Mandelieu: le magnétiseur avait les mains baladeuses
Un quinquagénaire s’était hasardé sur le clitoris d’une lycéenne, dans son cabinet à La Napoule. Le tribunal correctionnel de Grasse l’a condamné à du sursis avec mise à l’épreuve
Je sais que tu es très coincée au niveau du vagin. Le sexe, c’est la base dans la vie. Il faut que je te pratique un massage des ovaires... » Étrange consultation que celle proposée par ce magnétiseur. Si peu orthodoxe que M. E., Marseillais de 54 ans, avait dans un premier temps été placé en garde à vue pour viol. Il a finalement été condamné pour agression sexuelle, mercredi, par le tribunal correctionnel de Grasse. Et ce, sous les yeux de sa jeune victime. La scène remonte au 16 octobre 2015. À l’époque, M. E. pratique depuis quatre ans l’activité de magnétiseur. Un « don » qu’il assure avoir hérité de son père. Chez lui, il a dédié une pièce à son « art », au centre de laquelle trône une table d’examen. Luimême se présente à ses patients vêtu de blanc de la tête aux pieds. C’est une bonne amie qui le recommande à Jessica 18 ans. Cette lycéenne complexée, qui habite la région grassoise, est alors en proie à divers problèmes avec sa famille et son petit ami. Elle se rend en confiance chez le magnétiseur une première fois, puis deux, puis trois. Les premières consultations sont plutôt concluantes. C’est à la troisième que tout dérape.
« Chakra racine » et gestes déplacés
M. E. demande à la jeune fille de se dévêtir, afin de poursuivre plus avant son imposition des mains. Ses mains vagabondent alors vers la culotte de Jessica, puis en dessous, « pour lui masser le clitoris ». « Il fallait que je m’attaque à son “chakra racine” », justifiera l’intéressé face aux enquêteurs. Mais le quinquagénaire ne s’arrête pas là. Prétextant être gêné pour atteindre le plexus solaire, il demande à Jessica d’ôter son soutiengorge. Il lui aurait alors caressé la poitrine, puis aurait sorti son sexe et demandé à la jeune femme de le masturber. Sur ce point, l’intéressé conteste le récit de la victime. La séance, en tout cas, a pris fin là. M. E. a incité Jessica à la discrétion - « ça reste entre nous... » Raté. Alertés, les gendarmes viennent l’interpeller. Un an et demi plus tard, le voilà à nouveau confronté à sa patiente. Au tribunal, cette fois. Avec cran, Jessica raconte à la barre le traitement très spécial que lui a administré ce magnétiseur. Le prévenu, lui, assure avoir agi pour son bien, en utilisant une technique à laquelle il n’avait jusqu’alors jamais recouru. « Pourquoi alors l’avoir pratiquée là? », feint de s’étonner le président Marc Joando. « Je pensais bien faire... », plaide M. E. Le magnétiseur avait-il conscience d’outrepasser sa fonction ? Réalisait-il que demander l’accord de la jeune fille relevait du préalable essentiel? Son défenseur Me Sylvain Pont s’interroge. Il assure que d’autres clientes s’étaient déclarées satisfaites. Quant aux compétences de son client pour exercer une telle activité, il ironise: « On n’a jamais demandé ses diplômes à Jésus quand il a guéri des malades ! » La justice des hommes, elle, n’absout guère de ses pêchés. Le tribunal inflige à M. E. 18 mois de prison avec sursis-mise à l’épreuve pendant deux ans, comme le réclamait le parquet. Il le condamne en outre à verser à sa victime 5 000 euros, et fait inscrire son nom au fichier des auteurs d’infractions sexuelles. 1. Son prénom a été modifié.