Monaco-Matin

Assassinat à Mougins: « C’était lui ou moi »

Christophe­r Bergia, un jardinier Mougins en 2014, affirme avoir cannois accusé d’avoir tué puis brûlé Bilel Ben Chalal à agi par peur pour sa vie à cause d’une dette de 2000

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Au deuxième jour du procès de Christophe­r Bergia, un jardinier cannois de 28 ans accusé d’assassinat, la cour d’assises subit le défilé exaspérant « des témoins amnésiques », comme les appelle le président Patrick Veron. Il y a d’abord la mère et le frère de l’accusé, poursuivis pour avoir effacé les preuves du crime. Mais ils ne sont pas seuls à avoir des souvenirs lacunaires, à répéter des « Je ne sais pas »,« Je ne sais plus ». Les amis de Bilel Ben Chalal, poignardé puis brûlé dans le coffre de sa voiture à Mougins, finissent par salir le défunt tant leurs mensonges sont criants. Heureuseme­nt, Sarah, l’une des soeurs de Bilel Ben Chalal, évoque avec dignité et émotion ce frère qu’elle chérissait : « Rien n’excuse qu’il finisse brûlé dans une voiture. Certes il avait des défauts, mais c’était un bon garçon. » Sur le banc des parties civiles, une mère essuie discrèteme­nt ses larmes. Julie, compagne de Bilel Ben Chalal, avec lequel elle a eu une petite fille, a détaillé un peu plus tôt les différents emplois qu’il a occupés. «On le présente comme un dealer, alors forcément, certains prétendent que les fiches de paie trouvées sur lui sont des faux », s’indigne Me Philippe Armani, avocat de la partie civile, très actif depuis l’ouverture des débats.

Méthode marseillai­se

Christophe­r Bergia était-il le client terrorisé d’un dealer ou un homme sans scrupule utilisant une méthode radicale pour ne pas Mes Mancel, Delanchy et Junginger plaideront en défense pour la famille Bergia vendredi.

s’acquitter d’une dette de 2000 ? L’avocat général Parvine Derivery, qui représente les intérêts de la société, ne semble pas avoir tranché la question. Christophe­r Bergia n’a pas le profil du tueur froid et sanguinair­e. Pas plus que Bilel Ben Chalal n’a la carrure du dealer profession­nel. Leur funeste rencontre, à la manière des règlements de compte marseillai­s, a brouillé la lecture de cette affaire. Ben Chalal, poignardé à treize reprises, a

été retrouvé calciné par les pompiers chemin des Primevères à Mougins dans la nuit du 6 au 7 janvier 2014. Ce crime évoquait le mode opératoire des trafiquant­s de drogue marseillai­s. L’objectif est double : effacer les preuves tout en impression­nant ses rivaux. Christophe­r Bergia, acculé, voulaitil avertir l’entourage de Bilel qu’il fallait éviter de lui chercher querelle ? Bilel Ben Chalal courait après Christophe­r Bergia depuis quelques semaines. Le premier reprochait au second d’avoir prélevé 340 g sur un kilo d’herbe de cannabis. Ben Chalal s’énervait de ne pouvoir récupérer son argent.

« Si je payais c’était l’engrenage »

Christophe­r Bergia soutient qu’il s’agissait d’un racket : « Je ne lui devais rien. Si je payais, c’était l’engrenage » , explique-t-il à la cour et aux jurés « Alors pourquoi avoir conduit Bilel devant le domicile de votre mère ? N’était-ce pas la mettre en danger », interroge l’avocat général qui a du mal à comprendre la logique de l’accusé. « L’échange de SMS précédant le drame entre vous et M. Ben Chalal n’est pas d’une violence folle », remarque le président Veron : « Il vous appelle mon poto. » L’accusé serait allé chez sa mère pour, soi-disant, prendre de l’argent. Il serait revenu avec un large couteau de cuisine pour assassiner son créancier. « Je n’ai jamais eu d’arme, proteste l’accusé. D’accord, je n’ai pas fait de grandes écoles mais je ne suis pas fou. Je ne pense pas à assassiner des gens devant chez ma mère !» Selon sa version, c’est Ben Chalal qui aurait sorti du vide-poches de la Twingo un couteau . « C’était lui ou moi », répète Christophe­r Bergia. Problème : le modèle du couteau est en tous points identique à ceux que possède sa mère.

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(Photo Christophe Perrin)

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