Triomphe des Mai, dont Juliette est la jeune reine
Le plus emblématique des festins niçois a pu enfin se dérouler hier, dans les jardins de Cimiez, envahis par une foule d’amoureux des traditions locales. Que la jeunesse reprend…
Dimanche dernier, annulation pour cause de terrain détrempé. Hier, il n’y a pas eu de mais… Non mais ! Et on a viré les Mai. Joliment. Joyeusement. En tournant, vrillant, valsant au coeur de ce festin, hymne au retour des beaux jours dans les jardins de Cimiez. Une fête populaire comme on les aime. Avec un monde hallucinant, venu dès le matin, planter le décor de la plus emblématique fiesta nissarde. Partout des familles au grand complet jusqu’aux chiens, armées de couvertures, tables, chaises, glacières, pique-niques, ballons, jeux. Évidemment, dans les paniers, il y avait de quoi se lester l’estomac de pans-bagnats, farcis, beignets… Mais sous les oliviers de Cimiez, les petites baraques proposant leurs spécialités locales, dont l’incontournable socca fumante, ont eu leur part de succès. Au même titre que le vendeur de cougourdons évidés et illuminés, les associations défendant le Comté, la chapelière, le maquettiste, etc. Un menu bigarré, enjoué et typique, complété par les prestations des groupes folkloriques Nice la Belle et La Ciamada nissarda, de nombreux concerts et balèti, des démonstrations de pilou et vielle à roue, des one man shows et pièces de théâtre, des numéros de marionnettes et ventriloquie, un stand de fabrication de galets, des structures gonflables… Et cette ambiance sera dupliquée à l’identique les 14 et 21 mai, avec la complicité de la Ville de Nice et de Lou CAT (collectif des arts traditionnels). Mais tous attendaient le clou de l’après-midi. L’élection de la reine des Mai 2017, organisée par Nissart Per Tougiou, en partenariat avec la municipalité et Lou CAT. La 4e élection, remise au goût du jour par Jean-François Marro et son équipe: «On n’élit pas une reine de beauté, mais une jeune fille qui doit représenter la culture niçoise par les valeurs qu’elle véhicule.»
À chacune son prisme
Arrivent les prétendantes au titre, costumées, escortées d’une parade conduite par Sylvain Casagrande, «abbat-mage», autrement dit présentateur aboyeur. Les 5 candidates ont la fraîcheur de la jeunesse et un amour pour Nice qui fait plaisir à voir et à entendre. Chacune espère donner la plus belle image de la saveur du terroir. Axelle Polido, 16 ans, interprète une saynète en niçois. Juliette Clérissi, 16 ans, occupe l’estrade par des danses traditionnelles enlevées. Jhanelle Chavanel, 17 ans, improvise différents personnages. Andréa Labrunie, 16 ans, présente un panier rempli de pan-bagnats, pissaladières, mains de Nice qu’elle a confectionnés. Noémie Elouard, 16 ans, donne elle aussi dans le théâtre avec sa grand-mère. Il faut choisir celle qui va succéder à Eléa Monteverdo. Le jury, composé de Jean-Luc Gag, conseiller municipal, Jean-François Marro, Denis Bensa et Elisabeth Bondanelli, auteurs, Serge Chiaramonti, président de la fédération des associations du Comté de Nice, se retire pour délibérer. Quelques minutes plus tard, le verdict tombe : Juliette, sirène des airs bondissante devient la reine des Mai. Son papa, Christophe, célèbre poissonnier de La Buffa, fier comme Artaban, exulte. C’est à lui que la brunette doit son beau visage. Deux dauphines l’accompagnent : Axelle et Jhanelle. Un petit regret pour Andréa, la cuisinière. Pour qui nous avions un penchant. Parce qu’elle a construit sa nissardité avec motivation et volonté. À la fois auvergnate et vénézuélienne, elle prouve qu’on peut être niçois juste par passion du cru et adhésion à l’identité, propices à une intégration authentique.