Monaco-Matin

Décret plage: la profession demande sa suspension

La seconde convention nationale des plagistes s’est tenue, hier, à Juan-les-Pins au Palais des congrès. Vent debout contre le texte, les profession­nels placent leur espoir dans le futur gouverneme­nt

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Un vent d’espoir. Une brise de déterminat­ion. Un mistral de conviction. Réunis, hier, au Palais des congrès de Juan-lesPins pour la seconde convention nationale des plagistes, les profession­nels du secteur du tourisme ont abordé « le » point sensible durant toute la matinée. Le fameux Décret plage. Ce texte les oblige à démolir leurs établissem­ents de plage et à se plier aux nouvelles normes établies par l’État. S’ils acceptent de se soumettre à « la loi », ils refusent de voir leurs spécificit­és locales ignorées. Parce que s’ils font tous le même métier, tous ne vivent pas la même réalité au quotidien. Clientèle, flux touristiqu­e, territoire, identité, histoire… Autant de singularit­és que de secteurs. Si pour l’instant les situations au cas par cas diffèrent et ne peuvent se ressembler, une chose est entérinée: leur union pour faire front et demander la suspension du texte. Marseille, La Baule, Antibes, Cannes, Corse: même combat. Enfilé par-dessus les chemises et cravates. Le T-shirt noir porte la douleur des profession­nels du tourisme : « Sauvons nos plages, nos emplois » Le message était clair, hier matin, devant le Palais des congrès de Juan-les-Pins. Réunis pour la seconde convention nationale des plagistes (1), les acteurs du secteur ont lancé leur bouteille à la mer. La même qui, l’an passé (2), s’est échouée sur une dune de silence. Après n’avoir pas eu de réponse des autorités à leur demande d’amendement du Décret plage, les pros sont bien décidés à se faire entendre. Puisque, comme le rappelle Jean-Pierre Savarino, président CCI Nice Côte d’Azur, l’applicatio­n du texte en l’état impacterai­t « 1 500 emplois entre Saint-Tropez et Menton ». Et oblige les premiers établissem­ents de plage – notamment la zone Ouest dite « artificiel­le » allant de Golfe-Juan à Juan-les-Pins – à être détruits à la fin de l’été.

« Soit il est amendable, soit le décret est abrogé ! »

Face à l’urgence et au vrombissem­ent des bulldozers, les chefs d’entreprise montent au créneau. Ce qu’ils souhaitent? Du temps, d’abord, comme l’explique Thierry Gregoire, président UMIH saisonnier­s : «Un décret est plus simple à suspendre que de faire une nouvelle loi. Nous demandons donc une suspension du Décret plage. Ensuite, une cartograph­ie doit être réalisée pour connaître les amendement­s à faire. Soit le décret est amendable, soit il est abrogé ! » Dans la balance : notamment la durée des concession­s, la surface et la période d’ouverture. De nouvelles contrainte­s que Michel Chevillon, président UMIH Cannes Hôteliers, a déjà pu évoquer avec Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie : « Il m’a écrit un courrier en 2016, dans lequel il notait qu’il ne manquerait pas de tenir compte de mes observatio­ns. C’est écrit ! » L’écrit, justement. À la veille du scrutin législatif, les profession­nels interpelle­nt les candidats à l’Assemblée nationale : «Il faut qu’ils s’engagent à porter le dossier. » Portés par le changement politique, ils en appellent également au futur gouverneme­nt. Et signent une lettre ouverte pour défendre leur position. Celle qu’ils s’apprêtent à entériner avec un nouveau rendez-vous, décidé dans la fougue de la rencontre : les plagistes profiteron­t du rayonnemen­t du Festival internatio­nal du film pour mettre leur grain de sable sur le tapis rouge… Action ! 1. Organisé par l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie. 2. La première a eu lieu à Cannes.

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Le T-shirt noir porte la douleur des profession­nels du tourisme : « Sauvons nos plages, nos emplois ».

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