Monaco-Matin

Pourquoi elle a choisi Macron

Alexandra Valetta-Ardisson est la candidate de La République en marche dans la 4e circonscri­ption, qu’elle juge «gagnable». Cette Grassoise, ex-LR, se lance avec enthousias­me dans la campagne

- PROPOS RECUEILLIS PAR ARNAULT COHEN acohen@nicematin.fr

Emmanuel Macron a promis un renouvelle­ment des têtes à l’Assemblée nationale. Les électeurs de la 4e circonscri­ption seront servis. Ce n’est pas que la candidate de La République en marche soit novice en politique – elle baigne dans le RPR, l’UMP et Les Républicai­ns depuis un quart de siècle. Non. Mais elle est totalement inconnue dans le Mentonnais. Alexandra Valetta-Ardisson, presque 41 ans, est une pétillante ex-élue grassoise, résidente à Saint-Vallier, qui a claqué la porte de la mairie et des Républicai­ns en mars pour s’engager derrière Emmanuel Macron. Jeudi, la jeune femme a découvert qu’elle était investie dans la 4e circonscri­ption. «Elle est gagnable», estime-t-elle.

En deux mots, quel est votre parcours politique ? J’ai toujours été de droite : aux jeunes RPR, militante à l’UMP et aux Républicai­ns. Je suis de droite depuis vingt-cinq ans. La droite ancienne. J’ai été collaborat­rice de cabinet de Richard Gally, le maire de Mougins, collaborat­rice de cabinet et attachée parlementa­ire de Michèle Tabarot. En , on m’a proposé d’intégrer la liste Les Républicai­ns de Jérôme Viaud, le maire de Grasse. C’était mon premier mandat.

Et vous avez démissionn­é en mars dernier. Pourquoi avoir quitté votre famille politique ? Tout est parti d’une rencontre dans le cadre de mon activité profession­nelle. Je travaille au Sictiam qui s’occupe de l’aménagemen­t numérique du territoire. Je suis en charge de la constructi­on du réseau de fibre optique dans les communes azuréennes qui ne sont pas encore desservies. Dans ce cadre, j’ai eu la chance de rencontrer Emmanuel Macron à Paris, à plusieurs reprises, quand il était ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique. J’ai été surprise de constater qu’il était très à l’écoute, abordable. Je côtoie des élus depuis belle lurette, je sais quand ils font semblant de s’intéresser à la personne qu’ils ont en face. Lui, non. Même hors des caméras, il parle avec vous, vous écoute, pose des questions sur ce que vous avez dit, ne vous refourgue pas à un attaché ou un collaborat­eur. Je trouvais que ce gars était bien. J’ai été séduite.

Tout est parti de là ? Pas encore. En bon soldat, j’étais chez LR, je restais chez LR. Mais je trouvais extraordin­aire sa démarche consistant à demander à des comités locaux de faire remonter des propositio­ns pour bâtir un programme pour la France. Mais mon coeur restait à droite, et moi, fidèle à mon parti. Quel a été le déclic ? D’abord, la primaire de la droite et du centre. J’avais un problème personnel avec Fillon en tant que femme, s’agissant de sa position sur l’IVG. Quand François Fillon a gagné la primaire, j’ai su que je ne pourrais pas voter pour cet homme. Bon soldat toujours, je me suis dit que j’allais rester dans ma famille politique, et faire ce que je voulais dans l’isoloir. Et puis est sortie l’affaire Penelope. Et là, je me suis dit : il faut arrêter le délire. Arrêter de continuer à pousser quelqu’un qui mène le parti à sa perte. J’ai alors décidé de démissionn­er des Républicai­ns et de la mairie de Grasse, et d’appeler haut et fort à voter Macron. Quand avez-vous décidé de vous présenter aux législativ­es ? J’ai d’abord intégré le comité départemen­tal de soutien à Emmanuel Macron et j’ai participé à de nombreuses réunions publiques, actions de terrain, en particulie­r à l’ouest du départemen­t. Je n’ai pas souhaité, au départ, aller aux législativ­es. On est venu me chercher, et ensuite je me suis portée candidate. Pas une seconde je ne pensais que les choses prendraien­t de telles proportion­s quand j’ai démissionn­é de mon poste de conseillèr­e municipale à Grasse. Avez-vous demandé une circonscri­ption ? La e ou la e, dans le secteur grassois ? J’ai indiqué que ces deux circonscri­ptions étaient effectivem­ent celles que je connaissai­s le mieux. J’ai aussi précisé que si je pouvais être utile ailleurs, on pouvait compter sur moi. Quand avez-vous découverte­que vous étiez investie dans la  ? Hier (jeudi, NDLR). En cherchant la liste, comme tout le monde. Impression­née ? Je me suis dit : ça y est, il faut y aller et lui offrir une majorité à l’Assemblée nationale pour qu’il puisse appliquer son programme. Mais pourquoi la e circonscri­ption ? Un vrai parachutag­e… Ce n’est pas un hasard non plus. J’ai un attachemen­t familial ici. Par mon père. Les Valetta, en quittant le Piémont, se sont installés à Menton. Mon père a travaillé à la mairie de Cap-d’Ail, à l’hôpital de Gorbio. Mes parents étant divorcés, j’ai passé à Menton toutes mes vacances et tous mes week-ends. Je n’arrive pas en terrain totalement inconnu. Vos adversaire­s vont vous attaquer sur ce point… Quel est le rôle d’un député ? Il est à Paris pour voter des lois et il reste au contact de ses administré­s, pour les aider, appuyer leurs demandes. Il n’y a pas d’obligation à être issu de la circonscri­ption. Si je suis élue, je serai présente sur le terrain. À la base, le député est là pour concrétise­r le programme du Président. Et puis, si En Marche! a pensé que j’étais la plus à même de faire campagne et de battre le Front national, je suis prête.

Comment espérez-vous convaincre des électeurs qui ne vous connaissen­t pas ? En les convainqua­nt qu’il est nécessaire d’offrir à Emmanuel Macron une majorité à l’Assemblée nationale. Je suis certaine qu’il l’aura. Si les habitants de la circonscri­ption élisent un

Si M. Beck est un bon maire, qu’il y reste ”

Républicai­n ou un Front national, ce député ne leur servira à rien. Quand un député est dans l’opposition, il ne peut rien faire pour ses administré­s.

Comment comptez-vous peser face aux deux poids lourds de la e,LRetleFN?

Je n’en reviens toujours pas du score du FN à Menton, de l’absence de front républicai­n au second tour de la présidenti­elle… Ceci dit, ces deux poids lourds n’en sont plus. Les Républicai­ns sont en train d’exploser et le FN est victime de la prestation de Marine Le Pen dans son duel télévisé. Et puis les gens en ont marre des partis vieillissa­nts, de ces clivages anciens. Je trouve aussi que le parti LR n’est plus crédible. Regardez, ils ont changé le programme de Fillon qui était présenté comme le meilleur du monde. Je n’ai rien contre M. Beck, je ne le connais pas, mais si c’est un bon maire à Cap-d’Ail, qu’il y reste.

Vous pensez réellement être élue députée ? Emmanuel Macron a une réelle volonté de faire et de bien faire. Je ne suis pas dans le monde des Bisounours, je vous assure. Il a envie de trouver les bonnes solutions. On a quatre semaines pour montrer aux habitants de la circonscri­ption, dans le Mentonnais, le pays des Paillons et le littoral, que l’on peut faire de la politique différemme­nt. Leur dire que si demain M. Beck, M. Bettati ou n’importe qui d’autre au FN est élu, il sera député, certes, mais il ne servira à rien. À partir de lundi, je serai sur le terrain tous les jours pour rencontrer les habitants et les convaincre d’élire un député de la majorité présidenti­elle. Sinon quoi, Menton passera au FN aux prochaines municipale­s ? Je vais vous dire : je suis certaine qu’Emmanuel Macron aura une majorité à l’Assemblée nationale. Et moi, je veux montrer que la n’est pas le bastion du Front national dans les Alpes-Maritimes.

Montrer que la

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(Photo J.-F. Ottonello) « Macron aura une majorité à l’Assemblée. »
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