Monaco-Matin

Depeche Mode enflamme Nice et... Nikaïa

Avec leur grand-messe au stade Charles-Ehrmann, Dave Gahan et sa bande ont électrisé 20 000 fans et lancé la saison des grands concerts sur la Côte d’Azur

- Textes: Christophe CIRONE ccirone@nicematin.fr

Esprit, es-tu las? « Jamais! » ,répond Depeche Mode. Trentesix ans de carrière depuis leur premier tube, des dizaines de millions d’albums vendus – le petit dernier, l’excellent Spirit ,est encore tout chaud –, le monde parcouru en large et en travers: rien n’essouffle le phénomène Depeche Mode. Ni la foi de ses fans. Inimitable, inestimabl­e, inaltérabl­e - bref, indémodabl­e, le trio britanniqu­e a envoûté 20 000 fans transis, hier soir, à Nice. Un savoureux « retour vers le futur » électro-pop au stade Charles-Ehrmann de Nice. Premier concert de leur nouvelle tournée française. Et premier grand show de la saison à Nice, où la musique s’était soudain tue, un soir de juillet dernier. Le symbole est fort. Or les symboles, Depeche Mode en est friand. À l’image de ce sigle-hommage au Paris du 13-Novembre brandi, hier, au son du titre-étendard Enjoy the silence. Sexe, drogue, religion et rock’n’roll. Tel est le credo de ce groupe revenu de tout. Des critiques des débuts. Des départs de plusieurs membres. Des addictions passées de Dave Gahan, chanteur au charisme ravageur, grand manitou électro-goth-rock. Hier soir, les « Depeche » ont encore prouvé qu’ils n’avaient cure des modes. Et qu’à la cinquantai­ne bien tassée, ils trônent plus que jamais au firmament de la planète pop-rock.

Showman invétéré

Après Adam, Dave! Décidément, un beau gosse tatoué peut en cacher un autre. Voilà bientôt un an, le public niçois quittait le stade Charles-Ehrmann sur la frustratio­n Maroon 5 et la voix haut perchée d’Adam Levine. Hier, il l’a retrouvé au son intact de Depeche Mode et du timbre ténébreux de Dave Gahan. Or ce showman notoire n’a rien perdu de sa superbe. « À 55 ans, il envoie toujours autant! », s’exclame un fan en transe, sautant comme un cabri au milieu d’un noyau dur d’inconditio­nnels. T-shirt, écharpe, chope de bière et tatouages: Phil’ et Ambre, venus d’Aix-en-Provence, sont à la mode Depeche. « Depeche Mode nous unit », sourit le quadra, qui en est à son 46e concert. Le couple s’est connu lors de la tournée 2010. Il va se marier. Et son histoire d’amour avec le trio anglais de Basildon n’est pas près de s’éteindre. « Pour Depeche Mode, je suis prêt à tout. Même à enfiler le maillot de Balotelli! », s’esclaffe ce fan de l’OM.

Revolution .

Hier soir, à deux pas du centre d’entraîneme­nt du Gym, les dieux de l’arène sont bien des rockers. Tout en son et en sueur. Après The Raveonette­s en première partie, Depeche Mode donne d’ailleurs le coup d’envoi au son du Revolution des Beatles. Sacré clin d’oeil. Martin L. Gore, âme compositri­ce du trio, n’a-t-il pas confié un jour: « Mon rêve? C’était l’émotion de Neil Young ou John Lennon transmise via les synthétise­urs de Kraftwerk ». Qu’il semble loin, le temps où la critique chambrait les Depeche Mode, leur look de garçons coiffeurs et leurs synthés typés 80’s. Depuis, le trio Gahan-Gore-Fletcher a bien durci le son et gagné en profondeur. Comme un symbole, le Just Can’t Get Enough originel ne figure pas au menu niçois. Qu’à cela ne tienne ! Le programme est déjà copieux. Plus de vingt titres, combinant nouveaux morceaux qui sentent bon le Spirit et tubes intemporel­s aux accents new wave et synthpop. Avec un Personal Jesus délicieuse­ment antéchrist­ique au final.

Sans oublier Bowie

Ici, pas de geysers de confettis façon Coldplay. Ni d’OVNI-araignée à la U2. Mais même en configurat­ion demi-stade, le visuel n’est pas négligé. Depeche Mode sait soigner son look scénique. Entre vidéo-clips et écrans noir et blanc, le photograph­e hollandais Anton Corbijn continue d’imposer la marque du groupe. Sans esbrouffe ni grosses surprises. La musique d’abord. « La seule chose qu’on peut leur reprocher, c’est d’être un peu trop millimétré. A chaque tournée, c’est le même concert au mot près », pointe Ludivine Kaiser, Aixoise de 40 ans, en guise de petit bémol. Oui mais! Le millimétré, pour Dave Gahan, c’est cette voix experte, ces harangues rageuses, ces déhanchés impudiques qui font hurler de plaisir le public. Veste puis gilet à paillettes, poses lascives et ondulation­s du popotin : par son attitude comme par ses prouesses vocales, Dave, tous tatouages dehors, électrise ses fans comme à la première heure. Faisant oublier ces vagabondag­es du son, parfois soufflé par le vent de la plaine du Var. Au final, deux heures de live au gré d’une belle montée en puissance. Deux heures d’électro, de pop, de new wave qui regardent Backwards (« en arrière ») tout en lorgnant vers l’avenir. Celui de l’après-Bowie, auquel sera dédié un vibrant Heroes. Superbe hommage avant l’explosion de décibels finale. La marque des grands.

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 ?? (Photos Franck Fernandes) ?? Dave Gahan, grand manitou électro-poprock, électrise le public avec son timbre ragueur et ses déhanchés séducteurs.
(Photos Franck Fernandes) Dave Gahan, grand manitou électro-poprock, électrise le public avec son timbre ragueur et ses déhanchés séducteurs.
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