Slovaquie et en Moldavie, la semaine dernière, resteront des accords bilatéraux en matière économique ou environnem­entale, des opportunit­és de marchés pour les sociétés monégasque­s venues sous le pavillon du Monaco Economic Board, mais surtout : l’hospitalit­é de deux peuples. Un accueil d’autant plus remarquabl­e en Moldavie où le marasme sociétal reste d’actualité. C’est pourtant là, à Chisinau, que la réception de la délégation monégasque aura été la plus fastueuse. Non pas au sens des dépenses, du bling-bling, mais en terme de moyens et d’investisse­ments humains. «Nous avons le sens du travail», rappellero­nt souvent à la tribune les officiels du pays. Indéniable! Ajoutons même la rigueur du travail. Dès l’atterrissa­ge, la sécurité était omniprésen­te du tarmac de l’aéroport au Tupolev Tu-134 exposé à son entrée. Une force statique tout aussi efficace en mouvement. Les équipes du souverain et du MEB peuvent en témoigner. La salle d’embarqueme­nt, aux airs de capsule temporelle avec son téléphone et mobilier des années 60, derrière eux, les deux convois ont joui d’une escorte des plus impression­nantes.

Excès de générosité

Un dispositif impression­nant de 500 policiers quadrillan­t la banlieue comme le coeur de Chisinau, à pied comme en voiture, durant les deux jours de présence du souverain. Police d’État, sécurité privée, armée… À se demander si certains hommes postés en bord de route n’étaient pas des figurants. Quoi qu’il en soit, une organisati­on parfaiteme­nt au cordeau et des timings répétés à la seconde. Ajouter à cela des interlocut­eurs francophon­es dans le protocole moldave pour, au final, un séjour sans le moindre accroc. Un dispositif si profession­nel qu’au jour du départ du souverain (vendredi dernier), Chisinau accueillai­t également pour deux jours une délégation de 200 Turcs. Pour mesurer l’ampleur de cette sécurité, il fallait en fait attendre la tombée de la nuit. Et découvrir une ville fantôme aux antipodes du capharnaüm journalier. Une cité où l’impression de couvre-feu et la pénombre n’ont d’équivalent européen qu’Erevan (Arménie), selon le globe-trotter Guillaume Rose, directeur du Tourisme à Monaco. Car à Chisinau plus qu’ailleurs, la nuit, les chats sont noirs. Hormis quelques grandes avenues ou façades de monuments historique­s, la ville est presque intégralem­ent plongée dans l’obscurité – la tempête de neige de fin avril ayant aussi fait tomber des lignes électrique­s. Un décorum anxiogène de prime abord, sauf qu’une patrouille de police occupe chaque rue du centrevill­e! À la carte des noctambule­s: un échantillo­n très limité de bar à chichas, discothèqu­e populaire ou night-club. Essentiell­ement le weekend. Le goût du partage et de la bonne ripaille n’en est pas moins ancré dans l’ADN des Moldaves, dont les repas essentiell­ement de viandes et de produits de la terre mêlent parfois des saveurs asiatiques. Équilibre et plutôt bon. Tellement désireuses de séduire des investisse­urs monégasque­s, les autorités moldaves en ont en revanche parfois trop fait. L’histoire virant au conte. Ce fut le cas dans les anciennes mines de Cricovia, surplombée­s de vignes et reconverti­es en lieu de production d’un vin mousseux – sorte de Lambrusco – local. Une boisson honnête… Ce qui était moins le cas du guide du musée niché dans les 120 kilomètres de galeries souterrain­es. L’audacieux dévoilant avec fierté des casiers emplis de milliers et milliers de bouteilles sans étiquettes, armoiries ou entretien, et osant les qualifier de Châteauneu­f-du-Pape de 1940 et autres Franta 1 936… Personne d’être dupe, sans que cet excès n’efface l’excellent souvenir de ce voyage en terre plus si inconnue.

 ??  ?? À Bratislava, la délégation du Monaco Economic Board a été invitée à dîner au restaurant « Hrad », offrant un magnifique panorama sur ce « faubourg de Vienne ».
À Bratislava, la délégation du Monaco Economic Board a été invitée à dîner au restaurant « Hrad », offrant un magnifique panorama sur ce « faubourg de Vienne ».
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La semaine dernière, la façade du château de Bratislava était tour à tour aux couleurs de la Principaut­é et de l’Europe.
 ??  ?? Le souverain a parcouru une partie d’une bluff(!)ante cave à vins de Cricovia, en banlieue de la capitale Chisinau.
Le souverain a parcouru une partie d’une bluff(!)ante cave à vins de Cricovia, en banlieue de la capitale Chisinau.
 ??  ?? Dès son arrivée en Moldavie mercredi, la délégation du Monaco Economic Board a été conviée à partager un repas traditionn­el. Un moment d’échanges volontaire­ment écourté par les hôtes pour permettre aux Monégasque­s de suivre le match contre la Juventus.
Dès son arrivée en Moldavie mercredi, la délégation du Monaco Economic Board a été conviée à partager un repas traditionn­el. Un moment d’échanges volontaire­ment écourté par les hôtes pour permettre aux Monégasque­s de suivre le match contre la Juventus.
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Le prince Albert a également parlé sport, en Moldavie, avec les U du FC Zimbru Chisinau.
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Le souverain a reçu le Titre de Docteur Honoris Causa de l’Université d’État de Moldavie, par le recteur Gheorghe Ciocanu, avant de répondre aux questions d’étudiants sur l’environnem­ent.
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«Chlieb a sol». Du pain avec du sel. En Slovaquie (voir photo), comme en Moldavie, la tradition slave voulait que le prince Albert rompe un morceau de pain et le plonge dans le sel, avant de le déguster en signe de bienvenue.

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